Publié par Sherry Cooper
Progression fulgurante de l’emploi au Canada en mars.
La croissance de l’emploi au Canada continue d’épater
Selon les résultats de l’Enquête sur la population active de mars 2021, qui viennent d’être publiés par Statistique Canada, l’emploi a augmenté beaucoup plus que prévu pour un deuxième mois consécutif. L’augmentation pourrait dépasser les 5,5 % pour le premier trimestre. L’enquête révèle les conditions du marché du travail la semaine du 14 au 20 mars, quand les restrictions sanitaires étaient moins contraignantes que le mois précédent dans plusieurs provinces.
L’emploi a bondi de 303 100 en mars, après le gain de 259 200 en février. Le taux de chômage a chuté à 7,5 %, le plus bas niveau depuis avant la pandémie. Cependant, il reste que de nombreux travailleurs découragés ne cherchent plus activement un emploi alors qu’ils préféreraient en avoir. Souvent, ce sont des mères qui ne peuvent pas payer ou trouver des services de garde de qualité ou qui doivent aider les enfants faisant l’école à distance.
Le taux d’emploi – le pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus qui est en emploi – a augmenté de 0,9 point de pourcentage pour atteindre 60,3 %, ce qui reste 1,5 point de pourcentage sous le taux de février 2020.
Les hausses de l’emploi observées en mars sont réparties dans la plupart des provinces, les augmentations les plus marquées ayant été enregistrées en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique et au Québec. Une bonne part de la croissance de l’emploi est attribuable à la reprise soutenue observée dans les secteurs – comme le commerce de détail et les services d’hébergement et de restauration – où l’emploi avait chuté en janvier en raison des restrictions de santé publique. Les augmentations de l’emploi enregistrées dans les soins de santé et l’assistance sociale, dans les services d’enseignement ainsi que dans la construction ont aussi contribué à la croissance nationale en mars.
La pandémie de COVID-19 continue d’avoir des répercussions sur le marché du travail. Comparativement à février 2020, on comptait 296 000 (-1,5 %) personnes en emploi de moins en mars 2021, et 247 000 (+30,4 %) personnes de plus ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles. Le nombre de travailleurs touchés par la crise économique liée à la COVID-19 a atteint un sommet de 5,5 millions en avril 2020. Il y a eu une baisse de l’emploi de 3,0 millions ainsi qu’une augmentation de 2,5 millions des absences du travail en raison de la COVID-19.
Parmi les travailleurs qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles en mars, le nombre de personnes qui ont travaillé à un endroit autre que leur domicile a progressé d’environ 600 000 pour un deuxième mois consécutif. Cette hausse coïncide avec l’assouplissement des restrictions de santé publique dans l’ensemble du pays.
Bien que le nombre de Canadiens travaillant à partir de leur domicile ait reculé de 200 000 en mars, le travail à domicile demeure une importante mesure d’adaptation en réponse à la pandémie de COVID-19. Parmi les 5,0 millions de Canadiens travaillant à domicile en mars 2021, plus de la moitié (2,9 millions) le faisait sur une base temporaire en réponse à la COVID-19.
Le total des heures travaillées a augmenté de 2,0 % en mars, en raison des hausses enregistrées dans plusieurs secteurs, y compris les services d’enseignement, le commerce de détail et la construction. Cette croissance, poursuivant la constante tendance à la hausse observée depuis avril 2020, a porté le total des heures travaillées à 1,2 % près du niveau de février 2020. Les heures travaillées par les travailleurs autonomes ont continué d’être bien inférieures (-7,7 %) aux niveaux de février 2020, tandis que les heures travaillées par les employés sont revenues aux niveaux prépandémiques.
Le taux de chômage diminue pour s’établir à son plus bas niveau depuis le début de la pandémie
Le taux de chômage a reculé pour un deuxième mois consécutif, en baisse de 0,7 point de pourcentage pour s’établir à 7,5 % en mars, ce qui représente le taux le plus faible depuis février 2020. Cela rend compte de la forte croissance de l’emploi, qui a dépassé le nombre de personnes entrant sur le marché du travail.
Le nombre de chômeurs a diminué de 148 000 (-8,9 %) en mars, et la majorité (59,0 %) des personnes qui sont sorties du chômage ont commencé un emploi. Malgré les fortes diminutions observées en février et en mars, le nombre de chômeurs était de 1,5 million, soit 371 000 (+32,4 %) de plus qu’en février 2020.
Le nombre de chômeurs de longue durée – les personnes qui cherchent du travail ou qui ont été mises à pied temporairement depuis 27 semaines ou plus – est demeuré stable en mars. On comptait 286 000 (+159,5 %) chômeurs de longue durée de plus qu’en février 2020. Ces personnes pourraient être touchées de façon irréversible par la pandémie, et il pourrait leur être utile de recevoir de la formation professionnelle.
En somme
Le rapport sur l’emploi de vendredi a créé une bonne surprise, mais il reste des raisons de s’inquiéter. La reprise est inégale, et le confinement pour la troisième vague touche durement l’économie. Comme le virus devient plus contagieux et mortel, la reprise économique reste fragile, d’autant que la vaccination progresse très lentement. Ainsi, ce nouveau rapport sur l’emploi revêt une importance réduite pour la Banque du Canada, même s’il est l’ultime rapport avant que la banque centrale ne rajuste sa politique en avril. La Banque du Canada tiendra sans doute compte du risque croissant que pose la contagion pour la reprise économique.
Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau présentera son budget 2021 le 19 avril, et il a déjà promis de nouvelles dépenses. La Banque du Canada révisera sa politique le 21 avril. Elle maintiendra le taux à un jour à 25 points de base, et elle évitera de réduire l’assouplissement quantitatif.