Publié par Sherry Cooper
Une forte baisse des taux d’intérêt reste possible vu les faibles gains dans l’emploi au Canada en octobre.
Une forte baisse des taux d’intérêt reste possible en décembre vu les données décevantes sur l’emploi en octobre
Statistique Canada a publié aujourd’hui ses données sur l’emploi en octobre. Les données révèlent un net ralentissement de la croissance de l’emploi, confirmant la faiblesse persistante du marché du travail qui avait incité à réduire fortement le taux d’intérêt le mois dernier. Statistique Canada dit que le pays a ajouté 14 500 emplois en octobre. La prévision médiane d’économistes sondés par Bloomberg s’établissait à 27 200. Le gain réalisé en octobre est le plus modeste de l’année, loin sous le gain mensuel moyen d’environ 40 000 emplois. Le taux de chômage est resté à 6,5 %, soit mieux que les 6,6 % qui étaient prévus.
Le rapport de vendredi sur l’emploi révèle une économie qui continue de créer des emplois mais qui pourrait en créer davantage. La Banque du Canada avait invoqué l’affaiblissement du marché de l’emploi pour accélérer la réduction du coût des emprunts le mois passé. Certains acteurs du marché entrevoient la possibilité d’une nouvelle baisse de 50 points de base du taux directeur lors de l’ultime décision de l’année, le 11 décembre. Les marchés de swaps escomptent une probabilité proche de 50 % d’une réduction de 50 pb.
Le taux d’activité a baissé légèrement, pour une quatrième fois depuis mai. Il est à 64,8 %, son plus bas niveau depuis décembre 1997 (hormis la période de la pandémie de Covid-19). La baisse constatée au cours de la dernière année est surtout attribuable au moindre nombre d’étudiants à la recherche de travail.
Le taux d’emploi – la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui occupe un emploi – a diminué de 0,1 point de pourcentage pour s’établir à 60,6 % en octobre, en baisse pour un sixième mois consécutif. Le taux d’emploi a reculé de 1,3 point de pourcentage par rapport à un an plus tôt et il suit une tendance à la baisse depuis le récent sommet de 62,4 % enregistré en février 2023. Le vieillissement de la population active entraîne une hausse des départs à la retraite qui a aussi réduit le taux d’emploi.
Le nombre d’employés dans le secteur privé a peu varié en octobre, après avoir affiché une hausse sur deux mois totalisant 99 000 (+0,7 %) en août et en septembre. L’emploi dans le secteur public et le travail autonome étaient tous deux pratiquement inchangés en octobre.
En octobre, l’emploi dans le secteur des services aux entreprises, des services relatifs aux bâtiments et des autres services de soutien a augmenté de 29 000 (+4,2 %), en hausse pour la première fois depuis mai. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans ce secteur – qui comprend les établissements dont l’activité principale est le soutien aux activités quotidiennes d’organisations, allant de la gestion des déchets aux services administratifs – était en hausse de 33 000 (+4,8 %).
Dans le secteur de la finance, des assurances, des services immobiliers et des services de location et de location à bail, l’emploi a diminué de 13 000 (-0,9 %) en octobre. Malgré la baisse observée au cours du mois, l’emploi dans ce secteur était en hausse de 50 000 (+3,6 %) par rapport à un an plus tôt, ce qui a dépassé la croissance de l’emploi enregistrée dans l’ensemble des secteurs (+1,5 %).
L’emploi dans le secteur des administrations publiques a diminué de 8700 (-0,7 %) en octobre, après avoir peu varié pendant deux mois consécutifs en août et en septembre. Auparavant, l’emploi dans les administrations publiques avait suivi une forte tendance à la hausse d’août 2023 à juillet 2024; il a progressé de 65 000 (+5,5 %) au cours de cette période.
L’emploi en Alberta a augmenté de 13 000 (+0,5 %) en octobre, en hausse pour une deuxième fois en trois mois. Le taux de chômage, qui s’est établi à 7,3 %, a peu varié au cours du mois, mais il était en hausse de 1,4 point de pourcentage par rapport à octobre 2023. Au cours de la même période, le taux d’emploi en Alberta a diminué de 1,6 point de pourcentage pour s’établir à 63,7 %, la croissance de l’emploi (+2,3 %; +58 000) ayant été plus faible que la croissance de la population âgée de 15 ans et plus dans l’Enquête sur la population active (EPA) (+4,8 %).
L’emploi a aussi progressé au Nouveau-Brunswick en octobre (+3300; +0,8 %), et le taux de chômage a peu varié, à 6,8 %. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans la province était en hausse de 3,1 % (+12 000).
Le nombre de personnes en emploi a diminué à l’Île-du-Prince-Édouard en octobre (-1100; -1,2 %). La baisse de l’emploi, combinée avec une hausse du nombre de personnes de l’Île-du-Prince-Édouard à la recherche de travail, a entraîné une hausse de 2,9 points de pourcentage du taux de chômage dans la province; celui-ci a atteint 10,0 %.
Tant le Québec que l’Ontario ont affiché peu de variation de l’emploi global en octobre. Le taux de chômage est demeuré stable au Québec (5,7 %) et en Ontario (6,8 %) en octobre.
Le taux de chômage s’est maintenu à 6,5 % en octobre, après avoir diminué de 0,1 point de pourcentage en septembre. Par rapport à un an plus tôt, le taux de chômage était en hausse de 0,8 point de pourcentage en octobre, et le nombre de personnes cherchant du travail ou ayant été mises à pied temporairement a augmenté de 193 000 (+15,6 %).
La croissance des salaires des employés permanents a accéléré en octobre, atteignant 4,9 %, soit davantage que les 4,5 % du mois dernier et les 4,5 % que prévoyaient les économistes.
Il reste un rapport sur l’emploi à venir avant la décision du 11 décembre sur les taux d’intérêt. Les détails de l’enquête d’octobre sur la population active ne sont pas aussi faibles que nous ne le prévoyions. Il reste que la déception quant au total des emplois permettra à la Banque du Canada de continuer de réduire les taux d’intérêt, cherchant à revenir au plus vite à une politique plus neutre.
En somme
Les économistes sont partagés quant à savoir si la Banque du Canada réduira les taux d’intérêt de 25 points de base ou de 50 le 11 décembre. Les données d’octobre sur l’inflation, qui seront publiées le mardi 19 novembre, auront d’autant plus d’importance. On peut prévoir des données favorables, c’est-à-dire une faible inflation, quoique pas aussi faible que le taux annuel de 1,6 % affiché en septembre à la faveur de la chute des prix de l’essence. La politique monétaire reste excessivement restrictive, le taux directeur de 3,75 % étant largement supérieur au taux d’inflation. Nous prévoyons que le taux à un jour baissera à 2,5 % d’ici avril ou juin l’année prochaine. Voilà qui devrait continuer de stimuler l’activité dans le secteur de l’habitation, qui a fortement augmenté en octobre. Les données nationales sur l’habitation en octobre seront publiées vendredi prochain, 15 novembre.
Tout indique que l’activité immobilière augmentera nettement d’ici le printemps, voire bien plus tôt.