Publié par Sherry Cooper
L’inflation canadienne dépasse les attentes.
L’inflation canadienne ne semble pas s’essouffler
Une inflation de 6,8 % est une calamité. La Banque du Canada a de nouveau l’air impuissante, ayant prévu que l’inflation serait aujourd’hui au moins un point de pourcentage plus bas. Pis encore, il faut redouter une hausse de plus ce mois-ci, vu la flambée des prix de l’essence entre avril et mai.
Le rapport d’aujourd’hui souligne l’urgence à ce que les responsables des politiques suppriment rapidement les mesures de stimulation de l’économie. Il y aura sans doute une nouvelle augmentation de 50 points de base du taux directeur le 1er juin, puis de nouveau en juillet. Les marchés escomptent la possibilité d’un taux à un jour de 3 % d’ici la fin de l’année. Il est actuellement à 1 %.
En avril, les prix à la consommation au Canada ont augmenté de 6,8 % d’une année à l’autre, soit encore un peu plus qu’en mars (+6,7 %), malgré le ralentissement des hausses de l’essence. L’inflation d’avril est principalement attribuable aux prix de l’alimentation et du logement. Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 5,8 % d’une année à l’autre en avril, après les 5,5 % de mars. Il s’agit de l’augmentation la plus prononcée de l’agrégat spécial de l’IPC d’ensemble excluant l’essence depuis son introduction en 1999.
Depuis la fin février, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait grimper les prix de l’énergie, des produits de base et, tout particulièrement, des aliments.
La vigueur de l’économie canadienne a encore accru la pression inflationniste. Le taux de chômage a atteint un creux record. Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % d’une année à l’autre le mois dernier. Comme les prix augmentent plus vite que les salaires, les familles canadiennes voient leur pouvoir d’achat baisser.
En avril, les Canadiens ont payé 9,7 % de plus pour les aliments achetés en magasin, comparativement à avril 2021. L’augmentation, qui dépasse les 5 % pour un cinquième mois consécutif, est la plus marquée depuis septembre 1981.
Après avoir progressé de 6,8 % en mars, les frais de logement ont augmenté de 7,4 % d’une année à l’autre en avril. La majoration des prix des sources d’énergie qui servent à chauffer les maisons, comme le gaz naturel (+22,2 %) et le mazout et autres combustibles (+64,4 %), a contribué à la hausse.
Dans le contexte d’un marché de l’immobilier dynamique au Canada, le coût de remplacement par le propriétaire (+13,0 %) est lié aux prix des nouveaux logements et aux autres dépenses pour le logement en propriété (+17,2 %), qui comprennent les commissions liées à la vente de biens immobiliers. Tous deux ont augmenté en avril.
L’Indice du coût de l’intérêt hypothécaire (+0,2 %) a augmenté d’un mois à l’autre en avril pour la première fois depuis avril 2020.
Les prix du loyer ont augmenté en avril (+4,5 %) comparativement au même mois en 2021. La hausse des prix dans les provinces les plus peuplées du Canada, soit l’Ontario (+5,3 %), le Québec (+4,3 %) et la Colombie-Britannique (+6,4 %), est en partie à l’origine de l’augmentation des prix du loyer.
L’inflation mensuelle a ralenti en avril (0,6 %) par rapport à mars (1,4 %), mais la forte hausse de l’essence en mai laisse entrevoir une inflation restant élevée dans le rapport du moins prochain sur l’IPC.
En somme
Bloomberg News rapportait ce matin que la poussée de l’inflation a exposé la Banque du Canada à des critiques, certains politiciens accusant le gouverneur Macklem d’agir trop lentement. Sitôt les données sur l’inflation diffusées, le candidat à la chefferie du Parti conservateur Pierre Poilievre a publié une déclaration réitérant son intention de renvoyer Macklem s’il prenait le pouvoir.
Une pression s’exerce pour que les taux augmentent encore. Les banques centrales la ressentent dans le monde entier. Leurs mesures de resserrement ralentiront la demande, comme nous l’avons déjà vu dans les données de mars et avril sur l’immobilier au Canada. Elles ne régleront pas les problèmes de perturbation de l’offre qui sont la source d’une bonne part de la pression inflationniste.