Publié par Sherry Cooper
La Banque du Canada hausse de nouveau les taux de 50 points de base.
Nouvelle hausse majeure des taux, qui en annonce encore d’autres
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a de nouveau augmenté le taux directeur à un jour de 50 points de base d’un coup aujourd’hui. C’est la troisième hausse cette année. Les deux augmentations successives d’un demi-point sont un fait inédit, mais les réductions radicales du printemps 2020 l’étaient tout autant. De fait, alors que l’inflation a atteint 6,8 % au Canada en avril, la Banque du Canada reste en retard par rapport aux événements. Le graphique ci-dessous montre que l’inflation dépasse largement les prévisions de la Banque. Selon son communiqué d’aujourd’hui, elle estime maintenant que l’inflation a encore progressé en mai et pourrait bien continuer de le faire.
La déclaration de la Banque insiste : « Alors que les pressions généralisées sur les prix des intrants se répercutent sur les prix à la consommation, l’inflation continue de se propager. En effet, les mesures de l’inflation fondamentale se situent entre 3,2 et 5,1 %, et près de 70 % des catégories de l’IPC affichent maintenant une hausse de prix supérieure à 3 %. Le risque que l’inflation élevée s’enracine s’est accru. La Banque va utiliser ses outils de politique monétaire pour ramener l’inflation à la cible et garder les attentes d’inflation bien ancrées.
« La hausse de l’inflation à l’échelle du globe se produit au moment où l’économie mondiale ralentit. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, les confinements liés à la COVID-19 en Chine et la persistance des perturbations de l’offre sont tous des facteurs qui pèsent sur l’activité et accroissent l’inflation. La guerre a accentué l’incertitude et aggrave les pressions à la hausse qui s’exercent sur les prix de l’énergie et des produits agricoles. Cette situation assombrit les perspectives, surtout en Europe. Aux États-Unis, la demande intérieure du secteur privé demeure robuste, même si l’économie s’est contractée au premier trimestre de 2022. »
Selon la Banque : « Au Canada, l’activité économique est forte, et il est clair que l’économie est en situation de demande excédentaire. Les données des comptes nationaux pour le premier trimestre de 2022 montrent que le PIB a progressé de 3,1 %, ce qui cadre avec la projection de la Banque dans le Rapport sur la politique monétaire [RPM] d’avril. Le nombre de postes vacants est élevé, les entreprises font état de pénuries de main-d’œuvre généralisées, et la croissance des salaires s’est mise à augmenter et à s’étendre à plus de secteurs. L’activité sur le marché du logement se modère par rapport aux niveaux exceptionnellement élevés qu’elle avait atteints. Compte tenu des dépenses de consommation qui demeurent robustes au Canada et des exportations qui devraient se raffermir, on s’attend à une croissance solide au deuxième trimestre. »
En somme
La Banque du Canada ne pourrait pas s’exprimer plus clairement. Sa déclaration tire la conclusion suivante : « En raison de la demande excédentaire au sein de l’économie et de l’inflation qui se maintient bien au-dessus de la cible et qui devrait continuer à monter à court terme, le Conseil de direction juge encore que les taux d’intérêt vont devoir augmenter davantage. Le taux directeur demeure le principal instrument de politique monétaire de la Banque, et le resserrement quantitatif est utilisé comme outil complémentaire. Le rythme des hausses subséquentes du taux directeur sera guidé par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et de l’inflation, et le Conseil de direction est prêt à agir avec plus de force s’il le faut pour honorer son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 %. »
La Banque du Canada nous a dit que nous devrions nous attendre à une nouvelle hausse de 50 points de base lors de sa prochaine réunion, le 13 juillet. Il se pourrait même que ce soit 75 points de base, si l’inflation ne paraît pas se calmer. La Banque estime que le niveau neutre (non inflationniste) du taux à un jour est de 2 à 3 %. Les marchés escomptent un taux à un jour d’environ 3 % à la fin de l’année.
La dernière déclaration de la Banque était résolument tranchante. La banque centrale défend sa crédibilité et continuera certainement de resserrer décisivement la politique monétaire.