Publié par Sherry Cooper
L’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 2,2 % d’une année à l’autre en novembre, hausse identique à celle enregistrée en octobre..
Les bonnes nouvelles sur l’inflation inciteront la Banque du Canada à rester à l’écart
L’Indice des prix à la consommation (IPC) est resté stable en novembre, à 2,2 % sur un an, alors que l’inflation de base continuait de s’atténuer. L’accélération des prix des aliments et de certains autres biens a été compensée par un ralentissement des prix des services.
En novembre, les prix des services ont augmenté de 2,8 % d’une année à l’autre, comparativement à 3,2 % en octobre. Les prix des voyages organisés étaient en baisse de 8,2 % le mois dernier, après avoir été en hausse de 2,6 % en octobre. Sur une base mensuelle, ces prix ont reculé de 12,0 %, la diminution de la demande de voyages à destination des États-Unis ayant exercé une pression à la baisse sur l’indice.
Les prix de l’hébergement des voyageurs ont affiché une baisse plus marquée d’une année à l’autre en novembre (-6,9 %) qu’en octobre (-0,6 %). L’Ontario (-20,2 %) a contribué le plus à la diminution des prix, en partie attribuable à un effet de glissement annuel découlant d’une forte hausse observée en novembre 2024 (+11,0 %), qui coïncidait avec une série de concerts d’envergure à Toronto.
La diminution des prix des voyages organisés et de l’hébergement des voyageurs, de même que le ralentissement de la croissance des prix des loyers, a exercé une pression à la baisse sur l’IPC d’ensemble.
L’augmentation des prix des épiceries et la baisse moins marquée des prix de l’essence ont contrebalancé le ralentissement de la croissance des prix des services d’une année à l’autre. Sans l’essence, l’IPC a progressé de 2,6 % pour un troisième mois consécutif.
L’IPC s’est accru de 0,1 % d’un mois à l’autre en novembre. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC a augmenté de 0,2 %.
L’inflation des prix dans les épiceries est à son plus haut depuis la fin de 2023
Les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté de 4,7 % d’une année à l’autre en novembre après avoir progressé de 3,4 % en octobre. La croissance affichée en novembre est la plus forte depuis décembre 2023 (+4,7 %). L’accélération de la croissance en novembre 2025 est surtout attribuable à l’augmentation des prix des fruits frais (+4,4 %), principalement les baies, ainsi que des autres préparations alimentaires (+6,6 %).
En novembre, les prix du bœuf frais ou surgelé (+17,7 %) et du café (+27,8 %) ont continué de figurer parmi les plus importants facteurs ayant contribué à l’inflation globale des prix dans les épiceries d’une année à l’autre. La progression des prix du bœuf est en partie attribuable à la baisse des stocks de bovins en Amérique du Nord. Les prix du café ont été touchés par les mauvaises conditions météorologiques dans les régions cultivatrices. En même temps, les États-Unis imposaient des droits de douane aux pays producteurs de café, ce qui a contribué à l’augmentation des prix du café raffiné.
Sur une base mensuelle, les prix dans les épiceries ont progressé de 1,9 % en novembre, ce qui représente la plus forte hausse d’un mois à l’autre depuis janvier 2023.
Faisant un peu contrepoids, les coûts du logement – précédemment importants facteurs d’inflation – ont continué de se modérer. Les frais des logements en propriété en sont maintenant à une augmentation annuelle d’à peine 1,7 %, le plus bas niveau depuis presque 10 ans alors que les prix immobiliers fléchissent. L’inflation des loyers reste tenace, mais a quand même baissé légèrement le mois dernier, à 4,7 % sur un an. Il faudra surveiller les prix de l’électricité. Ils posent un grand problème aux États-Unis où des centres de données d’IA consomment énormément de courant. Le coût de l’électricité a bondi de 1,5 % pour le mois, et en est maintenant à +3,4 % sur un an. Les services téléphoniques ont aussi grimpé récemment, après avoir fortement baissé pendant deux ans. Ils sont à +11,7 % sur un an, la plus forte hausse depuis 1982.
La bonne nouvelle est que l’inflation sera en moyenne d’à peine plus de 2 % sur l’ensemble de 2025, contre 2,4 % l’année passée. C’est la plus faible hausse annuelle depuis cinq ans. Moins bonne nouvelle, cette modération est surtout attribuable au retrait de la taxe carbone pour les consommateurs. À elle seule, elle a raboté environ un demi-point de la moyenne annuelle.
Les principales mesures de l’inflation fondamentale ont ralenti en novembre. Les deux chiffres surveillés par la Banque du Canada ont perdu deux dixièmes de point, à 2,8 % sur un an (et gagné à peine 0,1 % d’un mois à l’autre, en termes de données désaisonnalisées). Aussi, les prix excluant les aliments et l’énergie ont augmenté de seulement 0,1 % d’un mois à l’autre. Le taux annuel a baissé de trois dixièmes de point, au niveau modéré de 2,4 %.
En somme
Les plus récentes données confirment le maintien du taux directeur de la Banque du Canada. Outre les prix des aliments, l’inflation semble se dissiper. L’économie est dans l’ensemble en meilleure forme que prévu. Les révisions à la hausse concernant le PIB depuis 2022 sont en bonne partie justifiées par une meilleure hausse que prévu de la productivité, laquelle a longtemps été source de préoccupation pour l’économie canadienne.
Le contexte d’une plus meilleure croissance et d’une moindre inflation fera que la Banque du Canada maintiendra le statu quo pendant une bonne part de 2026. Le prochain changement dans les taux sera sans doute une augmentation, mais pas avant la fin de l’année prochaine. Dans l’intervalle, le plus grand perdant de la dernière année a été le marché du logement.
Les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble indiquent une activité particulièrement faible en Ontario, région qui souffre le plus de l’incertitude liée aux tarifs douaniers. La Banque du Canada, qui reste prudente, surveillera l’effet de la hausse rapide des prix des aliments sur les attentes d’inflation. Avec un peu de chance, l’inflation fondamentale continuera de ralentir, de sorte que la Banque restera à l’écart une bonne part de l’année prochaine.
Il faut espérer que les choses deviendront plus claires au sujet de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique au nouvel an. Une réduction de l’incertitude est le facteur clé nécessaire à une relance de l’activité immobilière, surtout dans les régions de l’Ontario et du Québec les plus durement touchées par les tarifs douaniers.