Publié par Sherry Cooper
Les tarifs douaniers amortissent la saison immobilière du printemps au Canada.
L’incertitude des tarifs douaniers mondiaux retient les acheteurs
Les ventes de maisons existantes au Canada ont plongé le mois passé, les inquiétudes liées aux tarifs douaniers refroidissant encore les acheteurs. La confiance des consommateurs est à son plus bas, nombreux étant ceux qui redoutent la perte d’emploi et la hausse des prix.
Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les reventes de maisons ont fléchi de 4,8 % d’un mois à l’autre. Après les baisses des trois mois précédents, les ventes résidentielles nationales sont en retrait de 20 % par rapport à leur récent sommet de novembre dernier.
« Jusqu’à présent, les baisses des ventes résidentielles étaient principalement dues à l’incertitude entourant les droits de douane, dit Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Dorénavant, le secteur canadien de l’habitation devra également faire face aux répercussions économiques réelles. En peu de temps, nous sommes passés d’une année de reprise assurée à une stagnation, dans le meilleur des cas. »
Les baisses les plus importantes ont été observées en Ontario et en Colombie-Britannique, mais au cours des derniers mois, les ventes ont diminué dans tous les marchés du pays, sauf quelques petits marchés.
Sur une base non désaisonnalisée, le total des ventes canadiennes pour mars 2025 a chuté de 9,3 % d’une année à l’autre, et a été le plus bas pour ce mois depuis 2009.
Nouvelles inscriptions
L’offre a augmenté de 3 % d’un mois à l’autre en mars. Avec la baisse des ventes, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays se chiffre désormais à 45,9 %, comparativement à 49,7 % en février. Cette mesure de l’équilibre du marché est à son plus bas niveau depuis février 2009. La moyenne à long terme de ce ratio est de 54,9 %. On parle normalement d’un marché de l’habitation équilibré lorsque le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions se situe entre 45 et 65 %.
À la fin de mars 2025, 165 800 propriétés étaient inscrites à la vente dans l’ensemble des systèmes MLS® canadiens, ce qui représente une hausse de 18,3 % par rapport à un an plus tôt, mais qui demeure un résultat inférieur à la moyenne à long terme pour cette période de l’année, qui est d’environ 174 000 inscriptions.
« Bien que la tendance à la baisse des ventes mensuelles ait été observée partout au Canada au cours des derniers mois, il existe encore de nombreuses régions où les ventes sont élevées, l’offre est près de niveaux historiquement bas et les prix sont en hausse, a déclaré Valérie Paquin, nouvelle présidente du conseil d’administration de l’ACI de 2025-2026. Il y a également des régions au pays où les ventes sont historiquement faibles et l’offre est la plus élevée depuis une décennie ou plus. »
On comptait 5,1 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2025, soit le niveau le plus élevé depuis le début de la pandémie. La moyenne à long terme de cette mesure est d’environ cinq mois.
Prix des maisons
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) composé et national a baissé de 1 % de février à mars 2025, ce qui représente la plus forte diminution d’un mois à l’autre depuis novembre 2023.
C’est en Colombie-Britannique et dans la région du Grand Golden Horseshoe, en Ontario, que le nouveau fléchissement des prix a été le plus marqué. Dans une grande partie des Praires, du Québec et de la côte Est, les prix ont continué d’augmenter.
L’IPP MLS® composé national (non désaisonnalisé) a baissé de 2,1 % par rapport à mars 2024.
Le prix moyen non désaisonnalisé des propriétés à l’échelle nationale était de 678 331 $ en mars 2025, soit une baisse de 3,7 % par rapport à mars 2024.
En somme
Avant la menace de tarifs douaniers, il semblait que le marché immobilier se préparait à une forte relance en vue de la saison printanière.
Malheureusement, la situation n’a fait que se détériorer, la confiance des entreprises et des consommateurs ayant chuté. Des tarifs douaniers mènent d’abord à des prix plus élevés, les importateurs tentant de refiler les augmentations de leurs coûts aux consommateurs; ensuite, ils entraînent un ralentissement de l’activité économique et des mises à pied, les entreprises et les ménages se serrant la ceinture.
La Banque du Canada viendra certainement à la rescousse cette année en réduisant encore les taux d’intérêt. Ce sera particulièrement important pour le Canada, qui est bien plus sensible aux taux d’intérêt que ne le sont les États-Unis. Cependant, les opérateurs boursiers escomptent une probabilité d’au plus 50 % que soit annoncée demain une nouvelle réduction de taux d’intérêt de 25 pb.
L’économie ralentit, et l’inflation a baissé plus que prévu en mars. Les données du mois prochain sur l’inflation seront sans doute encore meilleures, par suite de l’élimination de la taxe carbone. Pour cette raison, une réduction de taux d’intérêt reste possible en avril. Mais même si la Banque du Canada marque une pause ce mois-ci, nous croyons qu’elle réduira le taux à un jour encore trois fois cette année, le ramenant à 300 points de base sous son sommet de l’année passée. Ce sera de nature à finalement convaincre les acheteurs d’agir, mais le moment où cette relance se matérialisera est plus incertain que d’habitude compte tenu du chaos qui règne à la Maison-Blanche.