Publié par Sherry Cooper
Le PIB canadien en voie de se contracter au T2.
Le Canada pourrait connaître une contraction économique modérée au T2
Le produit intérieur brut (PIB) réel a affiché un léger recul de 0,1 % en avril, après avoir augmenté de 0,2 % en mars. Selon les estimations préliminaires, il baisserait aussi de 0,1 % en mai.
L’incertitude liée aux tarifs douaniers atteignait des sommets en avril et mai. Des tarifs ont été annoncés pour les automobiles, l’acier et l’aluminium. Un éventail de facteurs spéciaux étaient en jeu dans la baisse de 0,1 % du PIB en avril, un mois particulièrement tumultueux. Le plus grand ralentissement, de loin, est la chute de 1,9 % du secteur manufacturier – y compris un recul de 5,2 % dans le secteur automobile, alors que les entreprises réagissaient à la première vague de tarifs après une période où elles avaient augmenté leur activité pour devancer les tarifs.
L’anticipation des tarifs a mené à une forte augmentation des importations américaines au premier trimestre. Les données révisées du T1 aux États-Unis indiquent maintenant une contraction de 0,5 %, ce qui est pire qu’on ne l’avait initialement rapporté.
D’autres secteurs associés au commerce international étaient affaiblis. Le commerce de gros a baissé de 1,9 %; les transports et l’entreposage ont reculé de 0,2 %. L’élection fédérale tenue au cours du mois a apporté une compensation, augmentant les dépenses de l’administration publique fédérale de 2,8 % d’un mois à l’autre. Statistique Canada note que le début des séries de la LNH, avec la participation de cinq équipes canadiennes (plus que d’habitude), a stimulé le secteur des arts et du divertissement de 2,8 %. Les hôtels et restaurants ont aussi profité (+0,6 %), peut-être grâce aux Canadiens choisissant des vacances plus près de chez eux ainsi qu’aux séries de la LNH. Si ce n’était de l’élection et du divertissement, le PIB réel aurait baissé de 0,2 % en avril.
La baisse prévue de mai est attribuable en partie à la disparition du supplément de dépenses en administration publique lié à l’élection ainsi qu’à une faiblesse dans le secteur des ressources et dans le commerce de détail. Fait à noter, Statistique Canada n’a pas mentionné le secteur manufacturier comme une source de faiblesse. Il reste que cette semaine, dans des estimations préliminaires, l’organisation a signalé une baisse de 1,3 % des ventes d’usines en mai et de 0,4 % du commerce de gros. Ces baisses auront certainement pesé dans la balance.
Par ailleurs, les États-Unis viennent de publier les données sur les dépenses personnelles de consommation de mai : elles ont baissé de 0,3 % après correction pour tenir compte de l’inflation. Les politiques économiques du président Trump assombrissent les perspectives de croissance aux États-Unis, ce qui pourrait inciter la Réserve fédérale à agir dans les mois à venir.
L’indicateur de l’inflation préféré de la Fed, l’indice des prix à la consommation personnelle hormis l’alimentation et l’énergie, a augmenté de 0,2 %. C’est davantage que prévu, bien qu’encore signe de pressions limitées sur les prix.
La baisse des dépenses, qui était assez généralisée, coïncide avec une baisse de la confiance des consommateurs constatée cette année en réponse à la politique imprévisible du président Trump en matière de commerce international. L’inflation a été modérée jusqu’à présent en 2025, bien que de nombreux économistes s’attendent à ce qu’elle remonte dans les prochains mois alors que les entreprises refileront de plus en plus aux ménages le coût des droits de douane majorés.
Les plus récentes données indiquent que l’anémie de la demande des ménages aux États-Unis, surtout pour les services, s’est prolongée en mai, à la suite du trimestre de consommation personnelle la plus faible depuis le début de la pandémie. Les dépenses sur les services de transport, les repas à l’extérieur, l’hébergement, les services financiers et d’autres services – y compris le bilan des voyages à l’étranger – ont toutes baissé le mois dernier. Le revenu personnel des Américains a connu en mai sa plus forte baisse depuis 2021, à la suite d’une diminution des transferts gouvernementaux, en particulier au titre de la sécurité sociale. Le taux d’épargne a baissé, à 4,5 %.
En somme
Le président de la Fed Jay Powell a dit cette semaine au Congrès qu’il s’attend à une remontée de l’inflation en juin, juillet et août, du fait que les tarifs douaniers seraient de plus en plus reflétés dans les prix à la consommation. Cependant, il a ajouté que si cette prédiction ne se matérialisait pas, la banque centrale des États-Unis pourrait recommencer à baisser le taux d’intérêt aussitôt que possible.
La baisse des dépenses des consommateurs et des entreprises ainsi que l’inflation modérée laissent entrevoir aussi une nouvelle baisse de taux de la Banque du Canada. Il y aura encore un mois complet de données avant la prochaine réunion de la Banque, le 30 juillet. De nombreux économistes croient maintenant que le cycle de réductions de taux de la Banque est terminé. Je n’en suis pas convaincue.