L’emploi a augmenté en septembre, après deux mois en baisse.

L’emploi au Canada augmente plus que prévu, mais pas assez pour compenser pleinement les pertes des deux mois précédents

Les résultats de l’Enquête sur la population active de septembre dépassent les attentes, avec l’ajout net de 60 400 emplois, mais le taux de chômage reste à 7,1 % car la population active a augmenté. La croissance de l’emploi est principalement attribuable au travail à temps plein. Le secteur manufacturier – durement touché par les tarifs douaniers américains – a gagné 27 800 emplois. Les secteurs de l’agriculture, des soins de santé et des autres services ont tous ajouté des travailleurs. Le taux d’emploi – la proportion de la population en âge de travailler qui occupe un emploi – a augmenté de 0,1 point de pourcentage pour s’établir à 60,6 % en septembre.

Le salaire horaire moyen des employés a progressé de 3,3 % (+1,17 $ pour atteindre 36,78 $) en septembre par rapport à un an plus tôt, après avoir augmenté de 3,2 % en août (données non désaisonnalisées).

Les gains étonnants de l’emploi témoignent d’une résilience du marché du travail du Canada face aux différends tarifaires avec les États-Unis. La hausse de l’emploi en usine, bien qu’elle ne soit guère alimentée par le secteur automobile, indique que le secteur manufacturier pourrait profiter de l’exemption des tarifs dont bénéficient certains exportateurs en vertu de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

Le dollar canadien s’est nettement apprécié après que les taux d’intérêt à plus court terme ont augmenté. Le rapport sur l’emploi réduit les attentes d’une réduction de taux d’intérêt lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada, le 29 octobre. Les marchés en estiment la probabilité à environ 25 %, contre 70 % avant le rapport. Les gains de l’emploi plus forts que prévu n’ont pas pleinement compensé les pertes de juillet et août. Le Canada a subi une perte nette de 45 900 emplois au troisième trimestre. C’est le trimestre le plus faible depuis la pandémie.

Le nombre total d’heures travaillées a baissé de 0,2 % dans le dernier mois. La population active a augmenté de 72 300.

Même avec les plus récentes données sur l’emploi, l’économie canadienne reste vulnérable à l’attitude déroutante des États-Unis envers l’ACEUM. La renégociation de l’accord est programmée en juillet 2026. La Banque du Canada a réduit le taux directeur à 2,5 % en septembre, et d’autres réductions sont probables cette année. La Banque prendra encore deux décisions en 2025 : le 29 octobre et le 10 décembre. Les données sur l’inflation en septembre seront publiées le 21 octobre, le lendemain de la publication par la Banque du Canada des enquêtes sur les perspectives des entreprises et les attentes des consommateurs.

Le taux de chômage global s’est maintenu à 7,1 % en septembre, après avoir augmenté de 0,2 point de pourcentage en août. Depuis le début de 2025, le taux de chômage a progressé de 0,5 point de pourcentage. La tendance a généralement été à la hausse depuis le début de l’année, avec une augmentation de 0,6 point de pourcentage par rapport à janvier. Le taux de chômage chez les jeunes reste élevé, atteignant non moins de 17,1 % parmi les étudiants, et 11,9 % parmi les jeunes ne fréquentant pas l’école.

L’emploi dans le secteur de la fabrication a progressé en septembre, pour la première fois depuis janvier (+28 000; +1,5 %). La hausse est concentrée en Ontario (+12 000) et en Alberta (+7900). Avant l’augmentation de septembre, l’emploi dans la fabrication avait enregistré une baisse nette de 58 000 (-3,1 %) de janvier à août.

Au Québec, l’emploi a peu varié pour un troisième mois consécutif en septembre. Le taux de chômage au Québec en septembre (5,7 %) était en baisse par rapport au récent sommet de 6,3 % enregistré en juin, et il était presque inchangé par rapport à un an plus tôt. Cependant, le Québec subira certainement des pertes dans les industries de l’aluminium et du bois d’œuvre à moins que les tarifs américains ne soient fortement réduits.

L’emploi a aussi peu varié en Ontario en septembre. Le taux de chômage dans la province a progressé de 0,2 point de pourcentage pour atteindre 7,9 % en septembre, en raison d’une augmentation du nombre de personnes à la recherche de travail. Le taux de chômage dans la province était en hausse de 0,8 point de pourcentage par rapport à septembre 2024. Dans la RMR de Toronto, le taux de chômage s’est maintenu à 8,9 % en septembre 2025. Il était en hausse de 0,8 point de pourcentage par rapport à un an plus tôt (moyennes mobiles de trois mois).

En somme

La Banque du Canada a indiqué clairement qu’elle portera surtout attention à l’inflation ainsi qu’à l’offre excédentaire dans l’économie. Une réduction de taux en septembre pourrait encore dépendre de l’indice des prix à la consommation qui sera publié la semaine prochaine. Les marchés du travail sont plus faibles qu’ils ne l’étaient il y a un an. Le taux de chômage est resté à 7,1 % en septembre, mais c’est encore un demi-point de pourcentage de plus qu’un an plus tôt. Les données sur le commerce international ont faibli en août, et les tarifs américains continuent de poser un risque important pour les perspectives économiques.

Les décideurs de la Banque du Canada ne pensaient sans doute pas en septembre qu’une seule baisse du taux directeur suffirait à parer la faiblesse économique, et les données d’aujourd’hui sur la population active ne sont probablement pas assez fortes pour suffire à empêcher une nouvelle réduction de taux en octobre. Il reste que la Banque du Canada devra aussi tenir compte des prochaines données sur l’inflation. En outre, de futures réductions de taux au-delà d’octobre seront moins probables si le déficit budgétaire augmente, comme on s’y attend, pour aider à pallier la faiblesse économique liée aux tarifs douaniers.

La banque centrale sait bien que les données de l’Enquête sur la population active sont volatiles, et le taux de chômage de 7,1 % est encore plus haut d’un demi-point de pourcentage qu’il y a un an. Les détails sous-jacents de l’enquête n’étaient d’ailleurs pas si positifs. Le nombre d’heures travaillées a baissé malgré la forte hausse de l’emploi à temps plein. De plus, les mises à pied permanentes ont augmenté. D’un autre côté, certains secteurs ont largement fait preuve de résilience. Le mois dernier, l’emploi dans les services était en hausse de 18 000 par rapport au mois précédent, et de 225 000 par rapport à un an plus tôt. Tout le monde attend maintenant les données de mardi prochain sur l’IPC.