Les données sur l’emploi en août sont plus faibles que prévu, tant au Canada qu’aux États-Unis.

La faiblesse de l’emploi en août augure bien pour une baisse de taux d’intérêt de la Banque du Canada

Les données de l’Enquête sur la population active pour le mois d’août sont plus faibles que prévu, signe d’une offre excédentaire sur le marché du travail et dans l’économie. L’emploi a diminué de 66 000 (-0,3 %) en août, après avoir aussi reculé en juillet (-41 000; -0,2 %). La baisse de l’emploi observée en août est principalement attribuable au travail à temps partiel (-60 000; -1,5 %). Le travail à temps plein a peu varié en août, après avoir reculé en juillet (-51 000; -0,3 %).

Le taux d’emploi – la proportion de la population en âge de travailler qui occupe un emploi – a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 60,5 % en août, en baisse pour un deuxième mois consécutif. Le taux d’emploi suit une tendance à la baisse depuis le début de l’année et a diminué de 0,6 point de pourcentage de janvier à août.

Le nombre de travailleurs autonomes a reculé de 43 000 (-1,6 %) en août. Le travail autonome a suivi une tendance à la baisse au cours des derniers mois, ce qui a contrebalancé les hausses enregistrées au cours de la deuxième moitié de 2024 et au début de 2025.

Le secteur privé a perdu 7500 emplois le mois dernier, et le secteur public, 15 000. Les provinces de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique ont été les plus touchées.

Les personnes qui étaient au chômage en juillet ont continué d’éprouver des difficultés à se trouver du travail en août. Seulement 15,2 % des personnes qui étaient au chômage en juillet avaient trouvé un emploi en août, une proportion inférieure à celle observée au cours des mêmes mois de 2017 à 2019 (23,3 %) (données non désaisonnalisées).

Le taux d’activité – la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui occupe un emploi ou est à la recherche de travail – a reculé de 0,1 point de pourcentage pour s’établir à 65,1 % en août.

De mai à août, l’Enquête sur la population active (EPA) a recueilli des données sur le marché du travail concernant les étudiants qui fréquentaient l’école à temps plein en mars et qui ont l’intention d’y retourner à temps plein à l’automne.

Le taux de chômage des étudiants retournant aux études s’est établi à 16,9 % en août, ce qui était semblable au taux observé 12 mois plus tôt (16,3 %) (données non désaisonnalisées).

Pour l’ensemble de l’été 2025 (la moyenne de mai à août), le taux de chômage des étudiants de 15 à 24 ans retournant aux études s’est établi à 17,9 %. Il s’agit du taux le plus élevé depuis l’été 2009 (18,0 %), à l’exception de l’année 2020, pendant la pandémie. Le taux de chômage des étudiants retournant aux études a augmenté chaque été depuis 2022 (lorsqu’il était à 10,4 %).

Au cours de l’été 2025, le taux de chômage des étudiants retournant aux études était plus élevé chez les hommes (19,2 %) que chez les femmes (16,8 %).

L’emploi a reculé dans le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques en août (-26 000; -1,3 %), après avoir peu varié pendant cinq mois. Malgré la baisse mensuelle, l’emploi dans le secteur était en hausse de 36 000 (+1,8 %) par rapport à 12 mois plus tôt.

L’emploi a diminué de 23 000 (-2,1 %) dans le secteur du transport et de l’entreposage en août, ce qui a contrebalancé la hausse d’ampleur similaire observée en juillet. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans le secteur a peu varié en août.

Le nombre de personnes en emploi dans le secteur de la fabrication a diminué de 19 000 en août (-1,0 %). Par rapport au récent sommet enregistré en janvier 2025, l’emploi dans la fabrication a reculé de 58 000 (-3,1 %).

En revanche, l’emploi a augmenté dans le secteur de la construction (+17 000; +1,1 %) en août, ce qui a contrebalancé la majeure partie de la baisse enregistrée en juillet (-22 000; -1,3 %). L’emploi dans la construction a affiché peu de variations nettes depuis le début de l’année, et l’augmentation observée en août était la première depuis janvier.
L’emploi en Ontario a diminué de 26 000 (-0,3 %) en août. Par rapport au récent sommet enregistré en février 2025, l’emploi dans la province était en baisse de 66 000 (-0,8 %) en août. Le taux de chômage en Ontario a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 7,7 % en août, en raison d’une baisse du nombre de personnes à la recherche de travail.

Depuis le début de l’année, les régions du sud de l’Ontario sont confrontées à une conjoncture économique incertaine causée par la menace ou l’imposition de droits de douane, notamment sur les exportations de véhicules automobiles et de pièces pour véhicule automobile. Dans les 20 plus grandes régions métropolitaines de recensement du Canada, les taux de chômage les plus élevés en août ont été enregistrés à Windsor (11,1 % par rapport à 9,1 % en janvier), à Oshawa (9,0 % par rapport à 8,2 % en janvier) et à Toronto (8,9 % par rapport à 8,8 % en janvier) (moyennes mobiles de trois mois).

En Colombie-Britannique, l’emploi a reculé de 16 000 (-0,5 %) en août, soit une deuxième diminution mensuelle consécutive. Les diminutions observées au cours du mois ont surtout touché les hommes du principal groupe d’âge actif (-13 000; -1,2 %). Le taux de chômage en Colombie-Britannique a augmenté de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 6,2 %.

En Alberta, l’emploi a reculé de 14 000 (-0,6 %) en août, ce qui est aussi une deuxième diminution mensuelle consécutive. Au cours du mois, les plus fortes baisses ont été observées dans la fabrication et dans le commerce de gros et de détail. Le taux de chômage en Alberta a augmenté de 0,6 point de pourcentage pour atteindre 8,4 % en août, ce qui représente le taux le plus élevé depuis août 2017 (à l’exception des années 2020 et 2021).

L’emploi a aussi reculé au Nouveau-Brunswick (-6500; -1,6 %), au Manitoba (-5200; -0,7 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (-3200; -1,3 %) en août. L’Île-du-Prince-Édouard a affiché une hausse de l’emploi (+1100; +1,2 %).

L’emploi au Québec s’est maintenu pour un deuxième mois consécutif en août. Le nombre de personnes à la recherche de travail a progressé de 24 000 (+9,0 %), ce qui a fait augmenter le taux de chômage de 0,5 point de pourcentage pour le porter à 6,0 %.

Le total des heures travaillées a peu varié en août (+0,1 %), mais il était en hausse de 0,9 % par rapport à 12 mois plus tôt.

En août, le salaire horaire moyen des employés a progressé de 3,2 % (+1,12 $ pour atteindre 36,31 $) par rapport à un an plus tôt, après avoir progressé de 3,3 % en juillet (données non désaisonnalisées).

En somme

Au vu des nouvelles données, le rendement des obligations du gouvernement du Canada sur deux ans a perdu environ 4 points de base, et le dollar canadien a faibli. Les opérateurs en swaps à un jour ont pleinement escompté une baisse de taux de la Banque du Canada d’un quart de point d’ici la fin de l’année. Ils ont aussi haussé leur estimation de la probabilité d’une baisse de taux en septembre, la portant à environ 85 %.

La Banque du Canada a clairement indiqué qu’elle se souciera davantage de l’inflation que de l’augmentation de l’offre excédentaire dans l’économie, et qu’une réduction de taux en septembre pourrait encore dépendre des données sur l’indice des prix à la consommation qui doivent être dévoilées la veille de la décision sur le taux.

Le rapport d’août sur l’emploi non agricole aux États-Unis a aussi été publié ce matin, indiquant que la croissance de l’emploi a plafonné et que le taux de chômage a légèrement augmenté, à 4,3 %. Divers secteurs, dont ceux de l’information, des activités financières, de la fabrication, du gouvernement fédéral et des services aux entreprises, ont affiché des baisses nettes en août. La croissance de l’emploi a surtout bénéficié aux secteurs des soins de santé ainsi que des loisirs et de l’hébergement.

Les marchés s’attendent à ce que la Fed réduise les taux d’intérêt de 25 points de base le 17 septembre. Le président de la Fed, Jay Powell, subit d’énormes pressions en ce sens de la part de la Maison-Blanche. À moins d’une augmentation notable des mesures de l’inflation de base en août, la Fed recommencera à réduire les taux.