Publié par Sherry Cooper
Le marché canadien de l’emploi a décliné en décembre.
Le Canada a perdu 62 600 emplois le mois dernier, après sept mois de reprise (voir le graphique ci-dessous). L’augmentation rapide des cas de COVID et les mesures de confinement imposées en conséquence dans de nombreuses régions clés ont entraîné le recul net de l’emploi constaté dans les données de la mi-décembre. Le personnel de restaurants et d’hôtels a le plus souffert, perdant 56 700 emplois.
Le taux de chômage a grimpé jusqu’à 8,6 %. Il reste bien sous le sommet de 13,7 % d’avril, mais il est tout de même 3 points de pourcentage au-dessus de son niveau d’avant la pandémie.
Malgré tout, il y a des lueurs d’espoir : plusieurs secteurs ont réussi de modestes gains (voir le deuxième graphique ci-dessous). Parmi eux figurent la finance, l’assurance et l’immobilier, ainsi que les services scientifiques et techniques. La fabrication a gagné 15 400 emplois, et les administrations publiques ont bien progressé.
Bonne nouvelle, les emplois à temps plein ont en fait augmenté de 36 500, et les salaires moyens ont remonté; ils sont maintenant 5,6 % plus élevés qu’un an plus tôt. Ce gain s’explique en partie par la perte de nombreux emplois à faible salaire.
Les emplois à temps partiel ont nettement baissé en décembre, en particulier pour les travailleurs de 24 ans ou moins et ceux de 55 ans ou plus. Le nombre de travailleurs autonomes a baissé de 62 000, descendant à son niveau le plus bas depuis le début de la pandémie.
Avec la baisse de décembre, il y a maintenant 571 600 emplois de moins qu’un an plus tôt (-3,0 %). Il s’agit du plus fort déclin annuel depuis 1982, mais la situation reste sensiblement meilleure que ne le laissait entrevoir le recul de 15 % enregistré en avril. L’évolution de -3,0 % de l’emploi au Canada en 2020 est une dégradation relativement modérée au regard des États-Unis, où les données de décembre indiquent une chute de 6,2 % d’une année à l’autre. Au Canada, les 332 300 emplois perdus depuis un an dans l’hébergement et la restauration comptent à eux seuls pour 58 % du recul.
L’emploi était en baisse dans 9 des 10 provinces le mois dernier. L’exception était la Colombie-Britannique. Aucune des autres provinces ne se démarquait. Le tableau ci-dessous indique le taux de chômage par province. Ce taux monte et descend selon l’évolution du taux de participation au marché du travail. Une personne n’est pas comptée comme étant au chômage si elle n’est pas à la recherche d’un emploi. Le nombre de personnes classées dans les catégories « personnes occupées » ou « chômeurs » a reculé de 42 000 (-0,2 %) en décembre. Il s’agit de la première baisse notable depuis avril. Les femmes du principal groupe d’âge actif et les jeunes hommes ont été en grande partie à l’origine de la diminution.
En somme
Il ne semble certainement pas que les mesures de confinement seront levées prochainement. Nous ne cessons d’établir de nouveaux records de cas de COVID, et un variant plus contagieux de la COVID est arrivé. De plus, la distribution du vaccin a été désespérément lente. Ainsi, jusqu’à ce que l’hiver soit passé, il est improbable que l’économie puisse réellement être relancée. Tout compte fait, l’économie du Canada a été relativement résiliente. Ce n’est guère étonnant, compte tenu du soutien du revenu assuré par le gouvernement – le plus généreux parmi les pays du G7. En outre, les conditions financières sont extrêmement accommodantes.
Bien que personne ne sortira indemne de la pandémie, ce sont surtout les petits salariés qui ont subi les pertes d’emploi. De nombreux travailleurs à revenu élevé continuent de travailler à domicile. Et même si la pandémie s’aggrave, bon nombre des marchés du logement du Canada ont enregistré leur plus fort mois de décembre de tous les temps. Les taux d’intérêt au plus bas, les taux élevés d’épargne des ménages et les changements dans les besoins en logement ont fait de 2020 une année exceptionnelle pour l’activité immobilière.
Selon les chambres immobilières locales, les ventes de décembre ont été étonnamment fortes dans ce qui est habituellement un mois tranquille. La revente de maisons a bondi de 32 %, d’une année à l’autre, à Montréal, Ottawa et Edmonton, et de 65 % à Toronto, selon des données préliminaires. Des banlieues plus distantes ont attiré des familles à la recherche de plus de place, étant donné que la l’éloignement importe moins quand des emplois permettent le télétravail. La valeur des propriétés a continué de grimper dans la plupart des marchés. Les prix des condos en ville ont continué de faire exception à la tendance, en raison de vastes inventaires dans la plupart des grandes villes du Canada. La faiblesse du marché locatif a incité de nombreux investisseurs dans des condos à vendre. Cela étant, les prix plus faibles des condos attirent maintenant les acheteurs. Les reventes de condos ont monté en flèche presque partout en décembre.
Le marché de l’habitation continue d’amortir le coup porté à l’économie par la pandémie. Ce n’est pas tout le monde qui en profite, mais ce fait aidera à mener à une plus forte reprise de l’emploi au printemps.
Il reste indiscutable que la lumière au bout du très sombre tunnel, c’est un vaccin largement disponible. Le premier ministre Trudeau a réaffirmé cette semaine que le vaccin sera disponible pour tous ceux qui le veulent d’ici septembre 2021. Au rythme où vont les inoculations jusqu’à présent, cela ne se fera pas. À peine plus de 0,6 % de la population canadienne avait été vaccinée au jeudi 7 janvier. En comparaison, les États-Unis avaient vacciné 1,8 % de leur population à la même date, et Israël, presque 20 %, selon les données du projet de recherche sans but lucratif de l’Université d’Oxford Our World in Data. Le Royaume-Uni avait vacciné 1,9 % de sa population au 3 janvier, la dernière date pour laquelle les données sur la vaccination étaient disponibles (voir le graphique ci-dessous).