Publié par Sherry Cooper
La croissance du PIB canadien atteint 2,6 % au T4, contre le taux révisé à la hausse de 2,2 % au T3.
Le Canada boucle 2024 en force, mais les tarifs douaniers continuent d’inquiéter
Ce matin, Statistique Canada a publié les données du PIB pour le dernier trimestre de 2024, révélant une augmentation plus forte que prévu des dépenses de consommation finale des ménages, des exportations et de l’investissement des entreprises. Cependant, la baisse des stocks des entreprises et la hausse des importations ont modéré la croissance globale.
Au T4, l’économie canadienne a accéléré. La croissance annualisée du PIB réel a atteint 2,6 %, ce qui dépasse largement les prévisions consensuelles et celles de la Banque du Canada. La croissance était généralisée, les dépenses de consommation menant le bal avec une augmentation de 5,6 %. En taux annuel, les dépenses de consommation ont grimpé de 3,6 % à trois des quatre trimestres de 2024, bénéficiant des réductions de taux d’intérêt du deuxième semestre. D’une année à l’autre, les consommateurs ont dépensé 3,6 % de plus, ce qui est la meilleure progression depuis 2018 (hormis pendant la pandémie). Bien que le congé de taxe ait eu un effet positif, il est entré en vigueur très tard dans le trimestre. L’élan était donc déjà donné d’avance. Le secteur de l’habitation a aussi bien progressé. Sa croissance de 16,7 % est la plus forte depuis près de quatre ans, à la faveur d’une forte augmentation des reventes. L’investissement des entreprises a aussi apporté une bonne contribution, augmentant de 8 % grâce aux investissements en machines et matériel.
En revanche, l’évolution des stocks a sensiblement atténué la croissance, en soustrayant 3,3 points de pourcentage. Les exportations nettes ont ajouté 0,6 point de pourcentage. La croissance de la demande intérieure finale est de 5,6 %, dans ce qui est le meilleur trimestre depuis 2017 hormis pendant la pandémie. Fait à noter, les données sur la croissance aux T2 et T3 ont été révisés à la hausse. Le T2 est maintenant à 2,8 % (au lieu de 2,2 %), et le T3, à 2,2 % (au lieu de 1,0 %).
En décembre, le PIB a augmenté un peu moins que prévu, soit de 0,2 %. Les ventes au détail ont progressé de 2,6 %, à la faveur du congé de taxe. Les services publics ont aussi connu une forte hausse, 4,7 %, du fait d’une météo hivernale revenue davantage à la normale. Pour janvier, l’estimation éclair indique une solide hausse de 0,3 %, reflétant sans doute une activité devancée pour échapper à d’éventuels tarifs douaniers. Quoi qu’il en soit, les perspectives semblent prometteuses pour le T1 et pour 2025.
En somme
L’économie canadienne a fait preuve d’une bonne vigueur au deuxième semestre de 2024. L’activité a été stimulée par les fortes réductions de taux d’intérêt de la Banque du Canada. Le taux de croissance a nettement surpassé les prévisions de la banque centrale, atteignant 2,6 % au lieu des 1,8 % prévus. La croissance globale en 2024 a aussi dépassé les attentes, s’élevant à 1,5 % au lieu de 1,3 %. Cependant, une bonne part de cette croissance est survenue avant l’escalade des menaces de tarifs douaniers.
Ces données pourraient justifier une décision de la banque centrale de mettre son assouplissement en pause à sa prochaine réunion, le 12 mars. Il reste que les menaces tarifaires du président américain Donald Trump, y compris les 10 % sur l’énergie canadienne et les 25 % sur tous les autres biens qui doivent entrer en vigueur mardi, pourraient compliquer la prise de décision de la banque.
Les menaces tarifaires pourraient aussi expliquer la réaction timide du marché aux données positives sur le PIB. Celles-ci coïncident avec un rapport américain selon lequel l’indicateur d’inflation privilégié par la Réserve fédérale américaine a augmenté modérément, tandis que les dépenses de consommation ont baissé. Le même jour, les rendements des obligations du gouvernement canadien à deux ans ont baissé de moins d’un point de base, à 2,619 % à 9 h 10 à Ottawa. Le dollar canadien a légèrement fléchi, en baisse de moins de 0,1 %, à 1,4426 $CA par dollar américain. Les opérateurs en swaps à un jour escomptent à 43 % une réduction de taux d’intérêt le 12 mars, contre presque 50 % à peine un jour plus tôt.