Publié par Sherry Cooper
Le PIB du Canada a progressé au taux annualisé de 2,6 % au T3, soit bien davantage que prévu, grâce à la hausse des dépenses pour le logement et pour la défense..
La croissance plus forte que prévu du PIB au T3 règle la question quant au maintien du taux par la Banque du Canada
Le PIB du Canada a progressé au taux annualisé de 2,6 % au troisième trimestre, rebondissant après la baisse de 1,8 % (données révisées) de la période précédente et surpassant les prévisions de 0,5 %. Il s’agit de la plus forte hausse du PIB cette année, alors que les importations baissaient de 8,6 % et les exportations augmentaient de 0,7 %. Les investissements ont gagné 2,3 %, principalement dans les reventes résidentielles (6,7 %). Les investissements gouvernementaux ont été un autre facteur majeur dans le gain étonnant. Les achats par Ottawa de destroyers de classe « River » ont contribué à la hausse de 12,2 % des dépenses gouvernementales en capital. Les dépenses des ménages ont baissé de 0,4 %.
La Banque du Canada et les économistes sondés par Bloomberg prévoyaient une augmentation de 0,5 % pour le trimestre. L’incertitude liée aux tarifs douaniers a malmené l’activité économique canadienne et réduit la confiance des consommateurs et des entreprises.
La situation du commerce international du Canada, sous réserve des données manquantes par suite de l’arrêt des activités gouvernementales aux États-Unis, révèle que les exportations restent loin de s’être rétablies. Les exportations de biens et de services ont augmenté d’à peine 0,7 % au T3. Elles avaient baissé de 25 % au T2, souffrant des tarifs douaniers américains. Les prix plus élevés du pétrole brut et du bitume n’ont pas suffi à compenser pleinement le recul.
Les importations ont chuté de 8,6 %, le plus fort déclin depuis 2022. Les expéditions d’argent, de platine et d’or brut destinées au Canada ont baissé.
En même temps, l’effet du différend commercial semble bien se propager : le chômage est en hausse, et l’optimisme des entreprises et des consommateurs est en baisse. La demande intérieure finale a perdu 0,1 %, et la consommation des ménages a reculé pour la première fois depuis 2021, perdant 0,4 %. Le taux d’épargne des ménages a augmenté légèrement, atteignant 4,7 %.
L’activité des entreprises est restée faible. L’investissement privé dans des structures non résidentielles, du matériel et de l’outillage a baissé pour un deuxième trimestre consécutif, au taux annualisé de -4,5 %. À l’évidence, le Canada ne connaît pas le même essor qu’aux États-Unis de l’investissement lié à l’IA, dans des centres de données et des microprocesseurs de grande puissance. Dans un contexte de pessimisme largement répandu, les entreprises ont puisé dans leurs stocks entre juillet et septembre. L’investissement dans les stocks a baissé de 3,95 milliards de dollars.
En somme
Le gain plus fort que prévu au T3 ne se répétera pas au T4. Selon l’estimation anticipée de Statistique Canada, la croissance du PIB industriel sera de -0,3 % (taux mensuel) en octobre.
Le niveau actuel du taux directeur, à 2,25 %, est toujours un stimulant, mais l’économie canadienne restera en situation précaire jusqu’à ce que soit connue l’issue probable des négociations commerciales avec les États-Unis. Il reste à voir si l’accord de libre-échange États-Unis–Canada–Mexique sera prolongé au-delà de cette année. Dans le cas contraire, le Canada sera bien contraint de repenser foncièrement sa politique commerciale, en cherchant des marchés de remplacement pour les exportations canadiennes.