Publié par Sherry Cooper
Les données de novembre sur l’emploi outrepassent les attentes.
La forte croissance de l’emploi au Canada ramène le taux de chômage à 6,5 %
Les résultats pour novembre de l’Enquête sur la population active outrepassent les attentes un troisième mois de suite.
L’économie canadienne a ajouté 53 600 emplois en novembre. C’est le troisième mois consécutif de gains étonnamment forts dans un contexte de tarifs douaniers américains et d’activité généralement ralentie.
L’emploi a connu une hausse impressionnante de 180 000 depuis septembre. Pour la création d’emplois, c’est la période de trois mois la plus forte depuis environ un an. L’augmentation a plus que compensé les emplois perdus à l’été.
Les jeunes profitent des gains
Les jeunes ont le plus bénéficié des derniers gains de l’emploi, qui sont fortement concentrés chez les 15 à 24 ans. Le taux de chômage des jeunes a ainsi baissé, à 12,8 % contre le sommet de 14,7 % d’il y a un an. Les conditions se sont donc améliorées pour les jeunes travailleurs, même s’il persiste généralement des turbulences cycliques.
L’augmentation de l’emploi du mois dernier doit beaucoup au travail à temps partiel et au secteur privé. Les secteurs des soins de santé et de l’assistance sociale ont gagné le plus d’emplois, soit 46 000.
Les emplois à temps partiel ont augmenté de 63 000 (1,6 %). Sur les trois derniers mois, l’emploi à temps partiel a augmenté de 2,7 % (103 000), soit davantage que la hausse de 0,5 % (78 000) de l’emploi à temps plein.
Le taux d’emploi poursuit sa tendance à la hausse en novembre
La plupart des travailleurs qui sont à temps partiel le sont par choix. Par exemple, ils fréquentent l’école ou ils fournissent des soins à des proches. Cependant, une importante minorité reste à temps partiel en raison de la faiblesse de la demande ou de l’incapacité à obtenir des heures complètes. En novembre, 17,9 % des travailleurs à temps partiel étaient dans la catégorie involontaire. Le pourcentage était à 17,6 % un an plus tôt. De 2017 à 2019, la moyenne du mois était de 19,3 % (données non désaisonnalisées).
En octobre, 19,8 % des personnes qui étaient sans emploi en septembre ont trouvé un emploi. Ce pourcentage est plus élevé qu’un an plus tôt (16,5 %), mais inférieur à la moyenne de 2017 à 2019 (24,6 %). La croissance de l’emploi en novembre a été propulsée par les emplois à temps partiel (+63 000; +1,6 %), qui depuis trois mois ont progressé plus rapidement (+2,7 %) que les emplois à temps plein (+0,5 %).
Les implications pour l’économie
Les observateurs prévoyaient une légère détérioration de l’emploi plutôt qu’une forte hausse. Les économistes sondés par Bloomberg s’attendaient à une baisse de 2500 emplois et une hausse du taux de chômage, à 7 %. La réalité a été une grande surprise positive.
Ces données éclatantes ont fait grimper le dollar canadien et les taux d’intérêt, réduisant la probabilité d’un nouvel assouplissement de la Banque du Canada. Les opérateurs en swaps à un jour ont révisé à la baisse leurs paris sur de nouvelles mesures d’assouplissement de la Banque. Au lieu, ils ont commencé à escompter des hausses du taux d’intérêt de la banque centrale au cours de l’année prochaine, prévoyant une progression d’un quart de point de pourcentage d’ici décembre 2026.
Les données de la semaine passée sur le produit intérieur brut ont aussi révélé que l’économie a progressé bien plus vite que ne le prévoyaient les économistes. Son taux de croissance annualisé atteignait 2,6 % au troisième trimestre. Toutefois, les détails sous-tendant le taux de croissance général confirment que l’économie montre des signes de faiblesse, les tarifs douaniers américains déstabilisant des secteurs stratégiques. La demande intérieure finale a régressé de 0,1 %, et la consommation des ménages, de 0,4 %, alors que les investissements des entreprises étaient stagnants. Ces détails renforcent la perception que les tarifs douaniers américains déstabilisent des secteurs stratégiques clés même si le taux de croissance global reste positif.
D’autres indicateurs du marché du travail continuent de signaler une pression salariale qui est constante, mais sans surchauffe. Le salaire horaire moyen avait gagné 3,6 % sur un an en novembre (une augmentation de 1,27 $, à 37,00 $). En octobre, l’augmentation était à 3,5 % (données non désaisonnalisées).
Les flux d’emplois et de main-d’œuvre semblent aussi être plus fermes qu’il y a un an, mais pas autant que pendant l’expansion de la fin des années 2010.
Les marchés financiers ont réagi rapidement à la combinaison d’une bonne situation de l’emploi et d’une croissance raffermie. Le dollar canadien s’est apprécié et les taux du marché ont grimpé. Les investisseurs en ont encore réduit leurs attentes de nouvelles mesures d’assouplissement de la Banque du Canada. Les prix des swaps au jour le jour tendent plutôt vers un resserrement graduel. Les marchés escomptent une hausse d’environ 25 points de base d’ici décembre 2026.
L’évolution du chômage
Le taux de chômage avait baissé de 0,2 point de pourcentage en octobre, à 6,9 %, contre 7,1 % en octobre et en septembre – le taux le plus haut depuis mai 2016 (hormis pendant la période de pandémie). L’Enquête sur la population active de Statistique Canada indique un taux de chômage de 6,5 % le mois dernier, ce qui est le plus bas depuis juillet 2024. La chute par rapport aux 6,9 % d’octobre est le plus grand changement du taux de chômage depuis 2022.
La baisse du taux de chômage est en partie attribuable au fait que la population active du Canada a diminué de 25 700 au cours du mois. Le taux d’activité a baissé, à 65,1 %. Le gouvernement du premier ministre Mark Carney a maintenu les limites à l’immigration imposées par son prédécesseur après la pandémie. Il a ainsi limité la croissance démographique et affaibli l’offre de main-d’œuvre.
En somme
La Banque du Canada a rappelé que son mandat premier est la stabilité des prix, ce qui laisse effectivement à la politique budgétaire la tâche de réduire l’écart de production. Au début de l’année prochaine, il commencera sans doute à devenir évident que l’apport des grands projets d’immobilisations arrive trop lentement pour réellement compenser la faiblesse à court terme de l’activité. Si les mises à pied continuent au rythme actuel et si les États-Unis se retiraient de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, un nouvel effort d’assouplissement monétaire paraîtrait d’autant plus pertinent.
Hormis ce scénario pessimiste, la voie la plus plausible est celle d’une normalisation lente et limitée de la politique. Le marché escompte actuellement une augmentation de 25 points de base du taux à un jour d’ici la fin de l’année prochaine.