Publié par Sherry Cooper
Les données de décembre sur l’emploi au Canada ne sont pas si faibles qu’il n’y paraît.
La vive augmentation des salaires retiendra l’attention de la Banque du Canada
Les données de décembre de l’Enquête sur la population active publiées aujourd’hui par Statistique Canada reflètent une situation mitigée mais finalement plus robuste qu’il n’y paraît. L’emploi total au Canada n’a guère changé, augmentant d’à peine 100 le dernier mois de 2023. Cependant, le taux de participation au marché du travail a baissé. Le taux de chômage reste à 5,8 %. La plupart des économistes s’attendaient à une augmentation bien plus grande de l’emploi, et à une hausse du taux de chômage.
Le Canada a un des plus forts taux de croissance démographique au monde, par suite des hauts niveaux d’immigration. Cependant, l’augmentation de l’emploi était inférieure à l’augmentation de la population active ces derniers mois.
Le taux d’emploi – la proportion de la population en âge de travailler qui occupe un emploi – a suivi une tendance à la baisse en 2023 parmi le principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans), tant pour les hommes que pour les femmes.
Le taux d’activité – le nombre de personnes en emploi et au chômage exprimé en pourcentage de la population de 15 ans et plus – a reculé en décembre (-0,2 point de pourcentage) pour s’établir à 65,4 %. Il s’agit d’une baisse par rapport au récent sommet de 65,7 %, atteint en juin. La majeure partie de la diminution enregistrée de juin à décembre était attribuable à une baisse du taux d’activité des jeunes, qui a reculé de 2,1 points de pourcentage pour s’établir à 63,5 % au cours de la période. Par rapport à un an plus tôt, le taux d’activité a diminué de 3,3 points de pourcentage pour s’établir à 85,4 % chez les jeunes qui ne fréquentent pas l’école. En même temps, il a diminué de 1,0 point de pourcentage pour s’établir à 46,4 % chez les jeunes aux études (données non désaisonnalisées).
Le taux d’activité est demeuré stable chez les personnes du principal groupe d’âge actif (88,7 %) et chez les personnes âgées de 55 ans et plus (36,9 %), par rapport à juin 2023 et à décembre 2022.
Le total des heures travaillées a augmenté de 0,4 % en décembre par rapport à un mois plus tôt, et de 1,7 % comparativement à un an plus tôt. En novembre, il avait baissé de 0,7 % par rapport au mois précédent.
L’emploi dans le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques a augmenté de 46 000 (+2,4 %) en décembre, après avoir peu varié au cours des trois mois précédents. Il s’agissait de la deuxième hausse mensuelle dans le secteur en 2023, après celle de 52 000 en août. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans ce secteur était en hausse de 78 000 (+4,2 %) en décembre.
Après avoir peu varié pendant quatre mois, l’emploi dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale a progressé de 16 000 (+0,6 %) en décembre, ce qui a fait suite aux hausses enregistrées en juin (+21 000) et en juillet (+25 000). Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans les soins de santé et l’assistance sociale était en hausse de 124 000 (+4,8 %) en décembre. Selon les plus récentes données de l’Enquête sur les postes vacants et les salaires, le taux de postes vacants dans les soins de santé et l’assistance sociale s’est établi à 5,3 % en octobre 2023, en baisse par rapport au sommet de 6,3 % atteint en avril, mais tout de même le taux le plus élevé parmi tous les secteurs.
En décembre, l’emploi a diminué pour un troisième mois consécutif dans le secteur du commerce de gros et de détail (-21 000; -0,7 %). D’août à décembre, l’emploi dans le secteur a reculé de 80 000 (-2,7 %). Cette baisse a fait suite aux hausses enregistrées de décembre 2022 à août 2023, lorsque l’emploi avait progressé de 108 000 (+3,7 %).
En décembre, l’emploi a progressé en Colombie-Britannique (+18 000; +0,6 %), en Nouvelle-Écosse (+6 300; +1,3 %), en Saskatchewan (+4800; +0,8 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (+2400; +1,0 %), tandis qu’il a reculé en Ontario (-48 000; -0,6 %). Dans les autres provinces, l’emploi n’a guère changé.
Ce qui préoccupera le plus la Banque du Canada est l’accélération de l’inflation salariale. Elle était à 5,4 % sur un an le mois passé, comparativement à 4,8 % les deux mois précédents. Comme la productivité est en baisse au Canada, voilà qui augure mal pour l’inflation globale. Cela étant, la Banque du Canada continuera de faire preuve de prudence.
En somme
La Banque du Canada tiendra sa prochaine réunion le 24 janvier, avant quoi nous verrons les données de décembre sur l’inflation, le 16 janvier. Vu les données inégales du marché du travail, en particulier la hausse des salaires, la Banque du Canada restera prudente. Elle attendra que l’inflation se stabilise sensiblement sous les 3 % avant de réduire le taux directeur une première fois dans le présent cycle.