Publié par Sherry Cooper
L’emploi progresse plus que prévu au Canada en novembre, bien que le chômage augmente et que le nombre d’heures travaillées chute.
Chômage au plus haut niveau en 22 mois, avec des baisses notables en finance et dans l’immobilier
Les données de novembre de l’Enquête sur la population active publiées aujourd’hui par Statistique Canada sont paradoxales. Au total, la création d’emplois a été plus forte que prévu. Cependant, la hausse du taux de chômage et la baisse des heures travaillées témoignent d’une faiblesse croissante de l’économie, surtout dans les secteurs de la finance et de l’immobilier.
L’emploi au Canada a augmenté en novembre 2023 de 24 900 au lieu des 15 000 prévus, après la hausse de 17 500 d’octobre. L’emploi a progressé notamment dans le secteur de la fabrication (+28 000) et dans le secteur de la construction (+16 000). Par contre, il a baissé dans le commerce de gros et de détail (-27 000) ainsi que dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail (-18 000). Le rapport de novembre indique un quatrième mois consécutif d’augmentation de l’emploi. Pourtant, la Banque du Canada notait en octobre que « la création d’emplois a été moins forte que l’augmentation de la population active récemment, et les postes vacants ont continué de diminuer », ce qui indique un ralentissement de la demande de main-d’œuvre. La création d’emplois a été d’en moyenne 39 000 par mois jusqu’à présent cette année, alors que la population a augmenté en moyenne de 80 800 par mois.
La croissance démographique rapide – engendrée par la politique d’ouverture du Canada – a stimulé l’activité économique. Malgré les fortes mesures de resserrement de la Banque du Canada, les marchés du travail restent résilients. Selon les données publiées hier, le PIB a reculé de 1,1 % au troisième trimestre, même si le logement, les dépenses gouvernementales et la consommation privée étaient en croissance. Les données plus récentes sur le T4 laissent entrevoir une reprise de l’activité globale. Les données d’aujourd’hui sur l’emploi révèlent une augmentation plus forte que prévu en novembre.
Selon d’autres données publiées la semaine passée, les ventes au détail au Canada étaient aussi plus fortes que prévu. Les consommateurs ont beaucoup dépensé en septembre et octobre, même si les taux d’intérêt élevés exerçaient une pression sur les budgets des ménages. Les recettes de vente au détail ont augmenté de 0,8 % en octobre. C’était la plus grande augmentation depuis avril, venant après la hausse inattendue de 0,6 % en septembre, ce qui surpasse de loin l’estimation médiane d’une croissance nulle selon les économistes sondés par Bloomberg.
Le taux de chômage a augmenté pour un deuxième mois consécutif, poursuivant la tendance à la hausse amorcée en avril. Le taux de chômage a augmenté de 0,1 point de pourcentage pour atteindre 5,8 % en novembre, ce qui a porté la hausse cumulative depuis avril 2023 à 0,8 point de pourcentage. Par rapport à un an plus tôt, les chômeurs en novembre étaient plus susceptibles d’avoir été mis à pied de leur emploi précédent, ce qui reflète la présence de conditions économiques et du marché du travail plus difficiles en 2023 qu’en 2022.
Dans le secteur de la construction, l’emploi a augmenté de 16 000 (+1,0 %) en novembre, après avoir progressé de 23 000 (+1,5 %) en octobre. Bien que l’emploi ait reculé dans la construction tout au long du printemps et de l’été 2023, les hausses enregistrées en octobre et en novembre ont porté l’emploi dans ce secteur à 15 000 près du sommet enregistré en janvier 2023. Selon les plus récentes données sur la construction de bâtiments, l’investissement en construction de bâtiments, surtout de bâtiments résidentiels, a suivi une tendance à la baisse au cours de la majeure partie de 2023, avant de se redresser partiellement en août et septembre.
L’emploi a reculé de 27 000 (-0,9 %) dans le secteur du commerce de gros et de détail en novembre, après avoir diminué de 22 000 (-0,7 %) en octobre. En date de novembre, l’emploi dans ce secteur en novembre était à son plus bas niveau depuis décembre 2022.
Dans le secteur de la finance, des assurances, des services immobiliers et des services de location et de location à bail, l’emploi a reculé de 18 000 (-1,3 %) en novembre. Depuis juillet, l’emploi dans ce secteur a diminué de 63 000 (-4,4 %), ce qui représente la baisse la plus prononcée parmi tous les secteurs au cours de la période.
La croissance des salaires était stable, à 4,8 % sur un an, bien au-dessus de ce que vise la Banque du Canada compte tenu du déclin de la productivité.
Les heures travaillées ont diminué de 0,7 % malgré une hausse importante de l’emploi à temps plein. Il s’agit de la plus forte baisse mensuelle depuis le début de 2022, ce qui n’augure pas bien pour la croissance du PIB pour le mois, après la vigueur étonnante de l’estimation éclair d’octobre publiée hier.
En somme
La semaine passée, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a affirmé que les taux d’intérêt étaient peut-être suffisamment restrictifs pour rétablir la stabilité des prix. Il a ajouté que la pression à la baisse de l’inflation augmentera encore, l’économie paraissant devoir rester faible pendant les quelques prochains trimestres.
Toutes les données pertinentes sont maintenant connues en vue de la décision que prendra la Banque du Canada mercredi prochain, 6 décembre. On peut prévoir que la Banque maintiendra sa pause et indiquera qu’un assouplissement de la politique monétaire pourrait commencer dans les mois à venir si l’inflation continue de baisser. Actuellement, les marchés escomptent une première réduction de taux en avril 2024. Ce serait assurément de nature à engendrer une forte activité sur le marché immobilier du printemps. Je m’attends à ce que le taux à un jour baisse de 200 points de base d’ici la fin 2024, à 3,0 %. Les prêts hypothécaires à taux variable baisseraient d’autant. Les prêts hypothécaires à taux fixe ont déjà commencé à baisser, par suite de la forte baisse des rendements obligataires à moyen terme. Une accélération de la chute des taux hypothécaires fixes est probable l’année prochaine, considérant que l’écart entre ces taux et les rendements du marché sont encore à un niveau historiquement élevé.