Publié par Sherry Cooper
Le marché de l’emploi au Canada gémit en mars alors qu’il rugit aux États-Unis.
La faiblesse de l’emploi en mars pourrait mener à une baisse des taux d’intérêt en juin
Les données de mars de l’Enquête sur la population active publiées aujourd’hui par Statistique Canada sont bien plus faibles que prévu. L’emploi a diminué de 2200, et le taux d’emploi est en baisse pour un sixième mois consécutif, à 61,4 %.
Le total des heures travaillées en mars était pratiquement inchangé, mais il était en hausse de 0,7 % par rapport à 12 mois plus tôt.
Les détails vont dans le même sens : les emplois à temps plein étant en baisse, le total des heures travaillées a perdu 0,3 %. Seules deux provinces ont connu une hausse de l’emploi. Une chute de 29 000 dans le travail autonome est la principale source de faiblesse, alors que l’emploi dans le secteur privé progressait convenablement, de 15 000. Pour la Banque du Canada, la difficulté est que les gains salariaux ne faiblissent pas malgré une hausse du taux de chômage. Les salaires horaires moyens ont de fait pris de la vigueur, avec un gain atteignant 5,1 % sur un an, soit deux points de pourcentage de plus que l’inflation globale. Comme la productivité ne bouge guère, cette progression de 5 % se répercutera sur les coûts et menace d’entretenir l’inflation.
Le taux de chômage au Canada a bondi à 6,1 % en mars 2024, contre 5,8 % un mois plus tôt. C’est le plus haut niveau depuis octobre 2021, et c’est plus que les 5,9 % que prévoyait le marché. Le résultat concorde avec le discours de la Banque du Canada selon lequel les taux d’intérêt élevés ont un plus grand effet sur le marché canadien de l’emploi. Les colombes au sein du Conseil de direction de la Banque y verront la justification d’une réduction de taux d’intérêt au deuxième trimestre. La population sans emploi a bondi de 60 000, à 1,260 million, dont 65 % sont à la recherche d’un emploi depuis plus d’un mois. Le taux de chômage est à son plus haut niveau en sept ans parmi les jeunes (12,6 %, contre 11,6 % en février); il a progressé plus modestement pour le principal groupe d’âge actif (5,2 %, contre 5 %). En mars, il y avait moins d’emplois dans les secteurs des services d’hébergement et de restauration (-27 000; -2,4 %), du commerce de gros et de détail (-23 000; -0,8 %) et des services professionnels, scientifiques et techniques (-20 000; -1,0 %). L’emploi a augmenté dans quatre secteurs, en particulier dans les soins de santé et l’assistance sociale (+40 000; +1,5 %).
En mars, le salaire horaire moyen des employés a progressé de 5,1 % (+1,69 $ pour atteindre 34,81 $) par rapport à un an plus tôt, après avoir augmenté de 5,0 % en février (données non désaisonnalisées). Ce sera plus élevé que n’aimerait le voir la Banque du Canada.
En somme
La banque centrale tient sa prochaine réunion mercredi prochain, et une baisse de taux d’intérêt est peu probable. Je prévois encore que les baisses de taux commenceront à la réunion suivante, en juin. L’économie canadienne est résiliente, mais elle souffrira de la hausse des coûts hypothécaires vu que de nombreux prêts hypothécaires seront à renouveler dans les deux années à venir. Les taux de délinquance ont déjà augmenté. Par ailleurs, la réduction prévue du nombre de résidents temporaires ralentira aussi l’activité économique.
Le marché américain de l’emploi est encore en essor, et la Banque du Canada ne commencera sans doute pas à réduire les taux d’intérêt avant que la Fed ne le fasse.