Publié par Sherry Cooper
L’activité se renforce nettement sur le marché canadien de l’habitation en avril.
La vigueur du marché immobilier du printemps augure bien pour l’économie
L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) rapporte que les ventes d’habitations ont bondi de 11,3 % d’un mois à l’autre en avril. La reprise printanière fait suite aux gains successifs, bien que plus modestes, des deux mois précédents. Comme la Banque du Canada marque une pause dans les hausses de taux d’intérêt et que les prix des maisons ont fléchi dans la plupart des régions, les acheteurs se ruent sur l’offre limitée de maisons disponibles.
Suivant la tendance des derniers mois, la hausse des ventes a été généralisée, mais encore une fois dominée par le Lower Mainland de la Colombie-Britannique et la région du Grand Toronto. À Toronto, par exemple, les ventes ont augmenté de 27 % d’un mois à l’autre. C’est la plus forte hausse mensuelle des deux dernières décennies, hormis la reprise à la suite des confinements pour cause de COVID en 2020.
Le prix de référence d’une maison à Toronto a grimpé à 1,11 million de dollars, une hausse de 2,4 %, en données désaisonnalisées. Les baisses constatées plus tôt cette année sont ainsi effacées, les prix étant en augmentation de 0,5 % sur les quatre premiers mois de 2023.
Nouvelles inscriptions
L’offre n’est pas seulement faible, mais extrêmement faible. Les plus récentes données indiquent toutefois que les nouvelles inscriptions ont augmenté dans la première semaine de mai. Le manque persistant de nouvelles inscriptions nuit à l’abordabilité des maisons.
Le nombre de propriétés nouvellement inscrites a augmenté de 1,6 % d’un mois à l’autre en avril; cependant, l’offre demeure à son plus bas niveau en 20 ans. Avec une progression de 2,8 %, les nouvelles inscriptions sur la marché de Toronto sont bien insuffisantes vu l’augmentation des ventes de 27 %. En conséquence, l’offre de maisons a diminué, après avoir augmenté de 12,3 % au cours de la dernière année. Le rapport entre inscriptions actives et ventes, un indice du caractère concurrentiel du marché pour les acheteurs, est plus serré que la moyenne historique.
Le marché immobilier de Toronto n’est pas le seul à connaître une offre serrée et des prix en hausse. Vancouver, depuis longtemps un des marchés les plus chers au pays, a aussi vu son prix de référence grimper de 2,4 % le mois passé.
Les ventes nationales ayant largement dépassé les nouvelles inscriptions en avril, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a bondi à 70,2 %, contre 64,1 % en mars. La moyenne à long terme de cette mesure est de 55,1 %.
On comptait 3,3 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin d’avril 2023, soit une baisse d’un demi-mois par rapport aux 3,8 mois enregistrés à la fin de mars. La moyenne à long terme de cette mesure est d’environ cinq mois.
Prix des maisons
En avril 2023, l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a grimpé de 1,6 % d’un mois à l’autre, ce qui représente une forte augmentation pour un seul mois. Cette augmentation était aussi généralisée. De mars à avril, une augmentation mensuelle des prix a été observée dans la plupart des marchés locaux.
Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en avril 2023 s’est établi à 716 000 $, soit une baisse de 3,9 % par rapport à avril 2022, mais une hausse de 103 500 $ par rapport à janvier 2023, un gain attribuable aux rebonds importants des ventes dans la région du Grand Toronto et dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique.
En somme
Le marché canadien de l’habitation a entrepris un virage. L’inventaire reste extrêmement faible, mais les maisons se vendent, et se vendent rapidement. Les acheteurs apprécient les taux hypothécaires fixes à court terme, ce qui est un changement notable par rapport à la période avant que la Banque du Canada commence à augmenter les taux.
Le reste de cette année, la Banque du Canada n’augmentera sans doute pas les taux, mais je ne prévois pas que le gouverneur Macklem les réduira. Il reste toutefois à voir comment l’inflation évoluera. Nous aurons des nouvelles à ce sujet demain.
Le fait que les marchés du travail restent forts et que l’activité reprend dans le domaine de l’habitation doit certainement inquiéter quelque peu la Banque du Canada – si elle veut ramener l’inflation à sa cible de 2 % l’année prochaine.
Autre élément notable, la forte augmentation de la population canadienne – du fait de l’immigration – a aggravé la pénurie de logements. L’offre de nouvelles habitations, et surtout d’habitations abordables, est insuffisante pour une population en forte hausse. Par ailleurs, un récent rapport de Benjamin Dachis, de l’Institut C.D. Howe, signale d’importants obstacles gouvernementaux à une offre adéquate de logements.
L’Institut recommande :
- de prévoir l’application non politique des politiques municipales en matière de logement;
- de réformer les frais imposés pour les nouveaux projets domiciliaires;
- d’alléger les restrictions sur la construction en hauteur et en banlieue.