Publié par Sherry Cooper
La faiblesse des données sur l’emploi au Canada présage d’autres réductions de taux d’intérêt.
Les données sur l’emploi plus faibles que prévu laissent entrevoir de plus fortes réductions de taux d’intérêt
Statistique Canada a publié ses données sur l’emploi en août aujourd’hui, révélant que l’offre excédentaire continue de croître sur les marchés du travail partout au pays. L’emploi a peu varié le mois passé, étant en hausse de 22 100. Le taux d’emploi – la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui occupe un emploi – a diminué de 0,1 point de pourcentage, à 60,8 %. C’est la quatrième baisse mensuelle consécutive et la 10e depuis 11 mois. Par rapport à un an plus tôt, le taux d’emploi en août était en recul de 1,2 point de pourcentage, la croissance de l’emploi (+1,6 %) étant surpassée par la croissance de la population d’âge actif (+3,5 %).
Le nombre d’emplois à temps plein a baissé de 44 000, tandis que le travail à temps partiel a augmenté de 66 000. C’est le quatrième mois de suite de gains très modestes dans l’emploi.
La Banque du Canada a manifesté une préoccupation croissante au sujet de l’écart de production – la différence entre la croissance économique en plein emploi et la croissance actuelle en sous-emploi, de moins de 2 %.
Le nombre d’employés dans le secteur privé a augmenté de 38 000 (+0,3 %) en août, compensant largement la baisse du mois précédent (‑42 000; ‑0,3 %). L’augmentation de l’emploi dans le secteur privé en août était la première depuis avril. L’emploi dans le secteur public et le travail autonome ont tous deux peu varié en août.
La croissance de l’emploi depuis un an était concentrée dans le principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans), hommes et femmes, alors que le chômage montait en flèche pour les jeunes. Les jeunes immigrants ont été les plus durement touchés.
Le taux de chômage a progressé de 0,2 point de pourcentage en août, à 6,6 %, après avoir été stable en juillet. Ce niveau est le plus élevé depuis mai 2017, hormis la période de 2020 et 2021 pendant la pandémie de COVID‑19. Le taux de chômage a généralement augmenté depuis avril 2023, grimpant de 1,5 point de pourcentage.
En août 2024, 1,5 million de personnes étaient sans emploi, soit 60 000 de plus (+4,3 %) qu’en juillet et 272 000 de plus (+22,9 %) qu’en août 2023.
Parmi les sans-emploi de juillet, 16,7 % ont trouvé de l’emploi en août (données non désaisonnalisées). C’est moins que la proportion correspondante d’août 2023 (23,2 %), signe que les sans-emploi ont davantage de difficulté à trouver du travail.
En août, le taux de chômage a augmenté pour les hommes de 25 à 54 ans (+0,4 point de pourcentage, à 5,7 %) et pour les hommes de 55 ans et plus (+0,4 point de pourcentage, à 5,5 %), sans guère changer pour les autres grands groupes démographiques.
Même si le taux de chômage était en hausse en août par rapport à un an plus tôt pour tous les groupes d’âge, l’augmentation était plus conséquente pour les jeunes (+3,2 points de pourcentage, à 14,5 %). La hausse touche un peu plus les jeunes hommes (+3,8 points de pourcentage, à 16,3 %) que les jeunes femmes (+2,6 points de pourcentage, à 12,6 %).
Pour le principal groupe d’âge actif, le taux de chômage était en hausse de 0,9 points de pourcentage sur un an en août, à 5,4 %. Dans ce groupe d’âge, des augmentations ont été constatées pour tous les niveaux de scolarité. D’une année à l’autre, le taux de chômage était en hausse en août pour les personnes du principal groupe d’âge ayant au plus un diplôme d’études secondaires (+1,5 point de pourcentage, à 8,2 %), pour celles qui ont des études postsecondaires inférieures au baccalauréat (+0,7 point de pourcentage, à 5,5 %) ainsi que pour celles qui ont un baccalauréat ou des études d’un niveau supérieur (+0,9 point de pourcentage, à 6,2 %) (données non désaisonnalisées).
En août, l’emploi a augmenté dans les services éducatifs pour la première fois depuis janvier, progressant de 27 000 (+1,7 %). Par rapport à 12 mois plus tôt, ce secteur employait 75 000 personnes de plus (+5,1 %).
L’emploi dans les soins de santé et l’assistance sociale a augmenté de 25 000 (+0,9 %) en août. Depuis 12 mois jusqu’en août, les gains dans les soins de santé et l’assistance sociale (+157 000; +5,8 %) sont les plus importants de tous les secteurs, et ils représentaient presque la moitié (49,6 %) de la croissance totale nette de l’emploi.
L’augmentation annuelle de l’emploi dans les soins de santé et l’assistance sociale a touché tant le secteur privé (+94 000; +8,6 %) que le secteur public (+77 000; +6,1 %) Pendant cette période, le travail autonome a peu varié dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale (données non désaisonnalisées).
Le taux de chômage au Canada a augmenté depuis le début de l’année passée, quand il était à 5 %.
Chez les jeunes, le chômage a continué de grimper en août, atteignant les 14,5 %, soit le plus haut niveau depuis 2012 hormis pendant la pandémie.
En somme
Les données indiquent une détérioration de la demande de main-d’œuvre, l’économie manquant constamment de créer des emplois au même rythme que la population augmente. Même s’il n’y a guère de signes de mises à pied massives, la faiblesse persistante augmentera probablement les pressions désinflationnistes. La Banque du Canada pourra ainsi continuer d’abaisser graduellement les coûts d’emprunt.
Il reste que la hausse inattendue du taux de chômage alimentera le débat au sujet de réductions plus marquées des taux d’intérêt. Les opérateurs en swaps indexés à un jour parient d’autant plus que la Banque du Canada décrétera une réduction de 50 points de base lors de sa réunion du 23 octobre. Ils en situent maintenant la probabilité à environ 40 %, contre environ 30 % la veille.
Mercredi, les décideurs, sous la direction du gouverneur Tiff Macklem, ont réduit le taux directeur de 25 points de base pour une troisième fois de suite. Ils indiquent se soucier de plus en plus des risques de baisse et vouloir parer le risque que la croissance ralentisse trop. S’adressant à des journalistes, le gouverneur Macklem a rapporté que le Conseil de direction avait discuté d’un scénario où l’économie et l’inflation seraient faibles au point où il faudrait réduire les coûts d’emprunt de plus d’un quart de point. Les décideurs ont aussi insisté qu’ils tiennent à leur cible d’une inflation à 2 %. « Il faut de plus en plus se protéger contre le risque que l’économie et l’inflation ralentissent trop », a dit le gouverneur.
Un autre rapport sur l’emploi sera publié avant la décision d’octobre sur le taux d’intérêt. Selon un sondage réalisé par Bloomberg, la plupart des économistes prévoient que la Banque réduira le taux de 25 points de base à chacune de ses quatre prochaines réunions, et que le taux directeur sera à 3 % d’ici la mi‑2025.