Publié par Sherry Cooper
La Banque du Canada hausse le taux directeur de 25 points et conserve son portefeuille d’obligations.
La Banque du Canada commence à augmenter les taux, et laisse entrevoir que ce n’est pas fini
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a augmenté le taux directeur à un jour d’un quart de pourcent, comme c’était largement attendu, et laisse entrevoir qu’il y aura d’autres hausses. Il s’agit de la première augmentation de taux depuis 2018. Faisant preuve de prudence, la Banque a annoncé qu’elle poursuit sa phase de réinvestissement, gardant le portefeuille global d’obligations du gouvernement du Canada inscrites à son bilan assez stable.
Le communiqué de la Banque souligne le fait que l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie est une nouvelle source majeure d’incertitude, ce qui pourrait augmenter sensiblement les pressions inflationnistes. Les prix du pétrole, des métaux, du blé et d’autres céréales se sont envolés récemment. En outre, cette distension géopolitique mine la confiance dans le monde entier et crée de nouvelles perturbations de l’approvisionnement qui pèsent sur la croissance. « La volatilité des marchés financiers s’est accrue. La situation reste fluide et nous suivons son évolution de près. »
La Banque a noté que les économies ont surmonté les effets du variant Omicron plus rapidement que ce n’était prévu. La demande est robuste, surtout aux États-Unis.
« Au Canada, la croissance économique a été très forte au quatrième trimestre de 2021, atteignant 6,7 %. Cette progression est supérieure à la projection de la Banque et confirme sa perception que les capacités excédentaires de l’économie se sont résorbées. Les exportations et les importations se sont redressées, ce qui reflète la vigueur de la demande mondiale. En janvier, la reprise du marché du travail canadien a été entravée par le variant Omicron, qui a entraîné des mises à pied temporaires dans les secteurs des services et un fort absentéisme des employés. Cependant, la reprise au sortir de la vague Omicron paraît maintenant bien entamée : les dépenses des ménages s’avèrent résilientes et devraient se renforcer davantage avec la levée des restrictions sanitaires. L’activité sur le marché du logement est plus élevée, ce qui amplifie les pressions sur les prix des logements. Dans l’ensemble, la croissance au premier trimestre s’annonce à présent plus solide qu’on l’avait anticipé. »
L’augmentation de l’indice des prix à la consommation a atteint 5,1 % comme on s’y attendait en janvier, soit nettement moins que les 7,5 % enregistrés aux États-Unis. « Les hausses de prix se sont généralisées et les mesures de l’inflation fondamentale ont toutes augmenté. Les mauvaises récoltes et les coûts de transport plus élevés ont fait monter les prix des aliments. L’invasion de l’Ukraine exerce des pressions à la hausse supplémentaires sur les prix de l’énergie et des produits de base alimentaires. Tout compte fait, on s’attend désormais à ce que l’inflation à court terme dépasse la projection de janvier. Une inflation qui demeure élevée accroît le risque que les attentes d’inflation à plus long terme se mettent à augmenter. La Banque utilisera ses outils de politique monétaire pour ramener l’inflation à la cible de 2 % et garder les attentes d’inflation bien ancrées. »
L’ultime paragraphe du communiqué de la Banque est très clair : « Le taux directeur est le principal instrument de politique monétaire de la Banque. Dans la mesure où la croissance de l’économie se poursuit et où les pressions inflationnistes restent fortes, le Conseil de direction s’attend à ce que les taux d’intérêt doivent encore augmenter. [Le Conseil de direction] évaluera aussi à quel moment il mettra fin à la phase de réinvestissement et laissera son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada commencer à décroître. Le resserrement quantitatif découlant de cette mesure viendra s’ajouter aux hausses du taux directeur. Le moment et le rythme des hausses subséquentes de ce taux, et le début du resserrement quantitatif, seront guidés par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et par son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 %. »
En somme
La Banque du Canada s’est prononcée clairement au sujet des perspectives d’une normalisation des taux d’intérêt. Nous prévoyons une série de hausses de taux au cours de la prochaine année. Il faut s’attendre à une autre augmentation de 25 points de base dans la foulée de la prochaine réunion, le 13 avril. L’incertitude et la volatilité accrues par suite de la guerre en Ukraine inquiètent le monde entier. Pour autant, les banques centrales ne renonceront pas à resserrer la politique monétaire pour parer à une augmentation des anticipations inflationnistes.
La Banque du Canada a reporté le resserrement quantitatif – pour maintenant, ce qui est prudent face à l’incertitude géopolitique.