Publié par Sherry Cooper
La Banque du Canada hausse le taux directeur de 25 pb, à 4,5 % – un sommet en 22 ans.
Les taux d’intérêt resteront plus élevés plus longtemps
La Banque du Canada a remonté le taux directeur de 25 points de base ce matin. Il est maintenant à 5,0 %, son plus haut niveau depuis mars 2001. Jamais une décision n’avait-elle été aussi largement attendue. Quoi qu’il en soit, les prévisions détaillées que la Banque présente dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) de juillet laissent entrevoir une croissance plus forte et une trajectoire plus longue pour parvenir à la cible de 2 % pour l’inflation. La Banque du Canada croit que l’économie est toujours en situation de demande excédentaire, et que la croissance restera plus vigoureuse que prévu – avec des marchés du travail serrés, un haut niveau d’épargne accumulée des ménages et une croissance démographique rapide. « Les nouveaux arrivants au Canada rejoignent la population active, venant pallier les pénuries de main-d’œuvre. En même temps, ils stimulent la consommation et soutiennent la demande de logements. »
La Banque prévoit que la croissance du PIB sera d’en moyenne 1,0 % jusqu’au milieu de l’année prochaine – un atterrissage en douceur de l’économie. « Ainsi, nous nous attendons à ce que l’économie commence à afficher une modeste offre excédentaire au début de 2024, ce qui devrait alléger les pressions sur les prix. Nous prévoyons que l’inflation mesurée par l’IPC restera autour de 3 % pour l’année à venir, puis baissera graduellement avant d’atteindre la cible de 2 % au milieu de 2025. » Ce sera ainsi environ six mois plus tard que la Banque le prévoyait en avril. Par conséquent, les taux d’intérêt resteront plus élevés plus longtemps.
Alors que l’inflation au Canada a baissé relativement vite, l’évolution est en grande partie attribuable aux prix plus bas de l’énergie et aux effets de glissement annuel, qui font que les fortes hausses de prix de l’an dernier n’entrent plus dans le calcul de l’inflation sur douze mois. Les prix continuent d’augmenter sensiblement pour un éventail de biens et services. Nos mesures privilégiées de l’inflation fondamentale – utilisées pour mesurer les pressions inflationnistes sous-jacentes – ont reculé, mais pas autant qu’escompté.
Les prix continuent d’augmenter sensiblement pour un éventail de biens et services. Les mesures de l’inflation fondamentale ont baissé, mais moins que prévu (voir le graphique ci-dessous). Une des mesures de l’inflation fondamentale – excluant les prix de l’alimentation, de l’énergie et du logement – reste élevée et demeurera sans doute tenace.
Pour éliminer les effets de glissement annuel, la Banque examine les taux d’inflation fondamentale sur trois mois. Ceux-ci sont restés entre 3,5 % et 4,0 % depuis septembre 2022, près d’un point de pourcentage de plus que ne le prévoyait la Banque au début de cette année.
De plus, les marchés du travail restent très serrés. Le taux de chômage a certes augmenté, à 5,4 %, mais il reste faible par rapport aux normes historiques. Il y avait 5,7 % de chômage au début de la pandémie, ce qui était considéré comme étant près du plein emploi. La création d’emplois a été forte, avec une progression nette de 290 000 emplois dans les six premiers mois de 2023. Les nouveaux arrivants dans la population active ont été embauchés rapidement, et l’augmentation des salaires a été d’environ 4 % à 5 %.
La revente de maisons a augmenté plus vite que prévu, alors que l’offre reste insuffisante. Les prix des maisons ont ainsi augmenté davantage que la Banque du Canada ne le prévoyait en janvier (voir le graphique ci-dessous). Selon le RPM de janvier : « La vigueur inattendue des prix des logements devrait persister et faire grimper l’inflation d’au plus 0,3 point de pourcentage d’ici la fin de 2023, comparativement à ce qui avait été projeté en janvier. »
En somme
Comme toujours, les prochaines décisions de la Banque du Canada dépendront des données. Les taux d’intérêt resteront plus élevés plus longtemps si la Banque a raison de croire que l’inflation n’arrivera pas à la cible de 2 % avant 2025. Nous ne pouvons pas exclure des hausses de taux supplémentaires à l’avenir. Ce matin, les données sur l’inflation de juin aux États-Unis ont été publiées, révélant un net recul de 4 % en mai à 3 % en juin. Les marchés se sont redressés dans le monde entier, faisant baisser les rendements des obligations canadiennes malgré les mesures de resserrement de la Banque du Canada. Les difficultés causées par la hausse constante des taux hypothécaires sont déjà évidentes. Le BSIF (Bureau du surintendant des institutions financières) a récemment annoncé la possibilité d’une hausse des fonds propres exigés pour les institutions financières fédérales assurées à l’égard de prêts hypothécaires avec un rapport prêt-valeur supérieur à 65 % et un amortissement particulièrement élevé. Cette proposition est maintenant soumise à des consultations. Il semble que le BSIF et l’instance fédérale de protection des consommateurs travaillent à l’encontre l’un de l’autre.