Publié par Sherry Cooper
Forte hausse des inscriptions en janvier, alors que la menace de tarifs douaniers pèse sur les ventes.
L’incertitude liée aux tarifs douaniers n’est pas favorable pour le marché canadien du logement
Les systèmes MLS® canadiens ont enregistré une hausse à deux chiffres de l’offre en janvier 2025 par rapport à décembre 2024. Toutefois, les ventes ont chuté à la fin du mois, probablement en raison de l’incertitude liée à une possibilité de guerre commerciale avec les États-Unis.
En janvier, les ventes ont baissé de 3,3 % d’un mois à l’autre, mais surtout en raison d’un ralentissement au cours de la dernière semaine du mois.
Quant au nombre de propriétés nouvellement inscrites, il a augmenté de 11 % par rapport au dernier mois de 2024. À l’exception de certaines fluctuations extrêmes observées pendant la pandémie, il s’agit de la plus forte augmentation mensuelle désaisonnalisée de l’offre jamais enregistrée depuis la fin des années 1980.
« Les tendances marquantes du début de l’année ont été une forte augmentation de l’offre à une période inhabituelle de l’année, ainsi qu’un affaiblissement des ventes qui ne s’est manifesté qu’au cours de la dernière semaine de janvier, a déclaré Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Le moment auquel s’est produit ce changement dans la demande ne laisse aucun doute quant à sa cause : l’incertitude liée aux tarifs douaniers. Cette situation, combinée à une offre plus élevée, signifie que les marchés qui s’étaient progressivement resserrés depuis l’automne dernier enregistrent soudainement une nouvelle baisse des prix, en particulier en Colombie-Britannique et en Ontario. »
Nouvelles inscriptions
Alors que les ventes sont en baisse dans un contexte de forte augmentation de l’offre, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions à l’échelle nationale est tombé à 49,3 %, alors qu’il variait entre 55 et 60 % au quatrième trimestre de l’année dernière. La moyenne à long terme de ce ratio est de 55 %. On parle normalement d’un marché de l’habitation équilibré lorsque le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions se situe entre 45 et 65 %.
À la fin de janvier 2025, près de 136 000 propriétés étaient inscrites à la vente dans l’ensemble des systèmes MLS® canadiens, ce qui représente une hausse de 12,7 % par rapport à l’année précédente, mais qui demeure un résultat inférieur à la moyenne à long terme pour cette période de l’année, qui est d’environ 160 000 inscriptions.
« Même si nous continuons de prévoir un printemps plus actif dans le secteur de l’habitation, la menace d’une guerre commerciale avec notre plus grand partenaire commercial laisse planer une grande ombre à l’horizon, a déclaré James Mabey, président de l’ACI. Alors que l’incertitude concernant l’économie et l’emploi incitera sans aucun doute certains acheteurs potentiels à patienter, un contexte où les prix sont moins élevés et où les taux d’intérêt sont plus bas représentera une occasion à saisir pour d’autres. »
On comptait 4,2 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin janvier 2025, soit une hausse des résultats qui se situaient tout juste sous les 4 mois en octobre, novembre et décembre. La moyenne à long terme de cette mesure est de 5 mois. Sur la base d’un écart-type au-dessus et au-dessous de cette moyenne à long terme, un marché favorable aux vendeurs serait inférieur à 3,6 mois et un marché favorable aux acheteurs serait supérieur à 6,5 mois.
Prix des maisons
L’IPP MLS® composé national a à peine changé au cours de la dernière année, en raison de la faiblesse persistante des prix en Colombie-Britannique et en Ontario, qui a compensé la hausse des prix dans les Prairies, au Québec et sur la côte Est.
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) composé national a très peu changé (-0,08 %) de décembre 2024 à janvier 2025.
L’IPP MLS® composé national (non désaisonnalisé) a aussi très peu évolué (+0,07 %) par rapport à janvier 2024. Cependant, il s’agit techniquement de la première augmentation d’une année à l’autre depuis mars dernier.
En somme
Les réductions décisives de taux d’intérêt de la Banque du Canada et les changements à la réglementation visant à rendre le logement plus abordable ont été contrebalancés le mois dernier par l’incertitude croissante engendrée par le risque d’une guerre commerciale avec les États-Unis. Le gouverneur de la Banque, Tiff Macklem, reconnaît que cette grande incertitude nuit aussi bien au marché canadien du logement qu’à l’économie dans son ensemble. Notre économie est dans une position précaire, sur la ligne entre modeste croissance et récession. Avant la menace de tarifs douaniers, il semblait que le marché immobilier se préparait à une forte relance en vue de la saison printanière.
Malheureusement, la situation n’a fait que se dégrader, surtout que le président Donald Trump ne cesse de répéter que le Canada pourrait devenir le 51e État américain, énervant de plus en plus les Canadiens. Des tarifs douaniers mènent d’abord à des prix plus élevés, les importateurs tentant de refiler les augmentations de leurs coûts aux consommateurs; ensuite, ils entraînent un ralentissement de l’activité économique et des mises à pied, les entreprises et les ménages se serrant la ceinture.
La Banque du Canada viendra certainement à la rescousse en réduisant encore les taux d’intérêt. Ce sera particulièrement important pour le Canada, qui est bien plus sensible aux taux d’intérêt que ne le sont les États-Unis.