Publié par Sherry Cooper
Marchés canadiens du travail extrêmement serrés et inflation salariale.
Les nouvelles données sur l’emploi ne rassureront pas la Banque du Canada
Les derniers résultats de l’Enquête sur la population active ne vont guère atténuer l’inquiétude de la Banque du Canada au sujet de l’inflation. La croissance de l’emploi a ralenti. Les 10 100 nouveaux emplois nets représentent une forte baisse par rapport à octobre. Les détails du rapport indiquent une demande excédentaire de main-d’œuvre et une hausse des salaires. La situation est compliquée du fait que selon des données publiées lundi, l’économie canadienne a progressé de 2,9 %, soit le double de ce que prévoyait la Banque du Canada. Tous les observateurs s’attendent à un ralentissement dans le trimestre actuel, et une modeste contraction l’année prochaine. Cependant, la demande reste excédentaire dans presque tous les secteurs, sauf le logement.
L’embauche continue en force, les emplois à temps plein étant en hausse de 50 700, et le secteur privé a créé 24 700 emplois. Le taux de chômage a légèrement baissé un deuxième mois de suite. Il est à 5,1 %, bien sous les 5,7 % d’immédiatement avant la pandémie, qui étaient déjà considérés comme correspondant au plein emploi. Le total des heures travaillées a un peu augmenté, ce qui concorde avec une croissance au quatrième trimestre. Plus encore, l’inflation salariale était de 5,6 % sur un an en novembre, sixième mois consécutif où elle dépassait les 5 %. Or, les syndicats du secteur privé comme du secteur public demandent encore plus d’augmentations, l’inflation restant près de 7 %.
Les entreprises signalent des difficultés à recruter, et les postes vacants ont augmenté. Le taux d’emploi des femmes du principal groupe d’âge actif a atteint un nouveau record de 81,6 % en novembre.
L’emploi a augmenté dans la finance, les assurances, les services immobiliers, les services de location et de location à bail, la fabrication ainsi que l’information, la culture et les loisirs. Parallèlement, l’emploi a reculé dans plusieurs secteurs, y compris dans la construction ainsi que dans le commerce de gros et de détail.
Alors que l’emploi a augmenté au Québec, il a reculé dans cinq provinces, y compris en Alberta et en Colombie-Britannique.
En somme
Les données d’aujourd’hui sont les ultimes intrants clés dans la décision que prendra la Banque du Canada le 7 décembre sur les taux d’intérêt. Les marchés des swaps au jour le jour escomptent pleinement une hausse de 25 points de base la semaine prochaine, et des opérateurs estiment qu’il y a environ une chance sur trois que ce soit 50 points de base. La hausse des salaires ne montre aucun signe d’essoufflement, et l’économie a connu une croissance nettement plus forte au troisième trimestre que ne le prévoyait la Banque.
La cible du taux directeur à un jour est actuellement à 3,75 %. Si je siégeais au Conseil de direction de la Banque, je voterais pour une hausse de 50 points de base, qui porterait le taux à 4,25 %. Il est prématuré de revenir à une hausse plus typique de 25 points de base, vu que l’inflation est bien au-delà de la cible de 2 % de la Banque. L’inflation ne ralentira pas, les consommateurs et les entreprises s’attendant à ce qu’elle reste élevée. Il y a un risque véritable de spirale salaire-prix tant que persistent les attentes inflationnistes.
De toute façon, de nouvelles hausses de tôt sont probables au début de l’année prochaine. Même si la banque centrale se retient, elle ne passera pas à des réductions de taux avant un bon moment. Les taux d’intérêt à plus long terme déterminés par le marché ont baissé sensiblement, les acteurs du marché prévoyant une récession en 2023. Les taux des prêts hypothécaires à taux fixe ont chuté aussi. Les courbes de rendement resteront inversées une bonne partie de 2023. Le secteur du logement se redressera en 2024.