Publié par Sherry Cooper
L’inflation remonte encore au Canada.
Les prix augmentent partout – Le transitoire peut durer longtemps
L’Indice des prix à la consommation (IPC) en septembre au Canada, publié aujourd’hui, indique une nouvelle hausse de l’inflation d’une année à l’autre : de 4,1 % en août à 4,4 % en septembre – le plus haut niveau depuis février 2003. Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 3,5 % d’une année à l’autre en septembre.
L’IPC mensuel a augmenté de 0,2 % d’un mois à l’autre en septembre, comme il l’avait fait le mois précédent. La croissance d’un mois à l’autre de l’IPC a été positive au cours des neuf derniers mois.
L’inflation actuelle est un phénomène mondial. Les prix augmentent partout, surtout en raison de l’interaction entre les perturbations de l’approvisionnement mondial et des conditions météorologiques extrêmes. Aux États-Unis, l’inflation est la plus forte du G7 (voir le graphique ci-dessous). L’économie américaine a rebondi plus tôt qu’ailleurs, à la faveur de restrictions plus légères face à la COVID et de marges plus importantes.
Les banques centrales conviennent généralement que la poussée de l’inflation au-delà des niveaux cibles de 2 % est transitoire, mais toutes reconnaissent maintenant que le transitoire peut durer longtemps. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a reconnu que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement se prolongent. Il a dit la semaine passée qu’il faudrait encore un peu de temps avant que les chiffres de l’inflation redescendent.
Les prix ont augmenté d’une année à l’autre dans toutes les catégories principales en septembre. Les prix du transport (+9,1 %) ont contribué le plus à la hausse de l’indice d’ensemble. L’augmentation des coûts du logement (+4,8 %) et des aliments (+3,9 %) a également contribué à la croissance de l’IPC d’ensemble en septembre.
Les prix à la station-service ont progressé de 32,8 % par rapport au mois de septembre de l’année précédente. La croissance d’une année à l’autre s’explique entre autres par la baisse des prix en 2020 et par la production réduite de pétrole brut dans les principaux pays producteurs comparativement aux niveaux observés avant la pandémie.
Les prix de l’essence ont diminué de 0,1 % d’un mois à l’autre en septembre, l’incertitude liée à la demande mondiale en pétrole ayant persisté après la propagation du variant Delta de la COVID-19 (voir les graphiques ci-dessous).
En somme
L’information d’aujourd’hui sur l’IPC est l’ultime indicateur économique notable avant la réunion de la Banque du Canada, mercredi prochain 27 octobre. Personne ne s’attend à ce que la Banque augmente les taux d’intérêt à un jour la semaine prochaine, mais les taux du marché sont nettement en hausse (voir les graphiques ci-dessous). Les taux hypothécaires fixes augmentent tranquillement en même temps que le rendement à 5 ans des obligations du gouvernement du Canada. Le graphique de droite indique la courbe de rendement aujourd’hui par rapport à un an plus tôt. La courbe s’infléchit au taux à un jour de 25 points de base fixé par la Banque du Canada, se redressant fortement alors qu’augmentent les taux d’intérêt à plus long terme déterminés par le marché.
Par ailleurs, de nombreux observateurs des marchés financiers souhaitent que la Banque du Canada relève le taux à un jour plus tôt que ne le laisse entrevoir la Banque – au second semestre de l’année prochaine. Les opérateurs boursiers parient maintenant que la Banque commencera à augmenter les taux au début de l’année prochaine. Le marché des swaps de taux à un jour escompte actuellement trois augmentations au Canada d’ici la fin de 2022, qui porteraient le taux directeur à 1,0 %. Il se peut qu’ils se trompent. Comme les pressions inflationnistes s’exercent à l’échelle mondiale, on imagine mal en quoi le resserrement de la politique monétaire au Canada pourrait les réduire. Il ne parviendrait qu’à ralentir l’activité économique au Canada par rapport au reste du monde, en particulier les États-Unis si la Réserve fédérale américaine s’en tient à son intention d’attendre jusqu’en 2023 avant de commencer à augmenter les taux.
Il faut prévoir que la Banque réduira de nouveau son programme d’achat d’obligations, à 1 milliard de dollars au lieu du niveau actuel de 2 milliards.
La Banque présentera ses prévisions économiques la semaine prochaine dans son Rapport sur la politique monétaire. Elle devra rehausser l’inflation au troisième trimestre, à 4,1 % plutôt que les 3,9 % de ses prévisions précédentes.