Publié par Sherry Cooper
L’inflation progresse encore au Canada en janvier, à 5,1 %, augmentant la pression pour que la Banque du Canada hausse les taux en mars.
L’inflation progresse encore en janvier
Statistique Canada a indiqué aujourd’hui que l’inflation annuelle des prix à la consommation s’est élevée à 5,1 % en janvier, contre 4,8 % en décembre. Voilà qui est plus que prévu, mais encore nettement moins que les 7,5 % enregistrés aux États-Unis pour la même période. Cette évolution augmente la pression pour que la Banque du Canada hausse le taux directeur à un jour au début de mars, lors de sa prochaine rencontre, malgré les données décevantes sur l’emploi du mois passé. Même sans l’essence, l’IPC a augmenté de 4,3 % d’une année à l’autre le mois dernier.
Les frais de logement ont affiché une augmentation de 6,2 % d’une année à l’autre en janvier 2022; il s’agit de la hausse la plus marquée depuis février 1990. L’augmentation des prix des logements neufs a contribué à la hausse des coûts associés à l’entretien d’une propriété, aussi appelé le coût de remplacement par le propriétaire. Les prix plus élevés du logement ont aussi tendance à faire augmenter les autres dépenses pour le logement en propriété. À l’inverse, des taux d’intérêt plus bas réduisent les coûts d’emprunts, qui sont mesurés dans l’IPC au moyen de l’indice du coût de l’intérêt hypothécaire, lequel comprend à la fois les prix des logements neufs et les prix de revente.
L’indice du logement en propriété, qui mesure les coûts continus liés à la propriété, a augmenté de 6,1 % d’une année à l’autre en janvier. Le coût de remplacement par le propriétaire (+13,5 %) et les autres dépenses pour le logement en propriété (+14,0 %), qui comprennent les commissions et les frais juridiques liés à la vente de biens immobiliers, ont exercé une pression à la hausse sur les prix du logement. Les prix ont augmenté rapidement sur le marché du logement pendant la pandémie.
À l’inverse, le coût de l’intérêt hypothécaire a diminué de 6,8 % d’une année à l’autre en janvier, ce qui a exercé une pression à la baisse sur l’indice du logement.
Les locataires ont aussi constaté une hausse des prix. L’indice des logements locatifs a progressé de 3,2 % d’une année à l’autre, ce qui a contribué à la hausse des prix du logement enregistrée en janvier au Canada.
Autre élément évident d’une inflation en hausse, les prix des aliments ont fortement augmenté. Les consommateurs ont payé plus pour leurs produits d’épicerie. Les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté à un rythme plus rapide en janvier 2022 (+6,5 %) qu’en décembre 2021 (+5,7 %).
Les hausses des prix du bœuf frais ou surgelé (+13,0 %), du poulet frais ou surgelé (+9,0 %) et du poisson frais ou surgelé (+7,9 %) observées en janvier 2022 ont été supérieures à celles enregistrées en décembre 2021. Les prix de la margarine (+16,5 %) ainsi que ceux des condiments, des épices et des vinaigres (+12,1 %) étaient aussi en hausse par rapport à janvier 2021. L’augmentation des prix des intrants et des frais d’expédition, en raison des perturbations continues de la chaîne d’approvisionnement, a contribué à la hausse des prix des produits alimentaires. Les conditions de croissance défavorables, qui s’ajoutent aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, sont principalement à l’origine de la hausse des prix des fruits frais (+8,2 %) et des produits de boulangerie (+7,4 %).
Les consommateurs ont payé plus pour les boissons alcoolisées en janvier 2022. Les prix des boissons alcoolisées achetées en magasin ont augmenté de 2,9 %, après avoir progressé de 1,6 % en décembre 2021. La hausse est en grande partie attribuable à l’augmentation des prix de la bière et du vin dans le contexte de pénuries de produits et d’une augmentation des frais d’expédition.
En somme
L’inflation a maintenant surpassé pendant 10 mois consécutifs la plage de 1 à 3 % visée par la Banque du Canada. D’autres banques centrales ont déjà commencé à augmenter les taux à un jour au-delà de leur valeur plancher effective de 25 points de base.
La Réserve fédérale américaine se prépare à accroître les taux d’intérêt en mars, et le rapport sur l’emploi de vendredi dernier a alimenté la spéculation qu’elle devra peut-être agir plus décisivement. La Banque d’Angleterre vient de procéder à des hausses successives, et certains de ses dirigeants voulaient en faire encore davantage. La Banque du Canada pourrait emboîter le pas le mois prochain. Même la Banque centrale européenne pourrait se joindre au mouvement au cours de l’année.
Récemment, des manifestations et barrages de camionneurs à des postes frontaliers ont accru la perturbation de la chaîne d’approvisionnement du secteur de l’automobile. Les salaires ont augmenté au Canada de 2,4 % par rapport à un an plus tôt. En moyenne, les ménages canadiens ont donc vu leur pouvoir d’achat baisser.
Les marchés escomptent jusqu’à sept augmentations des coûts d’emprunt dans les 12 mois à venir. La Banque risque de trop resserrer la politique monétaire, mais il ne fait guère de doute que les mesures d’urgence d’assouplissement monétaire sont chose du passé.