Publié par Sherry Cooper
L’inflation globale se calme au Canada en février.
Une nouvelle baisse de l’inflation en février incitera la Banque du Canada à poursuivre sa pause en avril
Tous les yeux seront tournés vers la Réserve fédérale américaine demain, quand elle décidera si elle maintient les taux tels quels en raison de la crise bancaire ou si elle hausse le taux à un jour de 25 points de base (pb). Avant la ruée sur la banque Silicon Valley, les marchés escomptaient que la Fed décréterait une hausse de 50 pb demain, comme son président Jay Powell l’avait laissé entrevoir à la Chambre et au Sénat.
Depuis, trois banques américaines ont fait faillite, et UBS a absorbé Crédit Suisse qui était en difficulté. Conséquence, les taux d’intérêt du marché ont chuté, les actions bancaires ont plongé et les conditions de crédit se sont resserrées. Nombreux sont ceux pour qui des augmentations de taux exacerberaient une situation déjà volatile, mais d’autres croient que la Fed devrait continuer de combattre l’inflation et avancer des liquidités aux institutions financières.
Un calme relatif a été rétabli grâce aux énormes sommes de fonds d’urgence fournies par des prêteurs de dernier recours – les banques centrales – et certains des acteurs les plus solides de l’industrie américaine.
Les actions des banques canadiennes ont aussi souffert, mais les banques elles-mêmes sont en bien meilleure posture que les institutions américaines. Nos banques sont davantage réglementées, elles ont de plus abondants fonds propres de niveau 1, et tant leurs prêts que leurs déposants sont bien plus diversifiés.
Ce matin, Statistique Canada a publié l’Indice des prix à la consommation (IPC) de février. L’inflation globale a baissé davantage que prévu, à 5,2 %, contre 5,9 % en janvier. Il s’agit du plus important ralentissement de la croissance de l’IPC global depuis le début de la pandémie en avril 2020.
Pour un deuxième mois consécutif, le ralentissement observé d’une année à l’autre en février 2023 est attribuable à un effet d’année de référence : les prix avaient fortement augmenté en février 2022 (+1,0 %).
Sans les aliments et l’énergie, les prix ont progressé de 4,8 % d’une année à l’autre en février 2023, après avoir enregistré une hausse de 4,9 % en janvier. L’IPC d’ensemble excluant le coût de l’intérêt hypothécaire a crû de 4,7 %, après avoir augmenté de 5,4 % en janvier.
Sur une base mensuelle, l’IPC a progressé de 0,4 % en février, après s’être accru de 0,5 % en janvier. Par rapport à janvier, les Canadiens ont déboursé davantage en février pour les coûts de l’intérêt hypothécaire, dont la hausse a été partiellement contrebalancée par un recul des prix de l’énergie. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC a augmenté de 0,1 %.
Même si l’inflation a ralenti au cours des derniers mois – elle a crû de 1,2 % par rapport à six mois auparavant –, les prix sont demeurés élevés. Comparativement à 18 mois plus tôt, par exemple, l’inflation s’élève à 8,3 %.
Les prix des aliments achetés ont continué d’augmenter nettement – de 10,6 % d’une année à l’autre, ce qui représente une septième progression mensuelle consécutive supérieure ou égale à 10 %. Les contraintes d’approvisionnement liées aux conditions météorologiques défavorables dans les régions productrices, ainsi que la croissance des prix des intrants tels que les aliments pour animaux, l’énergie et les matériaux d’emballage, continuent d’exercer une pression à la hausse sur les prix des produits d’épicerie.
La croissance des prix de certains aliments – comme les produits céréaliers (+14,8 %), le sucre et les confiseries (+6,0 %), ainsi que le poisson, les fruits de mer et les autres produits de la mer (+7,4 %) – s’est accélérée d’une année à l’autre en février.
Les prix des jus de fruits ont progressé de 15,7 % d’une année à l’autre en février, après avoir crû de 5,2 % en janvier. La hausse des prix du jus d’orange a contribué le plus à la croissance, puisque l’approvisionnement en oranges a été touché par la maladie du dragon jaune et des événements climatiques comme l’ouragan Ian.
Les prix de l’énergie ont diminué de 0,6 % d’une année à l’autre en février, après s’être accrus de 5,4 % en janvier. Les prix de l’essence (-4,7 %) ont contribué le plus à la baisse, connaissant leur premier recul annuel depuis janvier 2021. La diminution des prix de l’essence d’une année à l’autre est en partie attribuable à un effet d’année de référence, étant entendu qu’il y avait eu une hausse marquée des prix dans les premiers mois de 2022, durant l’invasion russe de l’Ukraine.
La croissance des prix du logement a ralenti d’une année à l’autre pour un troisième mois consécutif; les prix ont augmenté de 6,1 % en février, après avoir progressé de 6,6 % en janvier. L’indice du coût de remplacement par le propriétaire, qui est lié au prix des logements neufs, a augmenté à un rythme plus lent d’une année à l’autre en février (+3,3 %) par rapport à janvier (+4,3 %). La croissance des autres dépenses pour le logement en propriété (+0,2 %), qui comprennent les commissions sur la vente de biens immobiliers, a également ralenti en février. Ces variations reflètent un ralentissement général du marché du logement.
En revanche, le rythme de croissance de l’indice du coût de l’intérêt hypothécaire s’est accéléré d’une année à l’autre en février (+23,9 %) par rapport à janvier (+21,2 %), et il s’agit de la croissance la plus prononcée depuis juillet 1982. Cette progression est survenue dans le contexte d’une hausse des taux d’intérêt.
En somme
La Banque du Canada est certainement enchantée de voir que l’inflation continue de se calmer. L’inflation au Canada est plus faible qu’aux États-Unis, qui étaient à 6,0 % le mois passé, au Royaume-Uni, 10,1 %, à la zone euro, 8,5 %, et à l’Australie, 7,2 %.
La Banque du Canada était déjà en pause, et le restera probablement lors de sa prochaine réunion, en avril.