Publié par Sherry Cooper
L’inflation dépasse les prévisions en août au Canada.
L’inflation dépasse les prévisions en août
Le taux d’inflation au Canada a augmenté plus que prévu un deuxième mois de suite, principalement en raison des prix de l’essence. Ce ne sera pas un effet limité à un mois, puisque les prix de l’essence ont encore augmenté en septembre.
L’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 4,0 % par rapport à un an plus tôt en août, ce qui est la plus forte hausse depuis avril, après la progression de 3,3 % en juillet. L’estimation médiane des économistes sondés par Bloomberg était de 3,8 %. Pour le mois, l’Indice a augmenté de 0,4 %, soit le double des prévisions. À l’exclusion de l’essence, l’IPC s’est accru de 4,1 % en août, tout comme en juillet.
L’inflation au Canada n’est plus sur sa tendance baissière, ce qui pose problème pour la Banque du Canada. La mesure de l’inflation fondamentale sur trois mois que privilégie la Banque du Canada a grimpé d’un plein point de pourcentage, à 4,5 %. Les nouvelles données mettent en lumière les difficultés que présente la phase actuelle du combat contre l’inflation.
En plus des prix de l’énergie, les prix du loyer et le coût de l’intérêt hypothécaire ont augmenté au Canada en août. La baisse des prix des services de voyage et la hausse modeste des prix des aliments par rapport au mois précédent ont atténué la croissance de l’IPC d’ensemble.
L’IPC a progressé de 0,4 % en août, après avoir augmenté de 0,6 % en juillet. Le recul mensuel a été principalement attribuable aux voyages organisés (-6,4 %) et au transport aérien (-6,9 %), les prix ayant diminué d’un mois à l’autre après la fin juillet, le plus fort de la haute saison estivale.
La hausse de l’inflation fondamentale – qui exclut des éléments connaissant des fluctuations extrêmes et qui est surveillé étroitement par la banque centrale – est ce qui est le plus préoccupant. Les taux dits tronqué et médian ont aussi grimpé, atteignant en moyenne 4 % contre un taux révisé à la hausse de 3,75 % le mois passé, alors que les économistes s’attendaient à 3,7 %.
Selon les calculs de Bloomberg, la moyenne mobile sur trois mois des mesures que le gouverneur Tiff Macklem a dit être cruciales dans la réflexion de son équipe a augmenté d’un plein point de pourcentage, atteignant un taux annualisé de 4,49 %.
Les prix du logement ont augmenté de 6,0 % d’une année à l’autre en août, après avoir progressé de 5,1 % en juillet. L’accélération a été surtout attribuable à l’indice des prix du loyer, en hausse de 6,5 % d’une année à l’autre à l’échelle nationale après la progression de 5,5 % en juillet. L’augmentation des taux d’intérêt – qui peut représenter un obstacle à l’accession à la propriété – fait partie des facteurs ayant exercé une pression à la hausse sur l’indice. Bien que la croissance des prix du loyer se soit accélérée dans huit provinces, les augmentations les plus marquées ont été observées à Terre-Neuve-et-Labrador (+8,4 %), en Alberta (+6,5 %), en Nouvelle-Écosse (+9,5 %) et au Manitoba (+6,1 %).
L’indice du coût de l’intérêt hypothécaire a également contribué à la progression des prix du logement, ayant augmenté à un rythme légèrement plus rapide en août (+30,9 %) par rapport à juillet (+30,6 %).
Même si la croissance des prix dans les épiceries a ralenti d’une année à l’autre en août, les prix sont restés élevés. D’une année à l’autre, les prix des aliments achetés en magasin se sont accrus de 6,9 % en août, alors qu’ils avaient augmenté de 8,5 % en juillet.
En somme
Environ 50 % des prix inclus dans l’IPC augmentent de plus de 5 %, ce qui reste très préoccupant pour la Banque du Canada. Les taux du marché ont augmenté sensiblement en conséquence. Comme le rendement des obligations du gouvernement du Canada sur 5 ans dépasse nettement les 4 %, les hypothèques à taux fixe augmenteront cette semaine. La probabilité d’une nouvelle hausse de taux de 25 points de base cet automne a augmenté, bien qu’il reste un rapport sur l’emploi et les données de septembre sur l’IPC à venir avant la prochaine décision, le 25 octobre.
Jusqu’à présent en septembre, les prix de l’essence ont déjà grimpé de 10 % par rapport à un an plus tôt, donc l’inflation sera sans doute élevée aussi en septembre. Le problème supplémentaire qui se pose pour la Banque du Canada est que les mesures de l’inflation fondamentale ont également augmenté et resteront sans doute élevées. Il est d’autant plus probable qu’il y aura une autre hausse de taux cette année.
En revanche, le ralentissement de l’activité économique atténuera les inquiétudes de la Banque au sujet de l’inflation. La croissance de l’emploi a ralenti, le taux de chômage atteignant 5,5 % et le nombre d’emplois vacants étant en forte baisse. La demande excédentaire a aussi baissé. Les ménages ainsi que le secteur financier et le secteur des entreprises connaissent des difficultés financières croissantes. Les taux de délinquance sur les dettes non hypothécaires ont grimpé en flèche. Une pause dans les hausses de taux de la Banque du Canada est justifiée, mais si l’économie reprend de l’élan ou si l’inflation fondamentale reste élevée ou augmente encore, on ne peut pas exclure de nouvelles hausses de taux.