Publié par Sherry Cooper
L’inflation de l’IPC canadien atteint 5,7 %.
Les pressions inflationnistes augmentent
Statistique Canada a indiqué aujourd’hui que les prix à la consommation étaient en hausse de 5,7 % sur un an en février, grimpant de nouveau après les 5,1 % du mois dernier. Il s’agit de la plus forte hausse depuis août 1991 (+6,0 %).
Il fallait s’y attendre, la guerre en Ukraine ayant augmenté les pressions inflationnistes dans le monde entier. Aux États-Unis, l’IPC a même atteint 7,9 % le mois passé (voir le graphique ci-dessous).
L’augmentation des prix en février a été généralisée, ce qui a exercé une pression sur le budget des Canadiens. Les consommateurs ont payé plus cher pour l’essence et les produits d’épicerie en février 2022 comparativement au même mois l’année précédente. La tendance à la hausse des frais de logement s’est poursuivie, ceux-ci ayant enregistré l’augmentation d’une année à l’autre la plus prononcée depuis août 1983.
Sans l’essence, l’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 4,7 % d’une année à l’autre en février, dépassant la hausse enregistrée en janvier (+4,3 %), laquelle correspondait à la plus forte augmentation de l’indice depuis son introduction en 1999.
Sur une base mensuelle, l’IPC a augmenté de 1,0 % en février, après s’être accru de 0,9 % en janvier; il s’agit de la plus forte hausse observée depuis février 2013. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC a augmenté de 0,6 %.
Les prix de l’essence bondissent dans un contexte de conflits géopolitiques
Les automobilistes canadiens ont payé 32,3 % de plus à la pompe comparativement aux prix payés en février 2021.
Les prix mensuels de l’essence ont augmenté de 6,9 % dans un contexte de conflits géopolitiques en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, du fait que les incertitudes relatives à l’approvisionnement mondial en pétrole exercent une pression à la hausse sur les prix.
De même, les prix du mazout et autres combustibles ont augmenté de 8,5 % d’un mois à l’autre en parallèle avec l’augmentation des prix de l’énergie à l’échelle internationale.
Les prix de l’épicerie grimpent encore
D’une année à l’autre, les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté à un taux plus élevé en février (+7,4 %) qu’en janvier (+6,5 %). Il s’agit de la hausse annuelle la plus marquée depuis mai 2009. L’augmentation des prix des intrants et des coûts du transport a continué de contribuer à la pression inflationniste en février.
L’augmentation d’une année à l’autre des prix de la viande en février (+11,7 %), y compris les prix du bœuf frais ou surgelé (+16,8 %) et du poulet (+10,4 %), a été supérieure à celle enregistrée en janvier (+10,1 %).
Les frais de logement affichent leur hausse la plus marquée depuis 1983
En février, les frais de logement ont affiché l’augmentation la plus marquée depuis août 1983, en hausse de 6,6 % d’une année à l’autre. Les hausses des coûts du logement en propriété (+6,2 %) et du logement locatif (+4,2 %) ont contribué à la croissance.
Le coût de remplacement par le propriétaire (+13,2 %), qui est lié au prix des logements neufs et aux autres dépenses pour le logement en propriété (+14,3 %), lesquelles comprennent les commissions liées à la vente de biens immobiliers, est resté élevé d’une année à l’autre. En revanche, le coût de l’intérêt hypothécaire (-6,0 %) a atténué la hausse de l’indice des prix du logement d’une année à l’autre.
Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, l’amélioration de la conjoncture économique et démographique au cours de la dernière année, y compris la reprise de l’emploi chez les jeunes et la relance de la migration internationale vers le Canada, a soutenu la demande de logements locatifs. Ce fait, entre autres, a contribué à l’augmentation des prix des loyers (+4,2 %) d’une année à l’autre en février.
En somme
L’inflation a surpassé pendant 11 mois consécutifs la plage de 1 à 3 % visée par la Banque du Canada. D’autres banques centrales ont déjà commencé à augmenter les taux à un jour au-delà de leur valeur plancher effective fixée en mars 2020.
Aujourd’hui, la Réserve fédérale américaine a augmenté son taux directeur à un jour pour la première fois depuis 2018 de 25 points de base. Elle a laissé entendre qu’elle prévoit six autres hausses de taux cette année.
Les tensions géopolitiques mondiales et le risque croissant d’un long conflit exacerbent l’inflation et les goulots d’étranglement dans l’approvisionnement, ce qui retarde la perspective d’un retour de l’inflation à moins de 3 %.