Publié par Sherry Cooper
L’inflation de l’IPC baisse à 2,8 % – dans la fourchette cible de la Banque du Canada.
L’inflation au Canada tombe dans la fourchette cible de la Banque du Canada, mais l’alimentation et le logement restent élevés.
Les données sur l’inflation en juin, publiées aujourd’hui par Statistique Canada, indiquent que l’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 2,8 % sur un an, soit un peu moins qu’on ne prévoyait. Il s’agit de la plus faible augmentation de l’IPC depuis février 2022.
La baisse de l’inflation est surtout attribuable aux prix plus bas de l’énergie : ils ont chuté de 21,6 % par rapport à un an plus tôt. Sinon, l’inflation globale aurait été de 4,0 %. La baisse d’une année à l’autre s’explique par les prix qui étaient surélevés en juin 2022 dans le contexte d’une croissance de la demande mondiale pour le pétrole brut, alors que certaines restrictions de santé publique liées à la COVID-19 avaient été assouplies en Chine, qui est le plus grand importateur de pétrole brut. En juin 2023, les consommateurs ont déboursé 1,9 % de plus qu’en mai à la pompe.
Les prix de l’alimentation et du logement sont restés les deux plus importants facteurs de l’inflation, grimpant respectivement de 9,1 % et de 4,8 % sur un an. Les prix des aliments en magasin ont augmenté de presque 20 % depuis deux ans, la plus forte hausse en plus de 40 ans. L’inflation du logement était un peu plus haute que les 4,7 % sur un an enregistrés en mai.
Dans la composante des aliments, la viande (+6,9 %), les produits de boulangerie (+12,9 %), les produits laitiers (+7,4 %) et les autres préparations alimentaires (+10,2 %) ont contribué le plus à l’augmentation. La croissance des prix des fruits frais s’est accélérée d’une année à l’autre en juin (+10,4 %) par rapport à mai (+5,7 %), en partie en raison de la hausse des prix des raisins (+30,0 %) d’un mois à l’autre.
L’augmentation des prix des aliments achetés au restaurant a une fois de plus contribué à la hausse de l’IPC global, malgré le ralentissement du rythme de croissance d’une année à l’autre observé en juin (+6,6 %) par rapport à mai (+6,8 %).
L’inflation des services s’est atténuée; elle était de 4,2 % sur un an, contre 4,8 % en mai. La diminution découle de moindres augmentations des voyages organisés et des services cellulaires.
La fourchette cible de la Banque du Canada pour l’inflation est de 1 % à 3 %. L’inflation de juin tombe dans la fourchette cible, mais elle est encore plus élevée que ne le voudrait la Banque. La Banque a augmenté le taux directeur ces deux derniers mois pour s’attaquer aux composantes plus tenaces de l’inflation.
Il y a des indices d’un allégement des pressions sur les prix des biens de consommation aussi. L’inflation des biens durables a continué de faiblir. Elle était de 0,8 % sur un an en juin. Les prix des véhicules automobiles ont augmenté plus lentement en juin (+2,4 %) qu’en mai (+3,2 %). Le ralentissement de la croissance d’une année à l’autre est attribuable à un effet de glissement annuel; l’augmentation d’un mois à l’autre observée en juin 2022 (+1,5 %) a été remplacée par une hausse plus modeste d’un mois à l’autre en juin 2023 (+0,6 %). Le phénomène a coïncidé avec l’amélioration de la situation quant aux chaînes d’approvisionnement et aux stocks par rapport à un an auparavant. Les meubles et l’équipement ménager étaient en hausse d’à peine 0,1 % sur un an en juin, contre un sommet de 10,5 % en juin dernier.
Les données sur l’inflation en juin apportent un soulagement aux consommateurs, mais les prix des aliments et du logement restent source de préoccupation. La Banque du Canada surveillera l’inflation dans les prochains mois, pour voir si elle est en voie de revenir à sa cible de 2 %. Il y aura un nouveau rapport sur l’IPC avant la prochaine réunion de la Banque, le 6 septembre.
Les mesures de l’inflation sous-jacente de la Banque du Canada ont continué de baisser. L’IPC tronqué était à 3,7 % sur un an en juin, après les 3,8 % de mai. L’IPC médian se situait à 3,9 % sur un an, contre 4,0 % en mai. Le graphique ci-dessous illustre la mesure clé des pressions sous-jacentes sur les prix, la moyenne mobile sur trois mois annualisée des mesures de l’inflation fondamentale. Elle reste un peu sous les 4 %.
L’inflation au Canada a continué d’évoluer dans un sens encourageant en juin. Cependant, l’atténuation de l’inflation globale traduit un important effet de glissement annuel. La comparaison se fait par rapport aux prix élevés qu’avait atteints l’énergie en juin dernier. La Banque du Canada est attentive à ses mesures de choix de l’inflation fondamentale, lesquelles continuent d’évoluer très lentement
En somme
Il faut du temps pour que le plein effet de hausses de taux d’intérêt se répercute dans l’IPC. Les coûts des intérêts hypothécaires continueront d’augmenter à mesure que les taux d’intérêt majorés s’appliqueront aux paiements des ménages lors du renouvellement des contrats.
Le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem a insisté la semaine passée que la Banque s’inquiète de la persistance des pressions inflationnistes sous-jacentes. Les données sur l’inflation en juin confirment plutôt que les choses bougent dans le bon sens, quoique pas assez rapidement pour que la Banque du Canada baisse la garde.
La Banque du Canada devra trouver un équilibre délicat. Elle doit hausser les taux d’intérêt suffisamment pour mater l’inflation, mais elle doit éviter de les hausser au point de causer une récession. Les quelques prochains mois seront cruciaux pour la Banque du Canada, qui devra jauger les risques d’inflation et de récession.