L’inflation de l’IPC au Canada a monté légèrement pour la première fois en près d’un an.

L’inflation canadienne a augmenté davantage que prévu en avril, mais l’inflation de base a baissé

Voilà un hic inattendu dans le combat que mène la Banque du Canada contre l’inflation. D’une année à l’autre, la hausse des prix a atteint 4,4 % en avril, soit légèrement plus que les 4,3 % du mois précédent et sensiblement plus que la prévision moyenne des économistes, 4,1 %. C’est la première augmentation de l’inflation globale depuis juin dernier. Ironiquement, des taux d’intérêt majorés sont censés contrer l’inflation, mais la hausse des prix des loyers et du coût de l’intérêt hypothécaire a contribué le plus à l’augmentation de l’IPC d’ensemble en avril.

Il se présente ainsi un scénario inhabituel pour la Banque du Canada à l’approche de sa décision du 7 juin sur les taux. L’économie reste résiliente, les Canadiens composant avec les taux d’intérêt plus élevés et les pressions persistantes sur les prix. Le printemps 2023 s’annonce de plus en plus comme un tournant pour le marché canadien de l’habitation après une année léthargique, et les marchés du travail restaient fermes en avril.

L’inflation est indiscutablement en baisse par rapport au sommet de 8,1 % sur un an enregistré en juin dernier. Sa réduction initiale a été rapide et relativement directe. Cependant, comme il fallait s’y attendre, la phase suivante se révèle considérablement plus délicate.

L’IPC a progressé de 0,7 % en avril, après avoir crû de 0,5 % en mars. La croissance des prix de l’essence (+6,3 %) a contribué le plus à la variation d’un mois à l’autre de l’IPC global. Sans l’essence, l’IPC mensuel a augmenté de 0,5 %. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC a affiché une hausse de 0,6 %.

Comparativement à mars, les prix de l’essence ont augmenté de 6,3 % en avril. Il s’agit de la plus forte hausse mensuelle depuis octobre 2022. Les prix de l’essence ont contribué le plus à l’accélération de la croissance de l’IPC global. L’augmentation fait suite à une annonce par l’OPEP+ (pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole Plus) d’une réduction de la production de pétrole, ce qui a poussé les prix à la hausse. Le passage au mélange d’essence d’été et la hausse des redevances sur le carbone ont également contribué à l’accroissement des prix.

Néanmoins, en avril 2023, les prix du gaz étaient inférieurs de 7,7 % à ceux enregistrés en avril 2022, lorsque les prix étaient plus élevés en partie en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Comparativement à 18 mois plus tôt, les prix de l’essence ont augmenté de 10,0 % en avril 2023.

Les frais de logement se sont accrus de 4,9 % d’une année à l’autre en avril, après avoir progressé de 5,4 % en mars. Les Canadiens ont continué de débourser davantage pour le coût de l’intérêt hypothécaire en avril (+28,5 %) par rapport à avril 2022, sous l’effet d’une hausse du nombre de prêts hypothécaires obtenus ou renouvelés à des taux d’intérêt plus élevés. En avril 2023, le contexte de l’augmentation des taux d’intérêt pourrait également avoir contribué à la croissance des prix des loyers (+6,1 %) en stimulant la demande de logement locatif.

La croissance d’une année à l’autre de l’indice du coût de remplacement par le propriétaire a ralenti pour un 12^e mois consécutif en avril (+0,2 %) par rapport à mars (+1,7 %), en raison d’un ralentissement général du marché du logement.

D’une année à l’autre, les prix dans les épiceries ont augmenté à un rythme plus lent en avril (+9,1 %) qu’en mars (+9,7 %). Le ralentissement de la croissance des prix a été attribuable à la hausse moins marquée des prix des légumes frais, ainsi que du café et thé.

En somme

La légère augmentation de l’inflation en avril, surtout sur une base mensuelle, montre que le chemin à parcourir pour parvenir à une inflation de 2 % sera tortueux. Il n’empêche que la Banque du Canada verra d’un bon œil que les mesures de l’inflation de base continuent leur baisse (voir le graphique ci-dessous). La Banque poursuivra sans doute sa pause en juin, mais si les données de mai sur l’emploi sont encore fortes, le Conseil de direction préviendra qu’il reste toujours vigilant. Je ne m’attends à aucune réduction de taux cette année.

Les indices de prédilection de la Banque du Canada continuent de s’améliorer

%, taux annualisé, croissance sur 3 mois, données désaisonnalisées

– IPC tronqué

– IPC médian

– IPC fondamental excluant les aliments et l’énergie

– IPC tronqué, services, excluant le logement