Publié par Sherry Cooper
L’inflation au Canada baisse à 3,8 %, ce qui rassurera la Banque du Canada.
Les bonnes nouvelles sur l’inflation donnent à croire que les taux directeurs ont plafonné
Le rapport d’aujourd’hui sur l’inflation en septembre est nettement meilleur que prévu, mettant fin à trois mois de hausse. Non seulement l’inflation globale a-t-elle fléchi, mais les mesures de l’inflation fondamentale l’ont fait aussi, tant sur un an que selon la moyenne mobile sur trois mois. Cela étant, considérant aussi la faiblesse de l’Enquête sur les perspectives des entreprises publiée hier, le taux directeur ne montera peut-être pas au-delà de 5 %. Je ne m’attends pas à ce que la Banque du Canada commence à réduire les taux avant le milieu de l’année prochaine, mais le pire du cycle de resserrement pourrait bien être passé.
L’augmentation des prix de l’essence d’une année à l’autre, qui a été plus marquée en septembre (+7,5 %) par rapport à août (+0,8 %) en raison d’un effet de glissement annuel, a contrebalancé le ralentissement de la croissance de l’IPC d’ensemble. En excluant l’essence, l’IPC a progressé de 3,7 % en septembre, après avoir crû de 4,1 % en août. L’effet de glissement annuel sur l’inflation globale est encore favorable en octobre, puisque l’IPC avait bondi en octobre 2022. Les prix de l’essence sont en baisse d’environ 7 % jusqu’à présent ce mois-ci. Avec la guerre au Moyen-Orient, il n’est pas sûr qu’ils continueront de baisser, mais s’ils le font, l’inflation globale pourrait être près de 3 % en octobre.
Sur une base mensuelle, l’IPC a reculé de 0,1 % en septembre, après avoir augmenté de 0,4 % en août. Le ralentissement mensuel a été principalement attribuable à la baisse des prix de l’essence (-1,3 %) d’un mois à l’autre en septembre. L’inflation des prix des biens était en baisse de 0,3 % par rapport à un mois plus tôt, ce qui est une première depuis décembre 2022, et en hausse de 3,6 % par rapport à un an plus tôt, au lieu de 3,7 % en août. L’inflation des prix des services n’a pas changé depuis août. C’est la première absence de hausse mensuelle depuis novembre 2021. Sur un an, l’inflation a baissé à 3,9 %, contre 4,3 % en août.
Les données d’hier de l’Enquête sur les attentes des consommateurs révèlent que les perceptions de l’inflation restent bien supérieures à l’inflation réelle. Une des raisons en est le niveau très visible des prix des épiceries et de l’essence. Comme l’indiquent les graphiques ci-dessous, l’inflation des prix alimentaires reste élevée, mais a baissé à 5,9 % le mois dernier, et l’IPC excluant l’alimentation et l’énergie était à son plus bas niveau de ce cycle, soit 2,8 %. Les fortes hausses mensuelles enregistrées en septembre 2022, lorsque les prix dans les épiceries ont affiché la croissance la plus importante en 41 ans, ont cessé d’influencer les variations sur 12 mois et ont exercé une pression à la baisse sur les indices.
Les prix des biens durables ont augmenté de façon moins marquée d’une année à l’autre en septembre (+0,4 %) par rapport à août (+1,4 %). L’indice des prix d’achat de véhicules automobiles neufs a contribué le plus au ralentissement; il a augmenté de 1,7 % d’une année à l’autre en septembre après avoir progressé de 3,1 % en août. Le ralentissement de la croissance des prix des véhicules automobiles neufs a été en partie attribuable à l’amélioration des niveaux de stocks par rapport à un an auparavant.
De plus, les prix des meubles (-4,6 %) et des appareils électroménagers (-2,3 %) ont continué de diminuer d’une année à l’autre en septembre, ce qui a contribué au ralentissement de la croissance des prix des biens durables. Les prix du transport aérien (-21,1 %) ont diminué d’une année à l’autre en septembre, et cette baisse a coïncidé avec une hausse graduelle des vols offerts par les compagnies aériennes au cours des 12 mois précédents.
D’autres mesures de l’inflation fondamentale que surveille la Banque du Canada ont aussi baissé.
En somme
Selon les calculs de Bloomberg News, « la moyenne mobile sur trois mois des pressions sous-jacentes sur les prix que le gouverneur Tiff Macklem a dit être cruciales dans la réflexion des décideurs a baissé à un taux annualisé de 3,67 %, au lieu de 4,29 % un mois plus tôt ». Bien que ce soit encore plus que la cible de 2 % de la Banque, l’économie mondiale ralentit, les économies canadienne et américaines ralentissent, et avec un peu de chance, la Banque du Canada pourrait voir l’inflation arriver dans sa plage cible l’année prochaine. Cependant, la banque centrale sera prudente, évitant de réduire les taux avant le milieu de l’année prochaine. Le plein effet des hausses de taux ne s’est pas encore fait sentir. Le prochain mouvement de la Banque du Canada pourrait être une réduction de taux, mais pas avant l’année prochaine.