Publié par Sherry Cooper
L’inflation au Canada atteint un sommet de 18 ans.
La poussée de l’inflation n’est pas une raison de s’affoler
Statistique Canada a indiqué aujourd’hui que l’inflation annuelle des prix à la consommation s’est élevée à 4,7 % en octobre, contre 4,4 % en septembre. Le marché s’attendait à une telle progression, qui reste bien sous les 6,2 % pour la même période aux États-Unis. L’inflation augmente partout dans le monde, en conséquence d’événements météorologiques extrêmes et du chaos provoqué dans les chaînes d’approvisionnement par le réveil des diverses économies. La forte demande refoulée et les retards dans la production et le transport ont fait grimper les prix dans de nombreux secteurs. Des conditions météorologiques extrêmes ont accentué ces pressions sur les prix, influençant les prix des aliments, de l’énergie et de divers produits de base. La pandémie et le changement climatique sont des forces exogènes inédites, faisant que l’inflation d’aujourd’hui ne peut pas être comparée à celle des années 1970. Par ailleurs, il ne faut pas supposer qu’un traditionnel resserrement de la politique monétaire pourrait alléger ces pressions, à moins d’accepter le risque d’une récession.
L’inflation près d’un sommet de 20 ans
Augmentation annuelle de l’indice des prix à la consommation
Le mois passé, les prix ont augmenté d’une année à l’autre dans les huit composantes principales, principalement en conséquence de l’envol des prix de l’essence, 47,1 % plus élevés qu’un an plus tôt. Une sécheresse extrême, surtout en Chine, a entraîné une baisse de la production hydroélectrique et des pénuries d’autres sources d’énergie comme le charbon et le gaz naturel. Le recours accru au pétrole pour la production d’électricité fait augmenter le coût du pétrole et de l’essence. Il y a aussi eu un effet en cascade, avec des pénuries d’autres biens essentiels dont la production est énergivore, comme les engrais et l’aluminium. Ces pénuries se répercutent dans les aliments et les composantes en métal, ce qui fait augmenter le prix de nombreux biens de consommation. En outre, il y a des perturbations dans les ports, dans le camionnage et dans les réseaux ferroviaires. Il ne faut donc pas s’étonner que les coûts en hausse et une demande excédentaire se traduisent par une hausse des prix à la consommation dans le monde entier.
La question est de savoir si des mesures restrictives des banques centrales réduiraient ce genre d’inflation. J’en doute. Au lieu, nous verrons probablement les pressions s’atténuer avec le temps (voir le graphique ci-dessous). Le problème est que nous avons souvent sous-estimé le temps qu’il faudrait pour que la situation se règle. Cela étant, certains souhaitent une réaction plus rapide de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine, entre autres banques centrales, de crainte que l’inflation ne s’enracine.
Une inflation enracinée causée par une hausse des salaires et des anticipations inflationnistes a entraîné une spirale des salaires et des prix dans les années 1970 et au début des années 1980. Au Canada, l’inflation est restée élevée jusqu’au début des années 1990 en raison des fortes dépenses budgétaires fédérales et provinciales. Je ne crois pas nous soyons même proches de cette réalité aujourd’hui. Certes, la politique budgétaire en réaction à la pandémie a engendré des déficits exceptionnels, mais les pressions inflationnistes d’aujourd’hui ne découlent pas des mesures budgétaires.
Au-delà des prévisions
Les pressions inflationnistes sont plus élevées que ne le prévoyait la Banque du Canada
En somme
Les taux d’intérêt du marché ont déjà bondi, comme le montre l’augmentation des taux hypothécaires fixes. Le maintien d’un taux à un jour stable à sa valeur plancher effective a fait que le taux préférentiel et les taux hypothécaires variables sont restés à des niveaux extrêmement bas. Ces taux augmenteront sûrement dans le temps. La Banque du Canada a indiqué clairement que cela se produira plus tôt qu’elle ne le pensait. L’inflation l’inquiète, et elle dit maintenant que le retour à la cible de 2 % ne surviendra pas avant la fin de l’année prochaine.
Cette semaine, des responsables de la Banque se sont exprimés dans les médias en faisant entendre que nous sommes plus près du plein emploi. Les opérateurs boursiers parient maintenant que le taux à un jour augmentera de 1,5 point de pourcentage en 2022, à partir d’avril. Les taux augmenteront, mais nous ne sommes pas au bord d’une inflation galopante.