Publié par Sherry Cooper
L’inflation annuelle au Canada est passée à 2,6 % en février, à la fin du congé de TPS.
L’inflation au Canada fait une poussée à 2,6 % en février, dépassant largement les prévisions
L’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 2,6 % d’une année à l’autre en février, après avoir progressé de 1,9 % en janvier. Le congé de taxe fédéral a pris fin le 15 février, après quoi la TPS/TVH a de nouveau été appliquée aux produits admissibles. Cela a exercé une pression à la hausse sur les prix à la consommation de ces produits, puisque les taxes payées par les consommateurs sont comprises dans l’IPC.
La deuxième accélération consécutive de l’inflation globale était prévue, mais l’importance de l’augmentation pourrait quand même surprendre les décideurs de la Banque du Canada, qui ont réduit les taux d’intérêt sept fois de suite. Les menaces tarifaires du président américain Donald Trump freinent les dépenses des entreprises et des consommateurs. Cependant, sans la période de congé de la taxe fédérale, l’inflation canadienne aurait été encore plus haute, à 3 %, en février. Elle aurait été à la limite supérieure de la plage cible de la Banque; elle était à 2,7 % un mois plus tôt. L’inflation canadienne n’a pas été à 3 % ou plus depuis la fin de 2023.
L’accélération de la croissance des prix a été généralisée en février. La fin du congé de taxe sur les produits et services (TPS) / taxe de vente harmonisée (TVH), au cours du mois, a exercé une pression à la hausse notable sur les prix des produits admissibles. Le ralentissement de la croissance des prix de l’essence (+5,1 %) a modéré la hausse de l’IPC.
L’IPC a augmenté de 1,1 % d’un mois à l’autre en février, ou 0,7 % en données désaisonnalisées. L’augmentation dépasse l’effet de la taxe, puisque l’IPC désaisonnalisé excluant cet effet était de 0,4 %. L’augmentation de l’IPC excluant les aliments, l’énergie et les taxes était de +0,3 %.
La progression était généralisée, les secteurs touchés par le congé de taxe connaissant la plus forte augmentation : loisirs +3,4 %, vêtements +1,6 % et alcool +1,5 %. Cette tendance se poursuivra le mois prochain, le congé de taxe ayant pris fin à la mi-février. Il y a autant de bruit dans les données de l’inflation globale qu’il n’y en a eu depuis des décennies. Ce sera encore le cas pendant au moins quelques mois, ce qui compliquera l’interprétation des données.
Les prix des aliments achetés au restaurant ont diminué à un rythme plus lent d’une année à l’autre en février (-1,4 %) par rapport à janvier (-5,1 %). Les prix des aliments achetés au restaurant ont contribué le plus à la croissance de l’IPC d’ensemble en février.
De même, d’une année à l’autre, les prix des boissons alcoolisées achetées en magasin ont reculé de 1,4 % en février, après avoir diminué de 3,6 % en janvier.
D’une année à l’autre, les prix de l’essence ont enregistré un ralentissement : ils ont crû de 5,1 % en février après avoir augmenté de 8,6 % en janvier. Les prix ont progressé dans une moindre mesure d’un mois à l’autre en février 2025 par rapport à février 2024, au moment où les prix plus élevés du pétrole brut à l’échelle mondiale ont fait croître les prix de l’essence, ce qui a mené au ralentissement de la croissance des prix d’une année à l’autre en février 2025.
D’un mois à l’autre, les prix de l’essence ont progressé de 0,6 % en février. Cette hausse est surtout liée à l’augmentation des coûts de raffinage au moment où des raffineries partout en Amérique du Nord réalisent des travaux d’entretien planifiés. Cela a contrebalancé la baisse des prix du brut due surtout à la hausse de l’offre des États-Unis et aux menaces de droits de douane qui ont contribué aux craintes d’un ralentissement économique mondial.
Une exception notable à la hausse générale est le logement, qui a augmenté d’à peine 0,2 %. C’est la plus petite hausse en cinq mois, ce qui ramène l’augmentation annuelle à 4,2 %. Elle est ainsi à son plus bas depuis 2021, et elle continuera de baisser. Les coûts d’intérêt hypothécaires ont progressé de seulement 0,2 % pour un deuxième mois de suite. Sur un an, l’augmentation est maintenant de +9 %, après avoir été à plus de 10 % pendant deux ans et demi.
Sans surprise, les mesures de l’inflation fondamentale aussi étaient fermes. L’IPC tronqué et l’IPC médian ont tous deux gagné 0,3 % sur un mois et 2,9 % sur un an. Les taux annualisés sur 3 mois et sur 6 mois sont également bien au-delà de 3 %, restant donc tenaces. L’étendue de l’inflation, à laquelle la Banque du Canada porte attention, s’est aussi aggravée : la part des articles augmentant de 3 % ou plus a légèrement augmenté. Rien de tout ceci n’est encourageant pour les responsables des politiques.
En somme
Les dernières données renforceront la volonté de la Banque du Canada d’agir prudemment pour atténuer les répercussions des tarifs douaniers. Fait à noter, la fin prochaine de la taxe sur le carbone entraînera une forte baisse de l’inflation en avril. Cependant, l’inflation pourrait remonter en mars par suite de la fin du congé de TPS. Il reste énormément d’incertitude au sujet de l’inflation, ce qui complique la tâche des responsables des politiques. Nous verrons le 2 avril quels tarifs douaniers supplémentaires nous attendent.
Si les perspectives économiques ne se dégradent pas, la Banque du Canada pourrait envisager une pause après avoir réduit les taux à sept réunions consécutives. Cependant, l’économie canadienne risque de ralentir sensiblement dans les mois à venir.
Le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem a dit la semaine passée que la Banque « va aborder avec prudence tout changement futur [de sa politique] » dans le contexte de la guerre tarifaire. Les économistes attendent encore davantage de clarté au sujet des tarifs douaniers avant de préciser leurs attentes en vue de la prochaine décision sur les taux, le 16 avril. C’est aussi à ce moment que les décideurs réviseront leurs prévisions. Pour le moment, les opérateurs parient que la Banque laissera les taux tels quels en avril. Cependant, il peut encore se passer beaucoup de choses d’ici là.