Les taux d’intérêt du marché augmentent presque partout.
Les rendements à long terme augmentent malgré l’inaction des banques centrales
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Les banques centrales maintiennent les taux à un jour à des niveaux plus bas que jamais, limitant les taux d’intérêt à court terme et le taux directeur. Cependant, les rendements des obligations gouvernementales à moyen ou long terme sont en augmentation depuis le début du mois. Comme l’indique le graphique ci-dessous, les obligations du gouvernement du Canada à cinq ans, auxquelles sont habituellement liés les taux hypothécaires, donnent actuellement 0,69 %, 27 points de base de plus que le 29 janvier. Il s’agit du plus haut rendement sur cinq ans depuis la fin mars 2020. Les rendements des obligations canadiennes ont augmenté davantage qu’aux États-Unis, peut-être en raison de la montée des cours des produits de base, notamment le pétrole, en hausse de 16,9 % dans le dernier mois et de 27 % jusqu’à présent cette année.
L’augmentation de la dette gouvernementale découlant des mesures budgétaires destinées à amortir le choc de la pandémie et à stimuler l’économie a préparé le terrain à une majoration des rendements sur les obligations d’État dans une bonne part des pays industrialisés.
L’inflation suscite des inquiétudes croissantes. Fait rare, Statistique Canada vient de réviser à la hausse son estimation de l’inflation de base qu’elle avait révélée à peine cinq jours plus tôt, la faisant passer de 1,5 % à 1,77 %. Résultat, l’inflation paraît destinée à monter davantage que ce n’était le cas la semaine passée, alors que les investisseurs s’inquiètent de plus en plus de pressions sur les prix mondiaux. L’indice des prix à la consommation (IPC) de base est pour la Banque du Canada l’indicateur de référence de l’inflation sous-jacente. Les marchés ont été secoués de le voir apparemment atteindre presque 1,8 % sur un an.
Même s’il semble que l’inflation augmentera encore dans les prochains mois du fait d’une progression des coûts de l’énergie, les responsables des politiques et en particulier le gouverneur Tiff Macklem ne discernent guère de menace d’une hausse des prix même avec les niveaux exceptionnels de mesures de stimulation économique. Malgré une montée temporaire au début de l’année, la Banque du Canada ne prévoit pas que l’inflation retourne durablement à sa cible de 2 % avant 2023. Macklem prend la parole à Calgary aujourd’hui, et il soutiendra probablement que l’économie canadienne est encore loin d’un seuil inflationniste. |
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Il faut retenir que l’économie du Canada dispose d’amples capacités excédentaires. Le chômage a augmenté ces derniers mois, et le confinement continuera au moins encore quelques semaines dans le Grand Toronto. Par ailleurs, le Canada a pris un retard considérable sur d’autres pays en matière de vaccination.
La plus grande campagne de vaccination de tous les temps est actuellement en cours. Plus de 209 millions de doses ont été administrées dans 92 pays, selon des données recueillies par Bloomberg News. C’est actuellement 6,24 millions de doses qui sont administrées par jour. Israël a administré plus de 82 doses par 100 habitants, le Royaume-Uni, 27,5, et les États-Unis, 19,3. Le Canada, pour sa part, n’a administré que 4,1 doses par 100 habitants, ce qui le classe au 43e rang mondial (voir le graphique ci-dessous).
La lenteur initiale de la vaccination annonce sans doute une plus longue période d’anémie économique. |
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En somme
Il se pourrait que les taux hypothécaires fixes subissent une pression haussière, bien que les cinq grandes banques n’aient pas encore réagi et que le taux des tests de résistance hypothécaire reste à 4,79 %, largement au-delà des taux contractuels. Comme la Banque du Canada ne semble pas se préparer à resserrer ses mesures, les taux hypothécaires variables – évoluant normalement avec le taux directeur – resteraient stables. Cependant, les taux hypothécaires ont augmenté chez certains prêteurs non bancaires. Assurément, la trajectoire de l’économie et des taux d’intérêt sera liée au retour à une « nouvelle normalité » après la pandémie. De bonnes nouvelles face à la pandémie mèneront inévitablement à des taux hypothécaires plus élevés en 2022-2023, sinon plus tôt. |
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