Publié par Sherry Cooper
Les pressions inflationnistes augmentent en août au Canada, alors qu’elles baissent aux États-Unis.
L’inflation annuelle grimpe à 4,1 % au Canada en août – mais est-ce près du sommet?
L’Indice des prix à la consommation (IPC) au Canada publié aujourd’hui indique une nouvelle hausse de l’inflation d’une année à l’autre. Cependant, certains détails étayent l’opinion de la Banque du Canada que la hausse est transitoire. La Banque a longtemps fait valoir que l’augmentation des prix se révélera être le résultat de l’effet de glissement annuel (comparaison faussée du fait que les prix avaient temporairement baissé un an plus tôt), de perturbations de l’offre et de la libération de la demande refoulée lors de la réouverture de l’économie mondiale.
Selon le plus récent communiqué de Statistique Canada, les prix à la consommation ont augmenté le mois passé de 4,1 % par rapport à un an plus tôt, contre 3,7 % en juin et 3,1 % en mai. C’est le cinquième mois consécutif où l’inflation dépasse la plage de 1 % à 3 % voulue par la Banque du Canada.
Cependant, la bonne nouvelle est que l’augmentation mensuelle des prix a baissé (après désaisonnalisation) en août, à 0,4 %, par rapport à 0,6 % en juillet. En outre, les mesures de l’inflation fondamentale, que privilégie la Banque du Canada et qui excluent l’alimentation et l’énergie, sont sensiblement plus basses que les mesures d’ensemble de l’IPC. Les trois mesures de l’inflation fondamentale qu’utilise la Banque ont augmenté en moyenne de 2,6 % par rapport à un an plus tôt, alors que la mesure globale est à 4,1 %.
Les principaux facteurs de la montée de l’inflation n’ont pas changé en août. Les prix de l’essence ont bondi de 32,5 % d’une année à l’autre, en raison de réductions de la production et de perturbations dans la foulée de l’ouragan Ida. Cet effet a plus que compensé la baisse de la demande entraînée par la propagation du variant Delta qui a causé un net ralentissement en Chine et dans d’autres régions durement touchées. L’indice du coût de remplacement par le propriétaire, qui est lié aux prix des logements neufs et existants, a augmenté de 14,3 % d’une année à l’autre en août, ce qui représente la croissance annuelle la plus prononcée depuis septembre 1987. Parallèlement, l’indice des autres dépenses pour le logement en propriété, qui comprend les frais de commission liés à la vente de biens immobiliers, a augmenté de 14,3 % d’une année à l’autre en août. L’allégement des restrictions aux voyages a stimulé la demande de voyages en avion et de séjours à l’hôtel alors que ces secteurs étaient aux prises avec des pénuries de main-d’œuvre et des coûts d’énergie en hausse. Les prix de la viande ont aussi augmenté fortement dans la dernière année, en même temps que la demande des restaurants. Dans le secteur automobile, les prix ont continué de grimper alors que les stocks de nouveaux véhicules étaient au plus bas par suite de la pénurie de microprocesseurs.
En somme
Comme l’indique le premier graphique ci-dessous, les États-Unis ont connu la plus forte inflation des pays du G7. La relance économique y était aussi plus forte que dans les pays où les restrictions liées à la COVID étaient plus étendues. Pourtant, selon l’IPC d’août aux États-Unis, la pression inflationniste s’est nettement relâchée. Certains en concluent que la perception de l’inflation comme étant transitoire a été validée.
Il y a toutefois lieu de surveiller les taux salariaux. Le nombre d’emplois vacants et les pénuries de main-d’œuvre ont mené à une augmentation des salaires dans certains secteurs, en particulier les secteurs à faibles salaires les plus durement touchés que sont l’hébergement et les loisirs, y compris les restaurants et les hôtels. Si les pressions sur les prix viennent à être soutenues par une inflation salariale suffisante, nous risquons de voir l’inflation s’installer. La spirale salaires-prix n’a plus été un facteur depuis les années 1970, quand les syndicats étaient beaucoup plus forts et les travailleurs avaient plus de pouvoir sur les prix.
Les marchés financiers semblent être convaincus que les taux augmenteront prochainement en raison de l’inflation. Les rendements obligataires restent à un niveau historiquement faible. La semaine prochaine, nous en saurons plus : la Réserve fédérale américaine publiera son rapport le 22 septembre.