Publié par Sherry Cooper
Les données de juin sur l’emploi au Canada sont bien meilleures que prévu; les taux d’intérêt resteront élevés.
Les taux d’intérêt élevés n’ont pas suffisamment calmé le marché du travail
Le marché canadien du travail a de nouveau surpassé les attentes, pour un cinquième mois de suite. En avril, non moins de 41 400 emplois ont été créés, plus de deux fois ce que prévoyaient les économistes. Depuis février, la croissance mensuelle moyenne de l’emploi s’est établie à 33 000 à la suite des hausses cumulatives de 219 000 enregistrées en décembre 2022 et en janvier 2023.
Le taux d’emploi – la proportion de personnes âgées de 15 ans et plus occupant un emploi – s’est maintenu à 62,4 % pour un troisième mois consécutif en avril. Le fait est particulièrement notable étant donné que la population a augmenté de plus de 1 million en 2022 et va encore grimper, grâce à l’immigration.
Cependant, il y un hic. La croissance constatée en avril concerne entièrement des postes à temps partiel; les emplois à temps plein ont baissé de 6200. Il n’empêche que le marché du travail reste vigoureux, si bien que la Banque du Canada restera sans doute en mode attentiste alors que nous voudrions tous savoir quand surviendra la première baisse de taux.
Le taux de chômage est resté près de son creux record, à 5,0 %, comme il le fait depuis décembre 2022. Le creux record, 4,9 %, a été enregistré en juin et juillet 2022. Par rapport à avril 2022, le taux de chômage était en baisse de 0,3 point de pourcentage en avril 2023.
L’inflation salariale reste élevée
Les salaires horaires moyens ont augmenté de 5,2 % d’une année à l’autre, ce qui inquiétera la Banque du Canada et qui confirme à nouveau la résilience du marché du travail. L’augmentation des salaires est maintenant supérieure à l’inflation annuelle, qui était à 4,3 % en avril. L’inflation salariale n’a pas causé la hausse de l’Indice des prix à la consommation l’année passée, mais la persistance de fortes augmentations salariales est synonyme de spirale salaire-prix, les entreprises allant invoquer leurs coûts majorés pour justifier des hausses de prix.
En somme
Malgré ces nouvelles données, la Banque du Canada ne va probablement pas changer sa politique actuelle. Comme un nombre croissant d’immigrants arrivent sur le marché du travail, les indices habituels d’un marché serré évoluent. Même si le taux de chômage reste stable à 5 %, il pourrait indiquer que nous avons atteint un nouvel équilibre. Voilà pourquoi ces données apparemment « étonnantes » n’ont pas les mêmes implications que ce n’aurait été le cas dans le passé.
De plus, la Banque du Canada peut aisément noter le caractère limité de l’embauche par secteur et la tendance baissière de l’emploi à temps plein alors que les emplois à temps partiel augmentent. Compte tenu des données d’aujourd’hui, la décision de la Banque du Canada de rester à l’écart est judicieuse. Cependant, il faut aussi supposer que la Banque ne sera pas pressée de réduire les taux cette année.