Publié par Sherry Cooper
L’emploi a plafonné au Canada en juillet; le taux de chômage reste stable, à 6,4 %.
Les données de juillet sur l’emploi plus faibles que prévu font qu’une baisse de taux de la Banque du Canada reste possible
Selon les données que Statistique Canada a publiées aujourd’hui, l’emploi continue de ralentir au Canada. Historiquement, ce serait un signe avant-coureur d’une récession. Dans le présent cycle, l’immigration a alimenté la croissance de la population active et des dépenses de consommation, ce qui repousse tout important ralentissement économique.
L’emploi a de nouveau baissé en juillet, de 2800 unités. Le taux d’emploi – la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui occupe un emploi – a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 60,9 % en juillet. Le taux d’emploi suit une tendance à la baisse depuis le sommet de 62,4 % enregistré en janvier et février 2023, et il a diminué au cours de 9 des 10 derniers mois.
En juillet 2024, la hausse observée dans le travail à temps plein (+62 000; +0,4 %) a été contrebalancée par une baisse dans le travail à temps partiel (-64 000; -1,7 %). Malgré ces changements, l’emploi à temps partiel a augmenté à un rythme plus rapide (+3,4 %; +122 000) que l’emploi à temps plein (+1,4 %; +224 000) par rapport à un an plus tôt.
L’emploi dans le secteur public a augmenté de 41 000 (+0,9 %) en juillet, et il était en hausse de 205 000 (+4,8 %) par rapport à 12 mois plus tôt. Au cours de la dernière année, les hausses de l’emploi dans le secteur public ont été principalement attribuables aux augmentations enregistrées dans les secteurs des soins de santé et de l’assistance sociale (+87 000; +6,9 %), des administrations publiques (+57 000; +4,8 %) et des services d’enseignement (+33 000; +3,3 %) (données non désaisonnalisées).
Le travail autonome a peu varié en juillet. Il était en hausse de 55 000 (+2,1 %) par rapport à un an plus tôt.
Le taux de chômage s’est maintenu à 6,4 % en juillet, après avoir augmenté pendant deux mois consécutifs, en mai (+0,1 point de pourcentage) et en juin (+0,2 point de pourcentage). Par rapport à un an plus tôt, le taux de chômage était en hausse de 0,9 point de pourcentage en juillet.
Le taux de chômage a augmenté davantage chez les immigrants récents, surtout les jeunes, que chez les personnes nées au Canada.
Le taux de chômage de ce groupe était de 22,8 % en juillet, en hausse de 8,6 points de pourcentage par rapport à un an plus tôt. Chez les immigrants récents du principal groupe d’âge actif, le taux de chômage a augmenté de 2,0 points de pourcentage pour atteindre 10,4 % au cours de la même période.
À titre de comparaison, le taux de chômage des personnes nées au Canada a augmenté de 0,5 point de pourcentage par rapport à un an plus tôt, atteignant 5,6 % en juillet, tandis que le taux de chômage des immigrants plus établis (ceux admis au Canada il y a plus de cinq ans) a progressé de 1,2 point de pourcentage, à 6,3 %.
En juillet, l’emploi a diminué de 44 000 (-1,5 %) dans le secteur du commerce de gros et de détail, poursuivant une tendance à la baisse amorcée en août 2023. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans le secteur était en baisse de 127 000 (-4,2 %) en juillet 2024.
L’emploi dans le secteur de la finance, des assurances, des services immobiliers et des services de location et de location à bail a reculé de 15 000 (-1,0 %) en juillet. C’est sa première baisse depuis novembre 2023. L’emploi dans ce secteur a peu varié en juillet 2024 par rapport à un an plus tôt.
L’emploi dans les administrations publiques a progressé de 20 000 (+1,6 %) en juillet, après avoir reculé en juin (-8800; -0,7 %). L’emploi dans le secteur du transport et de l’entreposage a aussi augmenté en juillet (+15 000; +1,4 %), ce qui a contrebalancé en partie les baisses enregistrées en mai (-21 000; -1,9 %) et en juin (-12 000; -1,1 %).
La Colombie-Britannique a perdu le plus d’emplois. L’Ontario et la Saskatchewan sont les seules provinces qui en ont gagné.
Ajusté selon les normes américaines, le taux de chômage était de 5,4 % au Canada en juillet, soit 1,1 point de pourcentage de plus qu’aux États-Unis (4,3 %). Par rapport à 12 mois plus tôt, le taux de chômage a augmenté de 0,8 point de pourcentage tant au Canada qu’aux États-Unis.
Le taux d’emploi a baissé dans les deux pays au cours des 12 derniers mois, mais la baisse a été plus prononcée au Canada. De juillet 2023 à juillet 2024, le taux d’emploi (ajusté selon les normes américaines) a diminué de 1,0 point de pourcentage pour s’établir à 61,5 % au Canada, tandis qu’il a reculé de 0,4 point de pourcentage pour s’établir à 60,0 % aux États-Unis.
En somme
Le présent rapport sur l’emploi est le dernier avant la prochaine réunion de la Banque du Canada, le 4 septembre. Les opérateurs boursiers s’attendent à de nouvelles baisses de taux d’intérêt aux trois réunions restant à venir cette année.
La semaine passée, la faiblesse des données sur l’emploi aux États-Unis a contribué à un délestage d’actions mondiales. En revanche, les obligations remontaient. Les opérateurs parient de plus en plus que la Réserve fédérale sera contrainte de réduire les coûts d’emprunt plus fortement et plus rapidement qu’on ne le pensait précédemment.
L’imbrication des économies américaine et canadienne implique que tout affaiblissement supplémentaire de la première se répercutera probablement sur la deuxième. Ce scénario laisse au gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem la latitude de normaliser les coûts d’emprunt sans craindre d’en faire plus que la Réserve fédérale et d’ainsi miner le dollar canadien.