Publié par Sherry Cooper
Le T4 démarre en trombe, avec des données sur l’emploi étonnamment fortes.
Très fortes données sur l’emploi en octobre
Les résultats pour octobre de l’Enquête sur la population active, publiés aujourd’hui, sont étonnamment forts. L’inflation salariale atteint non moins de 5,6 % d’une année à l’autre. C’est une bonne nouvelle pour l’économie, mais c’est terrible pour la lutte contre l’inflation – alors que la Banque du Canada vient justement de relâcher les freins. Le rendement des obligations du gouvernement du Canada à deux ans et à cinq ans a bondi, soulevant des questions sur la décision de la Banque du Canada de hausser les taux de seulement 50 points de base la semaine passée, au lieu des 75 qu’on attendait. Les données d’un seul mois ne suffisent pas à tirer de grandes conclusions, mais elles mettent en doute l’hypothèse que la croissance du quatrième trimestre sera sensiblement inférieure à 1 %.
Après quatre mois de baisses ou de faibles variations, l’emploi a augmenté de 108 000 (+0,6 %) en octobre. Cette hausse, qui est généralisée dans l’ensemble des secteurs, y compris la fabrication, la construction ainsi que les services d’hébergement et de restauration, a ramené l’emploi à un niveau comparable au plus récent sommet enregistré en mai 2022. La totalité de la croissance de l’emploi enregistrée en octobre est survenue dans le travail à temps plein, ce qui est un autre indicateur de vigueur économique. C’est le premier gain pour les employés du secteur privé depuis mars, quand la Banque du Canada a commencé à hausser les taux d’intérêt.
Après avoir diminué en septembre, le taux de chômage s’est maintenu à 5,2 % en octobre, 0,3 point de pourcentage au-dessus du creux record de 4,9 % enregistré en juin et en juillet. Le taux de chômage ajusté – qui comprend les personnes qui voulaient un emploi, mais qui n’en ont pas cherché un – était pratiquement inchangé en octobre, s’établissant à 7,1 %.
En octobre, la population active – ou le nombre total de personnes qui sont soit en emploi, soit au chômage – comptait 110 000 (+0,5 %) personnes de plus qu’en septembre. Le taux d’activité a augmenté de 0,2 point de pourcentage pour atteindre 64,9 % en octobre, mais il était inférieur de 0,5 point de pourcentage au récent sommet de 65,4 % atteint en février et mars 2022.
L’emploi a rebondi dans les secteurs de la construction et de la fabrication. Le nombre de personnes travaillant dans la construction a augmenté de 25 000 (+1,6 %) en octobre, des hausses étant enregistrées dans cinq provinces, y compris au Québec (+17 000; +5,9 %) et en Colombie-Britannique (+6 000; +2,5 %). Malgré cette augmentation, l’emploi dans la construction était pratiquement inchangé en octobre par rapport à mars 2022, ce qui correspond aux plus récentes données du produit intérieur brut qui démontrent un ralentissement de l’activité économique dans le secteur au cours de la même période.
L’emploi a progressé de 24 000 (+1,4 %) dans la fabrication, ce qui a contrebalancé en grande partie la baisse de 28 000 (-1,6 %) enregistrée en septembre. La majeure partie de la hausse a été attribuable à la Colombie-Britannique (+12 000; +6,9 %) et à la Nouvelle-Écosse (+3 700; +11,6 %). Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans la fabrication a peu varié.
Le nombre de personnes travaillant dans les services d’hébergement et de restauration a augmenté de 18 000 (+1,7 %) en octobre, ce qui représente la première hausse dans le secteur depuis mai. Selon les plus récentes données de l’Enquête sur les postes vacants et les salaires, le taux de postes vacants dans le secteur était plus élevé que celui de tous les autres secteurs en août.
L’emploi dans les services professionnels, scientifiques et techniques a progressé de 18 000 en octobre (+1,0 %), la troisième hausse en six mois. Le nombre de personnes travaillant dans le secteur suit une tendance à la hausse de longue durée depuis juin 2020 et, en octobre, il était supérieur de 297 000 (+19,3 %) à son niveau d’avant la pandémie.
En octobre, le nombre de personnes travaillant dans le commerce de gros et de détail a diminué de 20 000 (-0,7 %). L’emploi dans le secteur n’a pas augmenté depuis mai et il a peu varié par rapport à un an plus tôt en octobre. Selon les plus récentes données sur le commerce au détail, même si les ventes au détail ont augmenté de 0,7 % pour atteindre 61,8 milliards de dollars en août, les estimations anticipées laissent supposer que les ventes ont diminué de 0,5 % en septembre.
Fait particulièrement important pour la Banque du Canada alors qu’elle veut ramener l’inflation à 2 %, les salaires horaires moyens étaient plus élevés le mois dernier de 5,6 % par rapport à un an plus taux, contre 5,2 % en septembre. Bien que les salaires moyens aient augmenté de plus de 5 % sur 12 mois au cours de chacun des cinq derniers mois, ils n’ont pas suivi le rythme de l’inflation, qui s’est établie à 6,9 % en septembre, ce qui a contribué aux préoccupations de nombreux Canadiens concernant l’abordabilité et le coût de la vie.
Les données d’octobre sur l’emploi aux États-Unis ont aussi été publiées aujourd’hui, indiquant une création d’emplois et des gains salariaux plus élevés que prévu, et néanmoins un taux de chômage connaissant une augmentation certes légère mais aussi un peu plus élevée que prévu.
En somme
Les données d’aujourd’hui sur le marché du travail au Canada remettent en cause l’hypothèse largement admise que la Banque du Canada pourra relâcher les freins très prochainement. Je crois que le gouverneur Tiff Macklem haussera les taux encore de 50 points de base en décembre, et continuera à coups de 25 points de base au début de l’année prochaine. Les données d’aujourd’hui sur l’emploi ont augmenté les chances que le taux directeur atteigne les 4,5 %.