Publié par Sherry Cooper
Le rapport sur l’emploi en août est étonnamment faible.
Le marché du travail faiblit alors que l’économie ralentit
Le rapport sur l’emploi en août, publié ce matin par Statistique Canada, est bien plus faible que prévu. Les taux d’intérêt plus élevés ont amorti le marché du travail, qui était surchauffé. L’économie canadienne a enregistré une perte de 39 700 emplois en août, au lieu du gain de 15 000 qui était prévu. Les reculs cumulatifs depuis mai 2022 s’élèvent ainsi à 113 500 (voir le graphique ci-dessous). Les pertes ont été les plus importantes dans l’éducation et la construction. Dans les mois d’été, l’emploi en éducation peut être faussé par des facteurs saisonniers et des changements dans le début de l’année scolaire.
Nous savons que des projets de construction résidentielle ont été reportés ou annulés en raison de la hausse des coûts d’emprunt et du ralentissement des ventes de maisons. Le nombre de travailleurs a aussi diminué dans la construction (-28 000; -1,8 %) en août. La baisse s’est répartie dans plusieurs provinces, en particulier en Alberta (-11 000; -4,6 %) et en Ontario (-10 000; -1,6 %). L’emploi total a baissé en Colombie-Britannique, au Manitoba et en Nouvelle-Écosse, alors qu’il a augmenté au Québec. Les autres provinces ont enregistré peu de variation.
Le total des heures travaillées était inchangé en août, après avoir diminué en juillet (-0,5 %). Par rapport à un an plus tôt, le total des heures travaillées était en hausse de 3,7 %.
Le travail hybride se maintient
Le travail à domicile continue d’être une caractéristique importante du travail pour de nombreux Canadiens, même si la nature précise des modalités continue d’évoluer. En date d’août, 16,8 % des Canadiens en emploi indiquaient qu’ils travaillaient habituellement exclusivement à partir de leur domicile, en baisse par rapport à 18,0 % en juillet et en baisse de 7,5 points de pourcentage depuis le début de 2022. La proportion de travailleurs ayant un régime de travail hybride – c’est-à-dire ceux qui travaillent habituellement tant à domicile qu’à des lieux autres que leur domicile – a augmenté de 0,7 point de pourcentage pour atteindre 8,6 % en août.
Le taux de chômage en forte hausse après son creux record
Le taux de chômage s’est établi à 5,4 % en août, en hausse de 0,5 point de pourcentage par rapport au creux record de 4,9 % enregistré en juin et en juillet. Il s’agit de la première hausse qui ne survient pas à la suite d’un resserrement des restrictions de santé publique depuis mai 2020, lorsque le taux de chômage a atteint son sommet dans le contexte de la pandémie.
Le taux de chômage a augmenté parmi quatre des six principaux groupes démographiques en août, y compris chez les jeunes hommes âgés de 15 à 24 ans (+1,2 point de pourcentage pour atteindre 11,0 %), chez les femmes âgées de 55 ans et plus (+0,7 point de pourcentage pour atteindre 5,2 %), chez les hommes du principal groupe d’âge actif (+0,6 point de pourcentage pour atteindre 4,6 %) et chez les femmes du principal groupe d’âge actif (+0,4 point de pourcentage pour atteindre 4,5 %). Il a peu varié chez les jeunes femmes et chez les hommes plus âgés.
Le taux de chômage ajusté – qui comprend les personnes qui voulaient un emploi, mais qui n’en ont pas cherché un – a augmenté de 0,5 point de pourcentage pour se chiffrer à 7,3 % en août. Cette hausse est en grande partie attribuable à l’augmentation du nombre de chômeurs, plutôt qu’à une hausse du nombre de personnes qui ne faisaient pas partie de la population active, mais qui voulaient travailler.
Il faut espérer que le nombre croissant de Canadiens sans emploi aidera face au nombre record d’emplois vacants.
La croissance des salaires atteint 5,4 % en août
Fait particulièrement inquiétant pour la Banque du Canada, le salaire horaire moyen a encore augmenté davantage, soit de 5,4 % sur un an en août, contre 5,2 % en juin et juillet (données non désaisonnalisées).
En somme
La Banque du Canada sera rassurée par l’accalmie sur le marché du travail, qui devrait alléger l’inflation des salaires. Je ne m’attends pas à ce que les données plus faibles d’aujourd’hui sur l’emploi changent l’avis de la Banque que les taux d’intérêt doivent encore augmenter dans les prochains mois pour ramener l’inflation à sa cible de 2 %.
____________________________________________________________________________________________________
Aussi aujourd’hui : Le BSIF refuse de céder à la pression et d’assouplir la ligne directrice B-20
____________________________________________________________________________________________________
Bloomberg News rapporte que même si la hausse des taux hypothécaires a accru le risque d’une correction qui pourrait affecter l’évaluation des actifs et les remboursements des Canadiens, Peter Routledge, le surintendant des institutions financières, a affirmé que le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) ne modifierait pas les normes de la ligne directrice B-20.
Le BSIF a adopté sa ligne directrice B‑20, Pratiques et procédures de souscription de prêts hypothécaires résidentiels, en 2012. Celle-ci précise des attentes à l’égard des prêteurs sous réglementation fédérale en ce qui concerne l’octroi de prêts hypothécaires résidentiels.
« L’incertitude et l’anxiété causées par la tendance à la hausse des taux d’intérêt ont naturellement incité certains Canadiens à militer en faveur d’un assouplissement des normes de la ligne directrice B-20, a indiqué M. Routledge.
« Je tiens à rassurer ceux d’entre vous qui s’opposent à un assouplissement des règles que le BSIF n’en fera pas. »
En juin, l’organisme de réglementation des banques du Canada a annoncé qu’il resserrait les normes de souscription pour les hypothèques inversées, les prêts hypothécaires résidentiels avec participation à la mise de fonds et les programmes de prêts combinés.
- Routledge a réitéré que le BSIF « évalue constamment le TAM (taux admissible minimal) pour mesurer son efficacité en vue de soutenir de saines pratiques de souscription de prêts hypothécaires résidentiels.
« Comme la ligne directrice B-20 touche la propriété de la maison, elle retient énormément l’attention du public – du moins en comparaison d’autres lignes directrices réglementaires.
« Nous acceptons cette réalité. Le logement est vital pour tous les Canadiens, et la ligne directrice B-20 importe pour tous les Canadiens, que cela nous plaise ou non, au BSIF. Ainsi, il nous appartient de répondre aux préoccupations concernant B-20 de façon transparente et directe. »