Publié par Sherry Cooper
Le rapport de janvier sur l’emploi au Canada indique un recul majeur.
Rien d’étonnant à ce que la Banque du Canada n’ait pas augmenté les taux d’intérêt le mois passé
Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active de janvier, indiquant une baisse de l’emploi beaucoup plus importante que prévu le mois dernier. Les restrictions imposées face au variant Omicron ont fait bien plus de ravages qu’on ne s’y attendait : l’emploi a diminué de 200 100 (-1,0 %) en janvier, et le taux de chômage a augmenté de 0,5 point de pourcentage pour atteindre 6,5 %.
Les reculs de l’emploi observés en janvier sont largement attribuables à l’Ontario et au Québec, et le secteur des services d’hébergement et de restauration a été le plus durement touché. En janvier, les jeunes et les femmes du principal groupe d’âge actif, qui sont plus susceptibles que les autres groupes démographiques de travailler dans les secteurs touchés par les mesures de santé publique, ont subi les répercussions les plus importantes. Les secteurs de production de biens, et en particulier la construction, ont enregistré un gain.
Nous ne pensions pas que la Banque du Canada augmenterait les taux en janvier, vu le risque que les restrictions face à Omicron secouent – du moins temporairement – l’économie. Si l’économie reprend de l’élan en février, les augmentations de taux pourraient bien commencer. La Banque du Canada annoncera sa prochaine décision au sujet des taux le 2 mars. Cependant, nous ne recevrons pas l’Enquête sur la population active de février avant le 11 mars. Cela étant, la Banque du Canada pourrait reporter toute augmentation de taux jusqu’à sa réunion suivante, le 13 avril, quand nous aurons les rapports sur l’emploi de février et de mars. La première augmentation de taux surviendrait ainsi en avril, soit exactement au moment que les indications prospectives de la Banque avaient initialement annoncé.
Le début des augmentations dépendra des nouvelles données. Il faut noter que le rapport sur l’emploi en janvier aux États-Unis, également dévoilé aujourd’hui, était étonnamment positif. Certes, les États-Unis n’ont pas imposé les mêmes restrictions que le Canada face à Omicron, mais la propagation du variant a déprimé l’activité économique américaine. Selon les prévisions, cette faiblesse se répercuterait dans l’emploi. Cela n’a pas été le cas, puisque 467 000 emplois ont été créés aux États-Unis. Les importantes révisions à la hausse témoignent d’une économie américaine foncièrement très forte. Comme les entreprises américaines cherchent désespérément à embaucher et que le plus grand problème est le manque de personnel qualifié, les salaires augmentent plus vivement au sud de la frontière.
L’emploi au Canada reste à un peu plus de 30 000 au-dessus des niveaux prépandémiques, et le pays a bien rebondi après les vagues précédentes du virus. Pourtant, les données d’aujourd’hui sur l’emploi signalent un démarrage laborieux de l’économie canadienne au premier trimestre. Les heures travaillées – donnée étroitement liée à la production – ont baissé de 2,2 % en janvier, et le nombre d’employés ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a grimpé de 620 000. En janvier, l’emploi à temps plein – en baisse de 82 700 – a aussi subi son premier recul depuis juin.
Le salaire horaire moyen a augmenté de 2,4 % (+0,72 $) sur 12 mois en janvier, en baisse par rapport à la hausse de 2,7 % enregistrée en novembre et en décembre 2021 (données non désaisonnalisées). La variation sur 12 mois observée en janvier 2022 est semblable à la croissance annuelle moyenne des salaires de 2,5 % enregistrée au cours de la période de cinq ans allant de 2015 à 2019.
La concentration des baisses de l’emploi de janvier 2022 dans les secteurs à faible rémunération n’a pas eu d’incidence importante sur la variation sur 12 mois, en partie parce que l’emploi dans ces secteurs a enregistré des baisses semblables en janvier 2021 à la suite de la troisième vague de la COVID-19.
En somme
Il reste à voir quand (pas si) la Banque du Canada commencera à ramener les taux d’intérêt à la normale. Selon les échanges de créances au Canada, les marchés prévoient encore une hausse le 2 mars, puis cinq hausses de plus au fil de l’année à venir. Ceux qui veulent acheter une maison chercheront certainement à devancer cette éventualité.