Publié par Sherry Cooper
Le marché de l’habitation stimule l’économie canadienne.
L’habitation a propulsé l’expansion économique au premier trimestre
Selon le plus récent communiqué de Statistique Canada, l’économie a progressé de 5,6 % (taux annualisé) au premier trimestre, après l’avoir fait de 9,3 % (révisé) au dernier trimestre de l’année passée. Ces résultats sont un peu inférieurs à ce qu’attendaient les économistes. L’investissement dans le logement a augmenté de 43 % (taux annualisé), ce qui en fait de loin le plus grand facteur d’expansion. L’investissement résidentiel représente maintenant une proportion record du PIB (voir le graphique ci-dessous). Comparativement au premier trimestre de 2020, l’investissement en logement s’est accru de 26,5 %, s’avérant un moteur de la reprise. La croissance à ce chapitre est attribuable au redressement du marché de l’emploi, à l’augmentation de la rémunération des salariés et aux faibles taux hypothécaires. Après avoir ajouté 63,6 milliards de dollars à la dette hypothécaire résidentielle durant la seconde moitié de 2020, les ménages y ont ajouté 29,6 milliards de dollars au premier trimestre de 2021.
L’investissement résidentiel est une composante du produit intérieur brut que Statistique Canada appelle « formation brute de capital fixe en bâtiments résidentiels ». L’investissement dans les bâtiments résidentiels comporte trois composantes : 1) la construction neuve; 2) les rénovations; et 3) les coûts de transfert de propriété. Les deux premiers éléments se passent d’explication.
Les « coûts de transfert de propriété » constituent la contribution du marché de la revente de maisons à l’activité économique. Ils sont composés des éléments suivants :
- commissions immobilières – y compris les frais des agents immobiliers et des courtiers hypothécaires;
- taxes de transfert des terrains;
- frais juridiques (honoraires des notaires ou avocats, arpenteurs, experts, etc.);
- frais d’étude de dossier (inspection et arpentage).
Le deuxième graphique, ci-dessous, indique le changement par trimestre, en pourcentage, des composantes de l’investissement dans l’habitation après correction pour l’inflation. Ce graphique illustre l’essor des ventes de maisons existantes depuis le deuxième trimestre de l’année passée (barre rouge). Même si le marché de la revente a ralenti depuis le troisième trimestre de l’année passée, il reste une force motrice d’expansion économique.
La croissance de l’investissement en logement a été généralisée. Les nouvelles constructions ont progressé de 8,7 % (d’un trimestre à l’autre), stimulées en grande partie par les logements unifamiliaux en Ontario et au Québec. Les coûts de transfert de propriétés ont affiché une croissance de 13,1 %, attribuable à la hausse des activités de revente. Quant aux rénovations domiciliaires, elles se sont accrues de 7,0 % au premier trimestre, le travail à domicile et les économies découlant de la réduction des déplacements ayant eu pour effet d’accroître la demande à ce chapitre, de même que la portée des travaux.
La croissance du PIB observée au premier trimestre de 2021 rend compte de la robustesse soutenue de l’économie, à laquelle ont contribué les taux hypothécaires avantageux, le maintien des transferts gouvernementaux aux ménages et aux entreprises, et le redressement du marché de l’emploi. Ces facteurs ont contribué à accroître la demande pour l’investissement en logement, alors que l’augmentation du coût des intrants s’est traduite par une hausse des coûts de construction.
L’indice implicite des prix du PIB, qui rend compte du prix global des biens et des services produits au pays, a progressé de 2,9 % au premier trimestre, principalement sous l’effet de la hausse des prix des matériaux de construction et des produits énergétiques utilisés au Canada et exportés. L’augmentation marquée des prix a contribué à la croissance du PIB nominal (+4,3 %). La rémunération des salariés a augmenté de 2,1 %, notamment grâce au secteur de la construction et au secteur des industries de l’information et des industries culturelles, et dépassé le niveau observé à la fin de 2019, avant la pandémie.
La vigueur observée dans les industries de l’extraction de pétrole et de gaz, de la fabrication de produits du pétrole et de la construction a contribué à la croissance de l’excédent d’exploitation brut des sociétés non financières (+11,5 %). Pendant ce temps, la hausse du revenu provenant des commissions et des frais a contribué à l’augmentation de l’excédent d’exploitation des sociétés financières (+3,9 %), ce qui a coïncidé avec d’importantes hausses de la valeur et du volume des actions échangés à la Bourse de Toronto.
La plupart des aspects des ventes étaient robustes au premier trimestre, avec des chiffres un peu meilleurs que prévu pour les consommateurs (2,8 %), un apport des gouvernements (5,8 %) et une contribution des exportations nettes. En revanche, l’investissement des entreprises est une véritable déception, les dépenses en matériel accusant une baisse étonnante. Cependant, le plus grand facteur est une baisse des stocks, réduisant à elle seule la croissance de 1,4 point de pourcentage au T1 alors qu’on en attendait plutôt une légère augmentation. La tendance devrait s’inverser au deuxième trimestre et soutenir l’activité dans le trimestre en cours.
Il y a peu de grandes surprises dans les données mensuelles. L’estimation rapide de mars, +0,9 %, a été légèrement surpassée par l’estimation officielle, +1,1 %, alors que l’économie commençait à se relever de la deuxième vague. Le resserrement des règles de santé publique face à la COVID a freiné l’économie du Canada en avril. Statistique Canada estime que le PIB a baissé de 0,8 % dans le mois – la première contraction depuis un an et un début laborieux pour le deuxième trimestre. Le mois de mai pourrait encore être faible. Malgré tout, nous prévoyons un mois de juin assez vigoureux pour que le deuxième trimestre soit essentiellement stable, puis une bonne croissance au troisième trimestre.
En somme
À bien des égards, les données du premier trimestre sont déjà de l’histoire ancienne. Nous savons qu’avec le retour de confinements, la croissance au troisième trimestre sera au mieux nulle. Il reste l’espoir que la vaccination s’accélérera et que les cas de COVID continueront de baisser partout au pays, auquel cas la croissance remontera sans doute nettement au quatrième trimestre.