Publié par Sherry Cooper
Le marché canadien de l’emploi rebondit en juin alors que les mesures de confinement sont allégées.
La relance de l’emploi au Canada reprend en juin alors que le confinement commence à être allégé
Statistique Canada vient de publier l’édition de juin 2021 de l’Enquête sur la population active. L’emploi a augmenté de 230 700 (1,2 %) en juin, après une baisse cumulative de 275 000 au cours des deux mois précédents. Le total des heures travaillées a peu varié. Le taux de chômage national a diminué de 0,4 point de pourcentage pour s’établir à 7,8 %.
Les emplois ont continué d’aller et venir au gré des confinements et réouvertures selon les vagues de la COVID. Il faut espérer nous en sommes aux ultimes réouvertures. Le secteur des services a procuré l’ensemble des gains. Les emplois ont le plus progressé dans l’hôtellerie, comme prévu. Ils ont augmenté de 101 000, mais restent bien sous les niveaux d’avant le virus. Les restrictions devraient continuer d’être assouplies au cours de l’été, ce qui devrait encore se traduire par des gains importants dans les prochains mois. D’autres secteurs ont bénéficié de la réouverture, comme le commerce de détail ou de gros (+78 000), l’enseignement (+26 000) et les soins de santé (+20 500). Les secteurs des biens étaient tous en baisse, les pertes étant concentrées dans la construction (-23 000) et la fabrication (-12 000).
Au-delà de l’augmentation globale, un des aspects les plus importants de ce rapport est la hausse notable de 0,6 point de pourcentage du taux de participation, qui atteint 65,2 %. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis un an, qui ramène le taux à 3 ou 4 points des niveaux pré-COVID. En comparaison, aux États-Unis, le taux de participation reste 2 points plus bas qu’au début de 2020. La hausse du taux de participation a limité la baisse du taux de chômage : il a diminué de 0,4 point, s’établissant à 7,8 % et devant encore être amélioré. Le taux de participation en hausse devrait atténuer la crainte de vastes pénuries de main-d’œuvre.
Les gains ont été réalisés surtout dans les secteurs plus exposés à la pandémie, comme le commerce de détail, la restauration et l’hébergement, qui ont le plus été touchés par les nouvelles mesures de confinement. L’emploi dans les services d’hébergement et de restauration a grimpé de 101 00. Le commerce de détail a gagné 75 000 emplois.
La hausse des taux de vaccination et la diminution des cas de COVID ont enfin permis la réouverture des restaurants, des bars et des magasins après des mois de fermetures. L’Ontario a commencé à permettre les repas en terrasse au début du mois, et les restrictions ont été allégées dans plusieurs villes du Québec, permettant les repas à l’intérieur pour la première fois cette année.
À la suite des gains de juin, le Canada a retrouvé 2,65 millions de 3 millions d’emplois perdus au plus fort de la pandémie l’an dernier. Le pays a créé 263 900 emplois à temps partiel, les emplois à temps plein étant en baisse de 33 200.
La croissance de l’emploi observée en juin est entièrement survenue dans le travail à temps partiel, et elle était concentrée chez les jeunes de 15 à 24 ans, principalement les jeunes femmes. Les augmentations les plus marquées ont été enregistrées dans les services d’hébergement et de restauration ainsi que dans le commerce de détail, à la suite de la levée ou l’assouplissement des restrictions de santé publique touchant ces secteurs à la fin de mai et au début de juin dans un grand nombre de régions.
Le nombre de personnes qui étaient en emploi, mais qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a diminué de 276 000 (-19,3 %) en juin. Le total des heures travaillées a peu varié et il était en baisse de 4,0 % par rapport à son niveau prépandémique.
La totalité de la hausse de l’emploi observée en juin est survenue dans le travail à temps partiel, qui a augmenté de 264 000 (+8,0 %) après avoir diminué en tout de 132 000 au cours des deux mois précédents. Le niveau global de l’emploi à temps partiel était essentiellement le même qu’en février 2020, avant la pandémie de COVID-19. Les augmentations observées au cours du mois sont principalement attribuables aux services d’hébergement et de restauration ainsi qu’au commerce de détail – deux secteurs où les travailleurs à temps partiel représentent une proportion supérieure à la moyenne de l’emploi –, et elles étaient concentrées chez les jeunes.
Après avoir diminué de 143 000 au cours des deux mois précédents, le travail à temps plein a peu varié en juin et il était en baisse de 336 000 (-2,2 %) par rapport à son niveau prépandémique.
La croissance est principalement attribuable aux employés du secteur privé, tandis que le travail autonome recule.
Le nombre d’employés du secteur privé a augmenté de 251 000 (+2,1 %) en juin, après avoir diminué pendant deux mois. En juin, le nombre d’employés du secteur privé était inférieur de 2,5 % (-313 000) au nombre enregistré en février 2020.
Dans le secteur public, l’emploi a progressé de 43 000 (+1,1 %) en juin, ce qui l’a porté à 180 000 (+4,6 %) au-dessus de son niveau prépandémique. L’emploi dans ce secteur suit une tendance à la hausse depuis la première vague de la pandémie, et la croissance est particulièrement attribuable aux augmentations enregistrées dans les soins de santé et l’assistance sociale, dans les administrations publiques et dans les services d’enseignement.
Le nombre de travailleurs autonomes a reculé de 63 000 (-2,3 %) en juin; il était en baisse de 7,2 % (-207 000) par rapport à février 2020. Le travail autonome est une grande catégorie qui comprend des travailleurs dans une variété de situations, y compris les propriétaires actifs d’entreprises constituées ou non en société et les entrepreneurs indépendants. Par rapport à juin 2019, les baisses du nombre de travailleurs autonomes étaient importantes dans de multiples secteurs, surtout parmi les travailleurs autonomes avec aide rémunérée.
Le taux d’emploi demeure inférieur au niveau d’avant la pandémie.
Pour bien comprendre les tendances actuelles et émergentes sur le marché du travail, il est essentiel d’examiner la variation de l’emploi dans le contexte de la variation de la population, qui a totalisé 1,1 % (+334 000) de février 2020 à juin 2021. Pour suivre le rythme de la croissance de la population et maintenir la stabilité du taux d’emploi – c’est-à-dire, l’emploi en proportion de la population âgée de 15 ans et plus –, il aurait fallu que l’emploi augmente de 203 000. Au lieu, l’emploi total était en baisse de 340 000 en juin par rapport à février 2020, et le taux d’emploi était inférieur de 1,7 point de pourcentage au niveau prépandémique (60,1 % par rapport à 61,8 %).
Le nombre de Canadiens qui travaillent à domicile recule de presque 400 000
Parmi les Canadiens qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles en juin, le nombre de personnes ayant travaillé à partir de leur domicile a diminué de presque 400 000 pour s’établir à 4,7 millions. Pour 2,6 millions de ces personnes, le travail à domicile était une mesure d’adaptation en réponse à la pandémie de COVID-19, puisqu’il ne s’agissait pas de leur lieu habituel de travail. Parallèlement, le nombre de personnes travaillant à un endroit autre que leur domicile a augmenté d’environ 700 000 pour atteindre 12,3 millions.
Près du tiers (31,4 %) des travailleurs âgés de 25 à 54 ans et plus du quart (27,2 %) de ceux âgés de 55 ans et plus ont travaillé à partir de leur domicile en juin. En raison de leur concentration dans des secteurs où il est moins possible de travailler à domicile, comme dans les services d’hébergement et de restauration, une proportion beaucoup plus faible de jeunes âgés de 15 à 24 ans (12,9 %) a travaillé à partir de son domicile.
Région par région, l’Ontario et le Québec ont le plus progressé, mais la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse ont aussi connu de bonnes augmentations. Fait intéressant, malgré l’assouplissement des restrictions presque partout au pays, seulement cinq provinces ont enregistré des gains de l’emploi.
En somme
Le rapport sur l’emploi constitue le dernier apport majeur de données économiques avant la prochaine décision de la Banque du Canada, la semaine prochaine. La Banque du Canada est une des premières parmi les économies avancées à passer à une politique moins expansionniste. Elle a déjà réduit ses achats d’obligations du gouvernement du Canada, se limitant à 3 milliards de dollars par semaine, par rapport au sommet de 5 milliards de dollars l’année passée.
Des analystes prévoient que les achats baisseront encore, à 2 milliards de dollars par semaine, après la réunion du 14 juillet. Ils reviendraient à un montant hebdomadaire de 1 milliard de dollars d’ici le début de l’année prochaine. En plus de la réduction des achats d’obligations, le marché a escompté au moins une hausse du taux d’intérêt d’ici un an.
L’économie du Canada reste à 340 000 emplois de moins qu’avant la pandémie. Le taux de chômage était inférieur à 6 % avant la pandémie.
Avec la hausse des taux de vaccination et l’assouplissement des restrictions, les économistes s’attendent à une forte relance au deuxième trimestre. Selon un sondage auprès des économistes de Bloomberg News, au début du mois, l’expansion du Canada devrait accélérer jusqu’à un taux annualisé de 9,1 % au troisième trimestre, et de 6 % pour les trois derniers mois de 2021. La confiance des consommateurs et des entreprises envers les perspectives a récemment atteint des niveaux records.