Publié par Sherry Cooper
Le marché canadien de l’emploi pourrait être en voie de faiblir.
L’économie canadienne ralentit – Les marchés de l’emploi vont commencer à changer
Le rapport sur l’emploi que vient de publier Statistique Canada est déroutant. Le nombre d’emplois a baissé un deuxième mois de suite, mais le nombre de demandeurs d’emploi a fait de même, donc le taux de chômage reste à un niveau plancher historique de 4,9 %. J’ai réfléchi à la profusion de données sur le marché du travail plus longtemps que d’habitude aujourd’hui, pour savoir ce qu’il faut en comprendre. Ma conclusion est que l’économie canadienne ralentit en réponse à la forte hausse des taux d’intérêt. Partout au pays, les marchés du travail restent très serrés. Il y a toujours un nombre massif de postes vacants, mais l’allure du marché évolue.
Il y a toujours des pénuries de main-d’œuvre pour les entreprises qui ont besoin d’employés traitant avec les clients – comme restaurants, hôtels, voyages, services ménagers ainsi que construction et autres métiers. Cependant, nous voyons aussi des mises à pied dans des entreprises qui ont profité pendant les confinements. Nombre d’entre elles ont vu trop grand et font maintenant des réductions. Shopify est un éminent exemple canadien, mais c’est le cas aussi de grands détaillants comme Walmart et Target, qui ont aujourd’hui plus de personnel qu’il n’en faut.
Les marchés du logement au Canada sont en forte baisse, surtout dans les régions aux prix élevés autour de Vancouver et de Toronto.
Dans le monde entier, les banques centrales avaient réduit les taux d’intérêt presque jusqu’à zéro au début de la pandémie et ainsi déclenché un boom dans l’habitation. L’effet n’a été nulle part plus grand qu’au Canada, où il y avait d’avance et depuis longtemps une pénurie de logements. Depuis 2015, la construction de logements à louer ou à acheter au Canada était bien inférieure à la demande croissante engendrée par des cibles d’immigration en plein essor. La crainte des acheteurs d’une première maison de rater leur chance, combinée aux taux hypothécaires exceptionnellement bas, surtout pour les prêts à taux variable, a mené à une ruée sur le marché. Les parents des milléniaux y ont contribué en puisant dans le capital de leurs propriétés pour aider aux mises de fonds. Certains de ces parents pourraient se retrouver avec des prêts sur valeur nette de leur propriété dont les paiements mensuels grimperont en même temps que le taux directeur. Pendant les confinements, sont apparus des acheteurs qui voulaient plus d’espace et étaient prêts à déménager en banlieue éloignée ou même plus loin pour pouvoir se le payer. Les investisseurs tentés par la montée des prix des condos et la demande croissante de logements locatifs ont aussi influencé les marchés.
Les banques centrales ont maintenu les taux trop bas trop longtemps. Elles auraient dû commencer à les relever quand l’inflation a grimpé. Elles pensaient l’inflation transitoire, et nous pensions tous que les vaccins seraient la solution magique à la pandémie de COVID. L’invasion russe de l’Ukraine a créé la tempête parfaite, exacerbée par la politique zéro COVID de la Chine. Les chaînes d’approvisionnement ont continué de s’enrayer, et les prix des produits de base ont bondi.
Maintenant que le prix du pétrole sous les 90 $ le baril est revenu à des niveaux d’avant la guerre et que le prix de l’essence a redescendu depuis le début juin, l’inflation a peut-être culminé. Cependant, les banques centrales doivent continuer de resserrer les conditions pour ramener les taux d’intérêt directeurs à des niveaux normaux. C’est dire que le taux à un jour au Canada serait à environ 3,5 % au Canada et presque 5 % aux États-Unis. Nous en sommes loin aujourd’hui, avec nos 2,5 %. Et les banques centrales ne vont pas et ne peuvent pas ramener les taux aux bas niveaux de l’année passée. Pas dans un proche avenir, et peut-être jamais. À moins que vous pensiez qu’un confinement mondial équivalent sera nécessaire dans un avenir prévisible.
L’économie a perdu 30 600 emplois le mois dernier, après la perte de 43 200 en juin. Le marché canadien du travail perd de l’élan alors que l’économie refroidit. La baisse de l’emploi est aussi attribuable aux pénuries de travailleurs et à des nouveaux travailleurs ayant une formation insuffisante. Il suffit de voir le chaos à l’aéroport Pearson de Toronto. Le marché du travail reste très serré, et les taux salariaux augmentent – de 5,2 % le mois dernier par rapport à un an plus tôt.
Tout au contraire, l’emploi a fait un bond en juillet aux États-Unis
Pendant ce temps, l’agence Bloomberg rapporte que « les employeurs américains ont créé plus de deux fois autant d’emplois que prévu, ce qui illustre la forte demande de main-d’œuvre venant atténuer les craintes de récession et donne à croire que la Réserve fédérale continuera de hausser fortement les taux d’intérêt pour endiguer l’inflation ». Un changement de cap semble donc exclu. L’idée d’un redressement du marché obligataire en réaction à l’annonce prématurée d’une récession aux États-Unis n’avait aucun sens à ce stade du cycle.
De même, il reste probable que la Banque du Canada haussera son taux directeur de 75 points de base lors de sa prochaine réunion, le 7 septembre. Le taux préférentiel atteindrait ainsi 5,45 %. Actuellement, le rendement à 5 ans des obligations du gouvernement du Canada est de 2,87 %, ce qui reste bien inférieur à son sommet de 3,6 % de la mi-juin. Par conséquent, les taux hypothécaires variables pourraient bien dépasser les taux fixes avant la fin de l’année.