Publié par Sherry Cooper
La progression de l’emploi ralentit en octobre, mais le taux de chômage baisse encore.
Des données sur l’emploi plus normales en octobre
Statistique Canada vient de publier l’édition d’octobre de l’Enquête sur la population active, révélant un ralentissement de la croissance de l’emploi par rapport au taux exceptionnel des mois précédents. Certains commentateurs ont été déçus par les résultats, mais j’ai un point de vue plus positif. Le Canada est revenu en septembre à son niveau d’emploi d’avant la pandémie, devançant les États-Unis et les autres pays du G7. Il était inévitable que le taux de progression de l’emploi redescende à un niveau plus normal à l’approche du plein emploi.
L’emploi a grimpé de 31 200 (+0,2 %) en octobre, contre 157 000 un mois plus tôt. De fait, l’emploi a augmenté en moyenne de 143 000 par mois entre juin et septembre. Une telle progression n’est pas soutenable longtemps; elle reflétait la poussée de l’embauche à la suite des mesures de confinement. À titre indicatif, il y avait en moyenne 23 000 embauches par mois dans les deux ans avant la COVID.
Les hausses de l’emploi observées dans divers secteurs, y compris le commerce de détail, ont été contrebalancées par des baisses ailleurs, y compris dans les services d’hébergement et de restauration. L’emploi a augmenté en Ontario et au Nouveau-Brunswick, tandis qu’il a diminué au Manitoba et en Saskatchewan. Les hausses enregistrées chez les employés rémunérés ont été contrebalancées par les baisses dans le travail autonome.
Le nombre de personnes en emploi ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a diminué de 9,7 % (-100 000) en octobre, restant en hausse de 117 000 (+14,5 %) par rapport à février 2020. Le total des heures travaillées a augmenté de 1,0 % en octobre; il était en baisse de 0,6 % par rapport à son niveau prépandémique.
Chez les personnes du principal groupe d’âge actif (de 25 à 54 ans), l’emploi a progressé de 53 000 (+0,4 %) en octobre, toute la hausse survenant dans le travail à temps plein.
Le taux de chômage diminue pour un cinquième mois consécutif
Le taux de chômage a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 6,7 % en octobre, ce qui représente son plus bas niveau en 20 mois, à 1,0 point de pourcentage du taux (5,7 %) enregistré en février 2020 (voir le graphique ci-dessous).
Le chômage de longue durée – le nombre de personnes ayant été continuellement au chômage depuis 27 semaines ou plus – a peu varié en octobre, s’établissant à 378 000, mais il était en baisse par rapport à son plus récent sommet de 486 000 en avril 2021. Parmi les personnes qui étaient au chômage de longue durée en septembre, 15,2 % avaient trouvé un emploi en octobre, en légère hausse par rapport à la moyenne de 11,6 % observée de 2017 à 2019.
Le taux d’activité – la proportion de la population en emploi ou à la recherche de travail – a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 65,3 % en octobre, le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans à la recherche de travail ayant diminué. L’ampleur de la baisse d’octobre concorde avec les variations mensuelles typiques observées avant la pandémie de COVID-19. Le taux global d’activité en octobre était pratiquement le même que celui d’avant la pandémie en février 2020 (65,5 %).
Cette reprise du taux d’activité au Canada contraste avec les tendances observées aux États-Unis, où la participation au marché du travail s’est redressée moins rapidement. Lorsque les données canadiennes sont ajustées selon les concepts américains, le taux d’activité au Canada s’est établi à 65,1 % en septembre 2021, en baisse de 0,3 point de pourcentage par rapport à février 2020. Aux États-Unis, le taux d’activité de septembre était en baisse de 1,7 point de pourcentage par rapport à son niveau prépandémique.
En somme
Les nouvelles données sur l’emploi confirment que l’économie canadienne progresse vers le plein emploi, et pourrait bien éliminer l’écart de production vers le milieu de 2022, comme la Banque du Canada l’entrevoyait lors de sa plus récente réunion. Les gains ont été réalisés surtout dans le secteur durement touché du commerce de détail, qui est revenu à ses niveaux prépandémiques le mois dernier. Tous les gains sont dans l’emploi à temps plein, et la rémunération moyenne des employés permanents est en hausse de 2,1 % sur un an. La progression des salaires reste relativement modeste, ce qui conforte la Banque du Canada dans son opinion que les pressions inflationnistes se dissiperont d’ici la fin de l’année prochaine.
L’emploi se situe maintenant légèrement au-dessus des niveaux de février 2020. La reprise de l’emploi a été exceptionnellement rapide à la suite des pertes massives enregistrées dans la foulée des premières mesures de confinement pour la pandémie.