Publié par Sherry Cooper
La hausse des prix de l’énergie augmente légèrement l’inflation au Canada en janvier.
L’inflation annuelle au Canada monte légèrement en janvier, à 1,9 %
En janvier, l’inflation annuelle de l’Indice des prix à la consommation (IPC) était à 1,9 %, contre 1,8 % en décembre. La hausse est surtout due à une légère hausse des prix de l’énergie. En excluant l’essence, l’IPC était en hausse de 1,7 % en janvier, en baisse par rapport à 1,8 % en décembre.
Les prix plus élevés de l’énergie, en particulier de l’essence et du gaz naturel, sont les principaux facteurs de l’accélération. Cependant, l’augmentation des prix a été atténuée par la pression à la baisse soutenue exercée sur les prix des produits touchés par le congé de TPS/TVH instauré en décembre. Les prix des aliments, notamment, étaient en baisse de 0,6 % sur un an en janvier. C’était leur première baisse depuis mai 2017. Elle est surtout attribuable à la nette diminution des prix des aliments achetés au restaurant, en chute de 5,1 %.
L’IPC a augmenté de 0,1 % en janvier, après avoir baissé de 0,4 % en décembre. Il a aussi augmenté de 0,1 % sur une base mensuelle désaisonnalisée.
Par rapport à un an plus tôt, les prix de l’énergie étaient en hausse de 5,3 % en janvier, contre 1,0 % en décembre. Pour l’essence, l’augmentation annuelle de prix s’élevait à 8,6 % en janvier, contre 3,5 % en décembre. Au Manitoba, l’essence a même augmenté de 25,9 % en raison de la remise en vigueur de la taxe provinciale sur l’essence – à un taux réduit – après sa suspension de janvier à décembre 2024.
Par ailleurs, les prix des véhicules automobiles neufs ont augmenté de 2,3 % d’une année à l’autre en janvier, après avoir progressé de 0,9 % en décembre. Les prix des véhicules automobiles d’occasion ont par contre continué de diminuer d’une année à l’autre en janvier (-3,4 %), mais de façon moins prononcée qu’en décembre (-4,1 %). Il s’agit du 13e mois consécutif de baisse des prix des véhicules automobiles d’occasion d’une année à l’autre.
En janvier 2025, les prix des aliments achetés en restaurant ont baissé 5,1 % d’une année à l’autre. Voilà qui est plus du triple de la baisse record précédente enregistrée en décembre 2024 (-1,6 %)
Les Canadiens ont aussi bénéficié de prix réduits pour les boissons alcoolisées achetées en magasin : ils ont diminué de 3,6 % en janvier 2025 par rapport à un an plus tôt, après avoir reculé de 1,3 % en décembre.
Les prix des jouets, jeux (excluant les jeux vidéo) et matériel pour passe-temps ont diminué de 6,8 % d’une année à l’autre en janvier, après avoir reculé de 7,2 % en décembre.
En excluant les changements aux taxes indirectes, l’inflation a augmenté sensiblement, atteignant 2,6 %, contre 2,2 % le mois précédent et 1,5 % en septembre, son minimum récent. La situation est semblable pour l’inflation sous-jacente. Les mesures principales de la Banque du Canada ont augmenté de 0,2 % pour le mois (données désaisonnalisées). L’inflation tronquée et l’inflation médiane ont toutes deux atteint 2,7 % sur un an (contre 2,5 % et 2,6 %, respectivement). Pour les trois derniers mois, les deux ont augmenté à un peu plus de 3 % sur un an, soit légèrement plus que ne le souhaite la Banque. Son ancienne mesure IPCX de l’inflation sous-jacente, qui exclut huit articles volatils et les taxes de vente, a atteint 2,1 % sur un an, ce qui est encore modéré. L’étendue des augmentations de prix supérieures à 3 % est près de la normale.
Fait plus important, bien que moins spectaculaire, l’inflation des prix du logement continuent de diminuer graduellement. Les loyers ont vu leur première baisse mensuelle en plus de deux ans (-0,1 %), ramenant l’augmentation annuelle à 6,3 % (contre 7,1 % le mois passé et le sommet de 9 % du printemps dernier). Les coûts des intérêts hypothécaires étaient à 10,2 % de hausse annuelle, contre 11,7 % en décembre et plus de 30 % en 2023. Par contre, les prix de nombreux services public ont grimpé.
En somme
Les opérateurs en swaps à un jour ont réduit leurs attentes d’une réduction d’un quart de point de pourcentage lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada, le 12 mars. Ils en estiment maintenant la probabilité à un peu plus d’une chance sur trois, au lieu d’une chance sur deux la semaine passée.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a réussi à maîtriser l’inflation. Cependant, la guerre tarifaire en vue entre les États-Unis et le Canada pose une nouvelle menace pour ses efforts visant à maintenir la stabilité des prix.
Les décideurs ont ralenti le rythme des réductions de taux en janvier, après avoir baissé les coûts d’emprunt décisivement l’année passée. Leur orientation future reste incertaine. Le président américain Donald Trump a indiqué son intention d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les biens canadiens en mars, et le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau a promis des représailles. Une guerre tarifaire amènerait sans doute la banque centrale à réviser sa stratégie de réduction de taux, afin de préparer l’économie aux répercussions potentielles de tarifs douaniers sur les prix à la consommation.
La banque centrale prendra sa prochaine décision sur le taux directeur le 12 mars. Les économistes sont partagés : certains prévoient de nouvelles réductions, alors que d’autres s’attendent à une pause face à des incertitudes croissantes. Le gouverneur Tiff Macklem a exprimé une volonté de stimuler la croissance économique, et il s’attend à ce que l’inflation reste près de la cible de 2 % dans les prochains mois, sous réserve des fluctuations dans les prix mondiaux de l’énergie. Actuellement, une nouvelle baisse de 25 points de base semble probable en mars.