Publié par Sherry Cooper
La faiblesse du rapport d’avril sur l’emploi reflète le confinement au Canada.
La relance de l’emploi au Canada est entravée par les restrictions liées à la troisième vague du virus
Statistique Canada vient de publier l’édition d’avril 2021 de l’Enquête sur la population active, révélant une nette détérioration du marché de l’emploi dans la foulée des mesures de confinement liées à la troisième vague de COVID. L’emploi a diminué de 207 100 (-1,1 %) en avril, et le taux de chômage a augmenté de 0,6 point de pourcentage pour atteindre 8,1 %.
L’emploi a baissé aussi bien dans le travail à temps plein (-129 000; -0,8 %) que dans le travail à temps partiel (-78 000; -2,3 %). Le nombre de personnes qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a augmenté de 288 000 (+27,2 %).
Le nombre de Canadiens travaillant à domicile a augmenté de 100 000 pour atteindre 5,1 millions.
Le total des heures travaillées a reculé de 2,7 % en avril, surtout en raison des baisses enregistrées dans les services d’enseignement, dans les services d’hébergement et de restauration ainsi que dans le commerce de détail.
Le taux de sous-utilisation de la main-d’œuvre, qui saisit l’ensemble des personnes qui veulent travailler et qui sont disponibles pour travailler, a augmenté de 2,3 points de pourcentage pour atteindre 17,0 % en avril.
Le nombre de Canadiens au chômage depuis 27 semaines ou plus – les chômeurs de longue durée – a augmenté pour atteindre 486 000. Ce groupe pourrait bien être celui qui souffrira le plus de la pandémie, sur les plans des perspectives d’emploi et des compétences.
Les plus grandes victimes, par secteur
En avril, l’emploi a diminué dans plusieurs secteurs touchés directement par les restrictions de santé publique, à savoir le commerce de détail (-84 000), les services d’hébergement et de restauration (-59 000), ainsi que l’information, la culture et les loisirs (-26 000).
Les services d’hébergement et de restauration sont à l’origine de plus des deux tiers (70,9 %) de l’écart global de l’emploi (-503 000) par rapport à février 2020.
L’emploi a augmenté dans les administrations publiques (+15 000), dans les services professionnels, scientifiques et techniques (+15 000) et dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail (+15 000), trois secteurs dans lesquels de nombreuses activités peuvent être exécutées à distance.
L’emploi dans le secteur des biens a peu varié en avril.
Moins de personnes au travail en Ontario et en Colombie-Britannique
Après avoir enregistré des hausses au cours des deux mois précédents, l’emploi en Ontario a reculé de 153 000 (-2,1 %) en avril.
L’emploi en Colombie-Britannique a diminué de 43 000 (-1,6 %) en avril. Il s’agit du premier recul depuis les fortes baisses de l’emploi survenues en mars et en avril 2020.
L’emploi a augmenté en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick, tandis qu’il a peu varié dans les autres provinces.
En somme
Les restrictions de la troisième vague ont sapé l’emploi au Canada en avril, largement tel que prévu. Cependant, contrairement à la baisse limitée de l’emploi lors de la deuxième vague, la nouvelle chute touche davantage l’ensemble de l’économie, et cette fois-ci, les emplois à temps plein ont également été touchés. Fait à noter, le taux d’emploi (59,6 %) reste non moins de 1 point au-dessus du niveau de janvier. Le taux de participation est aussi plus élevé que lors de la deuxième vague, s’établissant à 64,9 % (ce qui est néanmoins un peu moins que les 65,5 % d’avant la pandémie).
Comme à l’issue de vagues précédentes de propagation du virus, l’emploi rebondira lorsque le gouvernement allégera les mesures de confinement. Le moment tant attendu approche, puisque les taux de vaccination grimpent graduellement. Entre-temps, les programmes gouvernementaux d’appui à ceux qui sont privés de leur travail restent en place et aident à limiter la baisse du pouvoir d’achat des ménages.
L’économie du Canada reste à environ un demi-million d’emplois de moins qu’avant la pandémie. Le dollar canadien a augmenté jusqu’à 0,8236 $US après la publication du rapport. Le rendement sur les obligations du Canada à 5 ans a baissé légèrement, à 0,894 %, soit un peu moins qu’en fin de journée jeudi.
Le département du Travail des États-Unis a aussi publié des données sur l’emploi vendredi, et elles étaient encore plus décevantes. Le nombre d’emplois aux États-Unis a augmenté de seulement 266 000, alors que les prévisions s’élevaient à 1 million.