Publié par Sherry Cooper
La croissance du PIB réel canadien au T2 surpasse un peu les attentes, mais le PIB réel par habitant baisse pour un cinquième trimestre consécutif.
Bonne croissance du PIB canadien au T2 grâce à une augmentation record de la population, mais ralentissement en juin et juillet
L’économie canadienne a progressé un peu plus que prévu au deuxième trimestre, mais une baisse du produit intérieur brut par habitant et un ralentissement de la consommation des ménages font que la Banque du Canada réduira certainement les taux d’intérêt pour une troisième réunion de suite la semaine prochaine.
Le PIB canadien a augmenté de 2,1 % (taux annuel) au deuxième trimestre, soit davantage que la prévision médiane de 1,8 % des économistes sondés par Bloomberg et davantage que les 1,5 % prévus par la Banque du Canada. La croissance au T1 a été révisée à la hausse d’un dixième de point, à 1,8 %. Au T2, la croissance était la plus forte depuis le premier trimestre de 2023, stimulée par la forte hausse de la population. Le Canada a gagné 1,3 million d’habitants l’année passée, atteignant les 40,8 millions, selon Statistique Canada. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle depuis 1957. Les programmes d’immigration canadiens figurent parmi les plus ambitieux du monde, alors que le gouvernement Trudeau subit des pressions croissantes pour ralentir les futures arrivées.
Avec un taux annuel de 3,2 %, le Canada figure maintenant parmi les pays à la plus forte croissance démographique. Il est devancé seulement par quelques nations africaines ayant des taux de fertilité élevés. En 2022, la population avait augmenté de 2,7 % ou 1,1 million d’habitants, ce qui était déjà un record.
D’après Bloomberg News : « Les naissances nettes ne représentent que 2,4 % sur les augmentations de l’année passée, le reste étant attribuable à la migration internationale, principalement de résidents non permanents tels qu’étudiants et travailleurs étrangers. Sans l’immigration temporaire, la population du Canada aurait augmenté de seulement 1,2 %. »
La pression politique augmente pour que le gouvernement réduise l’arrivée de résidents temporaires dans les quelques prochaines années, mais la Banque du Canada a récemment revu à la hausse les prévisions du gouvernement fédéral concernant la croissance démographique de cette année et de l’année prochaine.
L’économie canadienne a profité de la forte augmentation de la population, mais celle-ci entraîne des pressions sur l’infrastructure et les services, une augmentation des pénuries de logements et une forte hausse des loyers. Par crainte d’une baisse du niveau de vie, le gouvernement a réduit ses cibles d’immigration. Les économies avancées qui comptent sur les nouveaux venus pour éviter un déclin économique feront bien d’en prendre note.
La croissance de 2,1 % du PIB réel au T2 – contre 1,8 % au T1 – reflète une hausse des dépenses des administrations publiques, des investissements des entreprises en structures non résidentielles (principalement dans le secteur des hydrocarbures) et en machines et matériel et des dépenses des ménages en services. La croissance a été limitée par des baisses dans les exportations, la construction résidentielle et les dépenses des ménages en biens. Au deuxième trimestre, la croissance de la population a été supérieure à la hausse des dépenses des ménages. Par conséquent, les dépenses des ménages par habitant ont reculé de 0,4 % après avoir progressé de 0,3 % au premier trimestre. Le PIB par habitant a reculé pour un cinquième trimestre consécutif.
Malgré les programmes fédéraux et provinciaux de stimulation, la construction résidentielle a baissé, comme elle l’a fait dans huit des neuf derniers trimestres. L’investissement immobilier a diminué de 1,9 % au T2, ce qui représente la plus forte baisse depuis le premier trimestre de 2023. La diminution observée au deuxième trimestre de 2024 est principalement attribuable au recul de l’investissement en nouvelles constructions (-1,6 %), sous l’effet de la baisse des travaux de mise en place pour les logements unifamiliaux et les appartements, surtout en Ontario. L’investissement en rénovations a diminué de 2,6 % et les coûts de transfert de propriété, lesquels représentent le marché de la revente, ont reculé de 1,1 %, principalement en raison de la baisse des activités en Ontario.
Les mises à jour mensuelles sur le PIB, également publiées aujourd’hui, indiquent que les résultats relativement forts du printemps ont été suivis par des données plus faibles à l’été. Le mois de juin a été particulièrement calme, et il semble qu’il en ira de même en juillet. Les premières estimations de juillet provoquent une évidente déception, puisqu’il y avait des signes d’une augmentation de l’activité le mois passé. Elles jettent aussi un doute sur la prévision de la Banque du Canada, qui voyait une croissance de 2,8 % au trimestre en cours, soit davantage que selon le consensus des économistes.
En somme
Ces données économiques sont les dernières d’importance à être publiées avant la prochaine réunion de la Banque du Canada, le 4 septembre. Les opérateurs sur les marchés à un jour estiment que la probabilité d’une réduction de taux d’intérêt lors de la réunion de la semaine prochaine est d’environ 98 %. Aux États-Unis, l’inflation des dépenses de consommation personnelle de base, indice que privilégie la Réserve fédérale pour juger de l’inflation pour les consommateurs, a été faible. En conséquence, la Réserve fédérale décrétera sans doute sa première réduction de taux d’intérêt lors de sa réunion de ce mois-ci. Certains spéculent qu’elle pourrait réduire les taux de plus d’un quart de point.
La Banque du Canada a toutes les raisons de continuer d’assouplir la politique monétaire à chacune de ses réunions cette année : le 4 septembre, le 23 octobre et le 11 décembre. Elle n’arrêtera pas avant que le taux à un jour, qui est aujourd’hui à 4,25 %, ne baisse à 2,75 %. Ce sera probablement au deuxième semestre de l’année prochaine. L’activité sur le marché de l’habitation en sera stimulée.