Publié par Sherry Cooper
La Banque du Canada réduit le taux à un jour de 25 pb.
La Banque du Canada réduit le taux directeur de 25 pb
La Banque du Canada a abaissé le taux à un jour de 25 points de base (pb) ce matin, ramenant le taux directeur à 3,0 %. Le marché avait escompté une probabilité de presque 98 % pour cette réduction de 25 pb, et le consensus concordait avec cette attente. La Réserve fédérale américaine doit aussi annoncer sa décision sur les taux cet après-midi; selon toute attente, elle maintiendra sa politique actuelle. Par conséquent, l’écart entre le taux des fonds fédéraux américains et le taux à un jour de la Banque du Canada atteindra 150 pb. La différence dans les politiques est largement attribuée à une croissance et une inflation plus fortes aux États-Unis qu’au Canada. Les taux d’intérêt relativement bas du Canada ont nui au dollar canadien, qui a baissé à 69,2 cents par rapport au dollar américain. Par ailleurs, les prix pétroliers ont chuté de 5 $, à 73,61 $US.
La Banque du Canada a aussi annoncé son plan pour achever la normalisation de son bilan, mettant fin au resserrement quantitatif. Elle recommencera à acheter des actifs au début de mars, d’abord de manière graduelle afin que son bilan se stabilise, puis se mette ensuite à croître modestement, au rythme de la croissance de l’économie.
Une incertitude plus élevée que d’habitude entoure les projections présentées dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) de janvier, publié aujourd’hui, étant donné l’évolution rapide des politiques publiques et les droits de douane que pourrait imposer la nouvelle administration américaine. La portée et la durée d’un conflit commercial potentiel étant inconnus, la prévision de référence fournie dans le RPM a été établie sans tenir compte de nouveaux droits de douane.
Selon les projections du RPM, la croissance de l’économie mondiale devrait être d’environ 3 % au cours des deux prochaines années. L’expansion prévue de l’économie américaine a été revue à la hausse, surtout en raison d’une plus forte consommation. Dans la zone euro toutefois, la croissance restera probablement modérée, la région subissant des pressions concurrentielles. En Chine, les récentes mesures de politique publique devraient stimuler la demande et soutenir la croissance à court terme, même si des défis structurels demeurent. Depuis octobre, les conditions financières ont divergé entre les pays, le rendement des obligations américaines augmentant par suite d’une forte croissance et d’une inflation persistante, alors que les rendements ont baissé légèrement au Canada.
« Au Canada, les baisses passées de taux d’intérêt ont commencé à stimuler l’économie, lit-on dans un communiqué de la Banque du Canada. Le récent renforcement de la consommation et de l’activité sur le marché du logement devrait se poursuivre. Toutefois, les investissements des entreprises demeurent faibles. Les perspectives en ce qui a trait aux exportations sont soutenues par les nouvelles capacités d’exportation de pétrole et de gaz.
« Les conditions du marché canadien du travail restent détendues, le taux de chômage s’étant établi à 6,7 % en décembre. La croissance de l’emploi s’est raffermie ces derniers mois, après [une longue période de stagnation de la population active]. Les pressions sur les salaires, qui se sont avérées tenaces, montrent certains signes d’atténuation. »
La Banque du Canada prévoit un renforcement de la croissance du PIB en 2025. Cependant, étant donné la plus lente expansion démographique attribuable à la réduction des cibles d’immigration, la croissance du PIB et la croissance potentielle seront plus modérées qu’escompté en octobre. La Banque prévoit maintenant qu’après avoir affiché une progression de 1,3 % en 2024, le PIB croîtra de 1,8 % en 2025 et en 2026, ce qui est un peu supérieur à la croissance potentielle. Ainsi, l’offre excédentaire dans l’économie devrait se résorber graduellement sur l’horizon de projection.
L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) reste près de la cible de 2 %, affichant toutefois de la volatilité en raison de la suspension temporaire de la TPS/TVH sur certains produits de consommation. L’inflation des frais de logement demeure élevée, mais diminue graduellement, comme prévu. Une vaste gamme d’indicateurs, y compris les résultats des enquêtes sur les attentes d’inflation et la distribution des variations de prix parmi les composantes de l’IPC, donnent à penser que l’inflation sous-jacente est près de la cible de 2 %. La Banque prévoit que l’inflation de l’IPC restera proche de la cible au cours des deux prochaines années.
Hormis les éventuels droits de douane américains, les risques à la hausse et à la baisse entourant les perspectives sont raisonnablement équilibrés. Toutefois, comme il est indiqué dans le RPM, un conflit commercial prolongé entraînerait fort probablement une baisse de la croissance du PIB et une hausse des prix au Canada.
L’inflation se situant autour de 2 % et l’économie étant en situation d’offre excédentaire, le Conseil de direction a décidé d’abaisser de nouveau le taux directeur de 25 pb, à 3 %. La réduction cumulative du taux depuis juin est substantielle (200 pb). Les taux d’intérêt plus bas devraient stimuler les dépenses des ménages et, selon les perspectives publiées aujourd’hui, l’économie se renforcera graduellement alors que l’inflation demeurera près de la cible. Cependant, si des droits de douane élevés et généralisés étaient imposés, la résilience de l’économie canadienne pourrait être mise à l’épreuve. La Banque suivra de près l’évolution de la situation et évaluera les implications pour l’activité économique, l’inflation et la politique monétaire au Canada. La Banque tient à maintenir la stabilité des prix pour la population canadienne.
En somme
La banque centrale a cessé de donner des indications sur les ajustements futurs des coûts d’emprunt, la menace de droits de douane du président américain Donald Trump obscurcissant les perspectives.
Les obligations ont grimpé en flèche, le marché absorbant la décision de la banque centrale de ne pas donner d’indices sur l’évolution possible des taux d’intérêt. Le rendement des obligations de deux ans au Canada a perdu environ 4 pb, à 2,79 %, le niveau le plus faible depuis 2022. Le dollar canadien en est resté sur ses pertes du jour contre le dollar américain.
Dans une allocution, le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem a dit que « la politique monétaire a permis de rétablir la stabilité des prix », mais qu’« un conflit commercial durable et généralisé causerait beaucoup de tort à l’activité économique au Canada ». Et d’ajouter, « les coûts plus élevés des biens importés exerceraient une pression à la hausse directe sur l’inflation ».
Macklem note aussi que « nous ne pouvons pas contrer une production plus basse et une inflation plus élevée en même temps avec comme seul instrument de politique monétaire le taux directeur ». Cela étant, dit-il, la banque centrale devra « évaluer avec soin » les pressions à la baisse sur l’inflation et les soupeser au regard des pressions à la hausse sur l’inflation attribuables « aux prix plus élevés des intrants et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement ».
Dans le nouveau Rapport sur la politique monétaire, la banque centrale révise à la baisse sa prévision de croissance économique en 2025 en raison des cibles d’immigration réduites du gouvernement fédéral. La Banque prévoit que l’économie croîtra de 1,8 % en 2025 et 2026, au lieu des 2,1 et 2,3 % des projections précédentes. Elle a baissé ses estimations des investissements des entreprises et des exportations, mais les a augmentées pour la consommation.
La Banque estime que la divergence des taux d’intérêt avec la Réserve fédérale explique environ 1 % de la dépréciation du dollar canadien depuis octobre.
Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada continue de réduire le taux directeur à coups de 25 pb, jusqu’à atteindre 2,5 % ce printemps – ce qui continuerait de renforcer le marché canadien de l’habitation.