Publié par Sherry Cooper
La Banque du Canada prévoit maintenir la stabilité des taux à un jour jusqu’en 2023.
La Banque du Canada vient de publier son Rapport sur la politique monétaire (RPM) de janvier, indiquant qu’elle prévoit maintenir son taux cible à un jour à sa valeur plancher effective de 0,25 % jusqu’en 2023 (voir le graphique ci-dessous). Pour renforcer cet engagement et garder les taux d’intérêt bas sur toute la courbe de rendement, la Banque poursuivra son programme d’assouplissement quantitatif – achetant pour 4 milliards de dollars d’obligation du gouvernement du Canada chaque semaine jusqu’à ce que la reprise soit bien amorcée. La banque centrale indique qu’elle pourrait réduire ses achats une fois que la relance sera assurée.
Selon un communiqué de la Banque : « Le Conseil de direction maintiendra le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable. Selon notre projection, cela ne se produira qu’au cours de 2023. » Les responsables sont apparemment optimistes quant aux perspectives de l’économie une fois que le vaccin sera suffisamment disponible et administré. Rien n’indique qu’ils envisagent des mesures supplémentaires pour assouplir la politique monétaire.
Voilà qui est important pour deux raisons : 1) certains économistes ont supputé que la Banque réduirait le taux à un jour de 10 à 15 points de base pour aider à atténuer les répercussions de mesures de confinement persistantes et élargies; et 2) d’autres pensaient que la mise au point rapide du vaccin entraînerait une croissance suffisante pour justifier une hausse des taux en 2022. Selon la Banque, ni l’un ni l’autre de ces scénarios n’est vraisemblable. Pourquoi finasser avec une infime réduction de taux d’intérêt qui sont déjà au plus bas niveau alors que les prêts hypothécaires restent forts? La lenteur de la distribution du vaccin et l’accélération de la deuxième vague de cas font que l’activité économique restera faible au Canada au moins jusqu’au deuxième semestre de cette année.
En outre, l’inflation reste étonnamment faible. Dans un autre communiqué, Statistique Canada a révélé que contre toute attente, les pressions sur les prix au Canada ont baissé en décembre alors qu’une nouvelle série de mesures de confinement étaient prises au pays. Après avoir grimpé en novembre à leur plus haut niveau depuis le début de la pandémie, les dernières données indiquent que les pressions restent bien en deçà de la cible de 2 % de la Banque du Canada. La situation conforte le point de vue des responsables des politiques, voulant que l’inflation restera faible pendant un certain temps.
La deuxième vague de la pandémie a touché très durement le Canada, et la distribution du vaccin a été décevante (voir le graphique ci-dessous). Le RPM prévoit que l’économie se contractera au premier trimestre de l’année. La faiblesse de l’économie pourrait être exacerbée par la vigueur du dollar canadien, qui a dépassé les 0,79 $ US après la dernière annonce de la Banque du Canada. Les rendements sur 10 ans ont également connu une modeste hausse.
En somme
Une croissance économique d’environ 4 % est prévue en 2021, alors qu’il y a eu une contraction de -5,5 % l’année passée. À mesure que la population sera inoculée, la Banque prévoit une accélération de la croissance, jusqu’à presque 5 % en 2022, puis un rythme plus normal de 2,5 % en 2023. Selon le RPM de janvier : « Les perspectives à moyen terme sont plus encourageantes que dans le Rapport d’octobre en raison de l’effet positif des vaccins, des mesures de relance budgétaire accrues, de la demande étrangère plus forte et des prix plus élevés des produits de base. Parallèlement, la production potentielle a aussi été revue à la hausse compte tenu de l’amélioration de la projection entourant les investissements des entreprises, et des séquelles qui seront ainsi moins importantes sur les entreprises et les travailleurs. Une incertitude considérable entoure les perspectives de croissance du PIB à moyen terme ainsi que la trajectoire de la production potentielle. Par conséquent, même si on s’attend à ce que l’écart de production se résorbe en 2023, l’incertitude quant au moment où cela aura lieu est grande. »
En ce qui concerne l’activité sur le marché de l’habitation, le rapport fait ce constat : « La demande de logements a continué d’être résiliente malgré l’augmentation des cas d’infection et le resserrement des restrictions. L’activité dans le secteur du logement devrait rester vigoureuse au début de 2021, soutenue par les taux d’emprunt bas et la résilience du revenu disponible. Des changements dans les préférences des acheteurs d’habitation ont aussi joué un rôle. À titre d’exemple, la croissance des prix a été plus forte pour les maisons unifamiliales et dans les régions à l’extérieur des centres urbains (voir le graphique ci-dessous). »