Publié par Sherry Cooper
La Banque du Canada maintient les taux tels quels pour la sixième réunion de suite.
La Banque du Canada est prudente, mais une réduction de taux est possible en juin
Aujourd’hui, la Banque du Canada a maintenu le taux à un jour à 5 % à l’issue d’une sixième réunion de suite, et s’est engagée à continuer de normaliser son bilan. Le gouverneur Tiff Macklem a confirmé que l’inflation va dans le bon sens, que les marchés du travail se calment et que les pressions salariales semblent se dissiper. Dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril, publié aujourd’hui, les analystes baissent leur prévision de l’inflation en 2024, à 2,6 % au lieu de 2,8 %. Cependant, le Conseil de direction attend d’autres données l’assurant que la tendance baissière de l’inflation est durable.
Pendant ce temps aux États-Unis, les données d’aujourd’hui sur l’inflation en mars révèlent que l’inflation a dépassé les prévisions pour un troisième mois de suite, et les données sur l’emploi ont aussi surpassé les estimations. Voilà qui est tout différent des nouvelles d’une inflation plus faible que prévu et d’une détente des marchés du travail au Canada. L’économie canadienne est nettement plus sensible aux taux d’intérêt que ne l’est l’économie américaine, parce que les termes hypothécaires sont bien plus courts. Plus de 60 % des prêts hypothécaires seront à renouveler dans les deux à trois années à venir, et les mensualités augmenteront. Le processus est déjà en cours.
L’économie canadienne a ralenti à la fin de l’année passée, mais les données plus récentes indiquent une remontée au premier trimestre. La Banque a rehaussé sa prévision de la croissance du PIB pour le premier semestre de 2024, mais l’a réduite pour l’année prochaine. La Banque s’attend à ce que l’inflation revienne à sa cible de 2 % en 2025.
En somme
La déclaration d’ouverture du gouverneur Macklem à la conférence de presse d’aujourd’hui était plus sereine que les mois passés au sujet de l’inflation. « Les données correspondent à ce que nous voulons voir, mais nous voulons voir le mouvement se poursuivre pour être certains que les progrès vers la stabilité des prix vont durer », disait-il dans son texte. Si les choses évoluent comme le prévoit le RPM d’aujourd’hui, les décideurs commenceront sans doute à réduire le taux à un jour en juin.
Il reste que le gouverneur Macklem a qualifié la nouvelle baisse de l’inflation de « très récente », ajoutant que « nous voulons être sûrs que ce n’est pas juste une baisse temporaire ».
« Bien que l’inflation reste trop élevée et que des risques demeurent, l’inflation mesurée par l’IPC et l’inflation fondamentale ont encore diminué ces derniers mois », disent des responsables dans la déclaration.
La prochaine décision sera prise le 5 juin, et les opérateurs en swaps à un jour estiment maintenant qu’il y a une chance sur deux de voir une réduction de 25 points de base à cette réunion, au lieu de deux chances sur trois avant la décision d’aujourd’hui. Une réduction de taux en juillet est pleinement escomptée.
Nous en saurons plus mardi, lorsque les données sur l’inflation en mars seront publiées (et le budget fédéral sera connu). L’inflation en avril sera connue le 21 mai. Comme l’indique le graphique ci-dessous, les données sur l’inflation au Canada s’approchent rapidement de la cible de 2 %, devançant nettement les États-Unis. Cependant, on ne peut exclure des contre-temps. Par exemple, les prix de l’essence ont grimpé depuis le début de février. Il reste que la proportion des éléments de l’IPC progressant de moins de 1 % est en augmentation, et la proportion de ceux progressant de plus de 3 % est en chute.