Publié par Sherry Cooper
La Banque du Canada maintient le taux directeur à un jour à 5 %.
La Banque du Canada maintient les taux tels quels, reconnaissant le ralentissement économique
Après la publication vendredi dernier de données anémiques sur le PIB au deuxième trimestre, il était évident que la Banque du Canada éviterait de hausser les taux à sa réunion d’aujourd’hui. L’activité économique a baissé de 0,2 % au T2; l’estimation de la croissance au T1 a été baissée, de 3,1 % à 2,6 %.
« L’économie canadienne est entrée dans une période de plus faible croissance, nécessaire pour réduire les pressions sur les prix, lit-on dans le communiqué d’aujourd’hui. [La baisse de la production au T2] reflète une baisse marquée de la croissance de la consommation et un recul de l’activité dans le secteur du logement, de même que les répercussions des feux de forêt dans de nombreuses régions du pays. La progression du crédit aux ménages a ralenti, puisque les taux d’intérêt plus élevés ont eu comme effet de réduire les dépenses d’un plus vaste éventail d’emprunteurs. La demande intérieure finale a monté de 1 % au deuxième trimestre, soutenue par les dépenses publiques et une poussée des investissements des entreprises. Les tensions sur le marché du travail ont continué à se relâcher graduellement. Cependant, la croissance des salaires est restée autour de 4 à 5 %. »
Il ne s’agirait pas de compter sur une politique monétaire plus circonspecte, la banque centrale prévenant que le Conseil de direction reste déterminé à rétablir la stabilité des prix.
Les pressions inflationnistes demeurent généralisées. L’inflation de l’IPC a grimpé à 3,3 %, après avoir baissé à 2,8 % en juin. Une bonne part de la hausse de juillet est attribuable à l’effet de base statistique. Il reste que les indicateurs actuels d’inflation sont préoccupants. La hausse des prix de l’essence en août fera bientôt grimper l’inflation avant qu’elle ne s’allège de nouveau. « Les mesures de l’inflation fondamentale sur un an et sur trois mois avoisinent maintenant 3,5 %, ce qui indique qu’il n’y a presque pas eu de mouvement à la baisse de l’inflation sous-jacente récemment. Plus la forte inflation dure, plus elle risque de s’enraciner et plus il devient difficile de rétablir la stabilité des prix. »
La Banque continue par ailleurs de normaliser son bilan en ne remplaçant pas les obligations arrivant à échéance. Cette mesure de resserrement quantitatif maintient la pression à la hausse des taux d’intérêt à plus long terme.
Tiff Macklem et son entourage concèdent que la demande excédentaire diminue et que les marchés du travail se détendent. Le taux de chômage a grimpé à 5,5 % en juillet, contre le creux de 4,9 % pour le cycle, et le nombre de postes vacants continue de baisser. Les exportations nettes ont ralenti, et l’économie chinoise s’est fortement affaiblie. Les consommateurs se serrent la ceinture, le taux d’épargne ayant augmenté et les dépenses des ménages ayant nettement baissé au T1.
Les mesures au titre de la politique monétaire produisent un effet sur l’économie avec un décalage dans le temps. À mesure qu’augmentera le nombre de prêts hypothécaires renouvelés, avec un sommet qui sera atteint en 2026, l’effet économique des taux d’intérêt majorés augmentera. Les propriétaires renouvelant leur prêt hypothécaire cette année voient leur taux d’intérêt doubler, plus ou moins.
Le Conseil de direction sera attentif à l’évolution de la demande excédentaire, des attentes d’inflation, de la croissance des salaires et des décisions des entreprises au sujet de leurs prix.
En somme
La Banque du Canada est indépendante, mais elle subit de plus en plus de pressions politiques. Fait inusité, les premiers ministres de la Colombie-Britannique et de l’Ontario ont publiquement demandé que cessent les hausses de taux d’intérêt. Quoi qu’il en soit, la Banque du Canada reste déterminée à éviter une remontée des obligations qui pourrait entraîner une nouvelle hausse sur le marché de l’habitation comme on en a vu en avril dernier. Le rendement des obligations du Canada reste tout juste sous les 5 %, ayant franchi ce niveau récemment après la publication de solides données sur l’économie américaine.
Il y aura encore deux réunions avant la fin de l’année. Nombreux sont ceux qui prévoient une nouvelle hausse de taux à l’une ou l’autre de ces réunions, mais cela ne semble pas être le plus probable, vu la tendance baissière de l’économie.
D’ici la prochaine décision de la banque centrale, le 25 octobre, il y aura deux rapports sur l’emploi, des données sur l’inflation et les ventes au détail, les chiffres du produit intérieur brut de juillet et une estimation de ces chiffres pour le mois d’août.